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Après 20 ans de discussions, le barrage Poutès inauguré

Par . . , Mise à jour le 24/10/2022 à 18:00

C'est en 1941, que le barrage de Poutès a été mis en service. 50 ans plus tard, en 1991, l'édifice est accusé par certaines associations de protection de l'environnement de faire obstacle à la migration des saumons. S'en suivent de longues discussions pour trouver un terrain d'entente. Le 24 octobre 2022, le Nouveau Poutès a finalement été inauguré. 

Tous les élus, représentants de différentes associations du département, le préfet de la Haute-Loire et salariés d'EDF ont le sourire aux lèvres ce lundi 24 octobre sur le pont du barrage du Nouveau Poutès. Tous sont venus pour l'inauguration tant attendue. " C'est une vraie satisfaction. Nous sommes parvenus à trouver une solution qui concilie une production d'énergie renouvelable et la préservation de l'environnement", se félicite Sylvain Lecuna, délégué territorial d'EDF et chef de projet du Nouveau Poutès. Un barrage réalisé sur mesure en fonction de la situation particulière du lieu. " Le travail effectué ici mérite d'être démultiplié à l'avenir", assure-t-il. 

Sylvain Lecuna délégué territorial EDF et chef de projet du Nouveau Poutès.
Sylvain Lecuna délégué territorial EDF et chef de projet du Nouveau Poutès. Photo par Raphaëlle Simonnot

De 1991 à 2022 : des travaux controversés 

" Au départ, il y avait une situation conflictuelle entre ceux qui voulaient complètement araser le barrage et ceux qui voulaient le conserver en l'état", explique le chef de projet. C'est en 2009, après de longues discussions entre EDF, l'Etat et les associations de protection de l'environnement qu'une éventuelle solution émerge. Les deux principaux objectifs étaient de poursuivre la production d'énergie renouvelable mais aussi de permettre la migration des saumons. " Les jeunes poissons repartent vers la mer et empruntent donc cette rivière. On est au coeur des meilleures zones de frayères de l'Allier. Les adultes eux passent aussi par le barrage lors de la saison de la reproduction", poursuit-il. 

Le Nouveau Poutès reconfiguré 

Après de nombreuses études, il a finalement été décidé de réduire le Nouveau Poutès. L'édifice est passé de 17 mètres à 7 mètres de hauteur d'eau. Une reconfiguration qui diminuait également la taille de la tenue et permet ainsi aux jeunes poissons de trouver plus facilement la sortie. " Pour la montaison, des saumons adultes, on a imaginé une transparence. C'est à dire qu'à des périodes clés on efface complètement le petit barrage qui reste et le saumon peut circuler librement sans obstacle", indique Sylvain Lecuna. Durant ces cycles, aucune production électrique n'est réalisée à partir du barrage du Nouveau Poutès. Cette modification permet toutefois de conserver 85% de la production d'énergie renouvelable fournit par l'usine de Monistrol d'Allier. " Cette production reste importante car c'est l'équivalent en électricité d'une commune de 20 000 habitants comme par exemple au Puy-en-Velay", précise-t-il.

 

" L'usine basée à Monistrol d'Allier produit de l'électricité d'origine hydroélectrique et pour cela nous avons besoin d'eau", détaille Pierre-Louis Reynaud, responsable du groupement d'uisnes de Montpezat-sous-Bauzon.

Une équipe de 6 salariés, installée à Brives-Charensac, gère notamment l'exploitation du barrage de Poutès. Afin de produire de l'électricité, l'usine se source sur deux barrages : celui de Poutès sur l'Allier et deux autres sur l'Ance. L'eau est stockée puis acheminée par des grosses galeries jusqu'à l'usine située à quelques dizaines de kilomètres en contre bas. L'eau vient ensuite cogner une turbine ce qui permet la rotation d'une grosse pièce mécanique. L'énergie mécanique est ensuite transformée à l'aide d'une dynamo en énergie électrique. Le tout est ensuite envoyé dans le réseau électrique.

Photo par Raphaëlle Simonnot

 

"Le chapitre est enfin clos après 15 ans de réflexion

Depuis 30 ans, Roberto Epple, Président de l'association SOS Loire Vivante se bat pour la protection de la biodiversité présente sur le site. " C'est un chapitre enfin clos après 15 ans de combat puis 15 ans de co-construction", témoigne-t-il avec soulagement. Ce nouveau barrage libère l'accès aux saumons mais remobilise également les sédiments qui alimentent les rivières et sont nécessaires à leur équilibre naturel.  " Le plus dur a été au moment où nous avons commencé à discuter de convaincre tous les acteurs du bien fondé de notre demande. Aujourd'hui, il est reconnu dans les lois françaises et européennes, qu'une rivière doit être libre pour la vie piscicole et les sédiments. l'ancien barrage ne garantissait pas du tout cela", argumente le spécialiste.

"Nous avons réglé un gros problème avec ce barrage". R. Epple

L'association est partie prenante du comité de suivi du projet et participe au programme de surveillance qui permettront de s'assurer que tout fonctionne comme il se doit. " La diminution de la population des saumons s'explique par de nombreux facteurs mais nous avons toutefois régler un gros problème avec ce barrage. On peut maintenant espérer que dans 10 ans on aura 3,4 ou même 10 fois plus de saumons et ce sera un grand succès", espère Roberto Epple. 

Un projet qui aura coûté plus de 18 millions d'euros d'investissement dont 2,23 millions ont été financés par l'Agence de l'Eau et 0,558 millions d'euros par le fonds européen de développement régional. " On a commencé dès le mois d'avril 2022 à produire de l'énergie. Aujourd'hui, nous sommes sur la première transparence d'automne pour permettre aux saumons de remonter la rivière", conclut Sylvain Lecuna. 

 

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