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" Notre paysage naturel est une chance et ce projet va le ruiner "

Par . . , Mise à jour le 24/09/2023 à 06:00

Réunis pour le festival "Révolte et vous", les militants de la Lutte des sucs et de nombreuses organisations engagées dans la lutte contre le projet de RN88 sont mobilisés tout le week-end à proximité de la Pénide, à Saint-Hostien. 

Lieu symbolique de leur lutte contre la RN88, la Pénide, à Saint-Hostien, se situe au milieu du tracé établi, sur des terres agricoles exploitables. 

Stéphanie, militante de la lutte des sucs et membre du collectif depuis trois ans mais aussi Pertuisienne, précise : " Les propriétaires, expropriés depuis de nombreuses années, ont un contrat jusqu’au 30 septembre pour leur exploitation. Nous sommes le 23 et nous ne savons pas ce qu’il adviendra après ça. Ce qui est sûr, c’est que des terres vont être prises à des paysans qui vont être complètement dépouillées. Au total 110 hectares de terres agricoles vont être détruites pour la construction de la route. C’est énorme en Haute-Loire. "

C’est un festival revendicatif mais aussi festif et culturel, avec notamment des concerts, des spectacles, des conférences, des projections documentaires, etc.

La lutte des sucs fait d'ailleurs également partie d’un collectif nommé "La déroute des routes", dont la saison démarrait avec cet évènement. Le prochain aura lieu début octobre pour lutter contre l’A69 entre Toulouse et Castres. C’est donc un projet global contre la construction de nouvelles autoroutes, mais il y a aussi d’autres associations présentes comme Les paysans solidaires, RAFAHL et beaucoup d’autres.

"Cette solution n’est pas la meilleure pour le transport en Haute-Loire"

Entre 1997 et 2007, le projet était porté par l’État puis est abandonné pour différentes raisons dont son coût environnemental et financier. En 2017, Laurent Wauquiez nouvellement élu président de la Région, reprend le projet, dix ans après l’abandon du projet, et autant d’années après que la DUP (déclaration d’utilité publique) ait été terminée. Une date importante puisqu’elle devait être, pour ceux qui avaient été expropriés ,celle d’une possible rétrocession de leurs terrains.

La Région devient alors maitre d’oeuvre de ce projet, qu’elle va financer puis redonner à l’État qui gère l’ensemble des routes nationales. L’État fait donc des économies puisque ce sont les contribuables de la Région qui financent la route.

Quelques années plus tard, en 2019, se lance réellement la mise en place du projet. " C’est pourquoi cela fait environ trois, quatre ans que nous sommes en lutte ", souligne la militante. 

Avant d'ajouter : " France nature environnement, avec SOS Loire vivante et l’association des usagers des transports d’Auvergne (Auta) ont alors porté un recours, disant que toutes les alternatives n’ont pas été envisagées et que cette solution n’est pas la meilleure pour le transport en Haute-Loire. Par exemple, aucune alternative sur les transports en commun n’a été prise en compte alors que nous savons que c’est un mode de transport d’avenir. "

"Il s’agit en fait d’un projet des années 1997, établi selon les données de ces années là, sans prendre en compte celles de 2020 ou 2023." Stéphanie, membre de la Lutte des sucs

" STOP ...
... RN88 " Photo par Clara Serrano

Des recours en justice

Les recours déposés en 2021 courent toujours. Ils n’ont pas encore été prononcés en raison du temps de la justice. " Cela risque de mettre encore un voir deux ans. Nous sommes persuadés que, sur le fond, nous allons gagner, comme dans beaucoup d’endroits. Mais en attendant, les travaux qui ont commencé sont illégaux et nous craignons qu’ils avancent davantage ", explique Stéphanie. 

Elle préfère d'ailleurs garder espoir et souligne : " Les gens qui voient l’avancée actuelle des travaux nous disent que le combat est perdu. Mais non ! Peut-être que 5 hectares seront foutus effectivement. Mais on en aura sauvé 185. On nous dit aussi que l’argent va être gaspillé si l’on arrête le projet. Mais non ! Si 5 millions d’euros sont dépensés, on en aura économisé 495.

Par ailleurs, pour un tel projet, la Lutte des sucs rappelle que des mesures de compensation sont obligatoires. " Celui-ci ne doit ainsi pas commencer tant qu’elles n’ont pas été trouvées. Ici, l’arrêté préfectoral de novembre 2020 a donné le droit de détruire, c’est à dire qu’il a donné le droit de débuter les travaux, même en l’absence de mesures compensatoires, sous condition qu’elles soient trouvées avant la fin. Or il n’y a pas d’espoir. Ils ne trouveront jamais 140 hectares dont 50 hectares en zone humide. "

Un non-sens écologique

" Nous ne sommes pas contre toutes les routes mais nous sommes contre ce projet, vieux d’une trentaine d’années. Il devait répondre à un besoin qui n’est plus si important aujourd’hui. " Stéphanie.

Selon l'organisation, de nombreuses autres solutions pourraient être meilleures que ce projet destructeur.

" Cela va selon moi abimer une ressource touristique très importante dans le département alors que l’on parle de plus en plus de tourisme vert. Notre paysage naturel est une chance et ce projet va la ruiner. On ne peut pas parler de tourisme vert quand une 2x2 voies traverse un tel paysage.

D'autres conséquences écologiques mais pas seulement sont également craintes.

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