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Val-Vert : les commerçants agacés quant aux "arrêts minutes"

Par Ombéline Empey… , Mise à jour le 21/07/2023 à 06:00

Des travaux vont bientôt débuter sur la place Eugène Pebellier, dans le quartier du Val-Vert au Puy-en-Velay. Objectif : moderniser et fleurir la place. Un chantier qui provoque le courroux des commerçants notamment depuis la réception d'une lettre de la mairie. Ils promettent un blocus si la situation n'évolue pas. La mairie du Puy s'explique et rassure.

Le 24 août prochain, des travaux vont commencer dans le quartier du Val-Vert.
En amont, lors de réunion publique, les commerçants avaient demandé des places de stationnement "arrêts minutes" supplémentaires à cet endroit. Cependant, ce mardi 18 juillet, le facteur a délivré un courrier de la mairie qui ne va pas dans leur sens.

La lettre qui met le feu aux poudres

Les commerçants rencontrés semblent encore être sous le choc à la lecture de cette lettre, qu'ils ont tous reçue. Sur cette dernière, on peut y lire : 

"Lors de votre dernière rencontre du 19 juin avec Monsieur le Maire, vous avez demandé d'étudier la possibilité d'ajouter 2 places de stationnement minutes sur la place E Pebellier. J'ai pris attache auprès de mes différents services et bureaux d'études pour étudier cette faisabilité. Après analyse, je suis au regret de vous annoncer que je ne pourrai pas accéder à votre requête pour des motifs d'ordres sécuritaire, juridique, financier et administratif.
J'ai bien conscience de votre préoccupation quant à la rotation des places de stationnements, aussi, je vous assure que nous trouverons ensemble la solution de gestion la plus opportune pour répondre à vos besoins.."

De plus, la partie de la lettre concernant le délai pose une incompréhension. "En effet, le code de la commande publique ne permet pas de modifier de manière substantielle le projet d'aménagement de la place à moins de deux mois du démarrage des travaux".

"Trop tard ? On est dans les délais entre le 19 juin et le 24 août, non ? " s'interroge Florence Descours, cogérante du Tabac-Presse du Val-Vert. "C’est toujours trop tard de toute façon". 

Florence Descours a repris le tabac-presse en 2015.
Florence Descours a repris le tabac-presse en 2015. Photo par Ombéline Empeyta Brion

Le 19 juin dernier, les commerçants ont pu échanger avec le maire, venu dans le quartier pour l'occasion. Un échange, qui leur a semblé pourtant plutôt positif aux premiers abords. "On sentait le maire derrière nous à ce moment-là", explique Jean-Luc Valette, boucher au Val-Vert depuis 1984. "On y croyait, on lui faisait confiance". 

« Il est en train de nous en planter une dans le dos »

"On se sent trahi par le maire", exprime Jean-Luc Valette. "Il nous avait promis juré craché. Il est en train de nous en planter une dans le dos". Une déception partagée par les commerçants de la place. Pressing, coiffeur, pharmacie, tabac-presse et boucherie. "Ils nous ont dit que ça dépendrait du cahier des charges. Là, on a senti que ça ne sentait pas bon. Qu'il était en train de nous embobiner".

Jean-Luc Valette est boucher depuis bientôt 40 ans. Photo par Ombéline Empeyta Brion

Jean-Luc Valette a vu son quartier changer. "La maire Arlette Arnaud-Landau avait supprimé les places. Wauquiez les avait rajoutées et maintenant, on veut encore nous les enlever !"

Actuellement, la place se compose de places en zones bleues, c'est-à-dire gratuites, mais limitées à deux heures de stationnement. On nous a promis des travaux, pour faire une belle place. Alors, on est content que le quartier soit rénové, mais pas sans les places".

Déjà des conséquences sur les commerçants

"Nous, on veut juste travailler", exprime le boucher avec appréhension. "On ne veut pas qu'ils nous fassent subir ce qu’ils ont fait au marchand de moto". Il fait référence à GB Moto, quelques mètres plus haut dans l'avenue du Val-Vert. En octobre 2022, le gérant nous a alerté sur ses inquiétudes concernant les places de parking.

Malgré ses demandes, les travaux ont finalement été clôturés et sa demande de place de parking n'a jamais pu aboutir. "Moi c’est fait, je l’ai dans l’os. Si je veux avoir des places, c'est à cheval entre la voie et mon commerce. Et à mes frais.". 
Depuis les travaux, il indique subir une baisse de fréquentation. "Début janvier, j'ai dû mettre dehors un employé. Là, bientôt deux employés s'en vont. Je ne peux plus" témoigne Gilles Béal, "J'ai perdu de l'activité, je survis, car je fais du 7/7, mais sinon je ne pourrais pas".

Un blocus prévu

Les travaux devraient durer trois mois avec un mois supplémentaire au niveau du carrefour. La date de démarrage est prévue le 24 août. Mais si d'ici là, un accord n'est pas conclu, les commerçants assurent qu'ils feront blocus commun. "On se mettra en travers de la route avec nos clients. On bloquera Baccarat s'il le faut", assure les commerçants. 

tabac presse val vert
Les commerçants du Val-Vert devant le Tabac-Presse. Photo par Ombéline Empeyta Brion

"Les mouches ont changé d’âne"

Les précédents échanges verbaux avec le maire n'ont pas convaincu les commerçants  "On est reçu, mais on n'est jamais entendu. Maintenant, on veut des actes ", manifeste le boucher du quartier. "Les mouches ont changé d’âne !", conclut-il.

La mairie s'explique et rassure

Dans sa lettre aux commerçants, Jean-Jacques Boulon, Directeur général des services techniques du Puy-en-Velay invoque plusieurs raisons de la non-création de ces places "arrêts minutes". Pour Zoomdici, il détaille davantage sa décision :

"Tous les voyants sont rouges ou oranges. Si on avait pu le faire, on l’aurait fait."

"On a des contraintes techniques. Si on crée ces deux places, on allait rompre la continuité piétonne, c'est-à-dire que l'on met des piétons sur la route. Sur l’aspect financier, il aurait fallu que l'on casse une partie de l’aménagement neuf de la rue Jean Baudoin. Si l'on rajoute les flux de circulations et de stationnements, mais aussi la réalité du terrain avec un solde positif de quatre places supplémentaires déjà rajouté, … En plus de cela si on donne une réponse positive aux commerçants pour la création de deux arrêts minutes supplémentaires, tous les voyants sont rouges ou oranges. Si on avait pu le faire, on l’aurait fait."

Si à l’issue des travaux, il est constaté que ces aménagements ont une influence négative sur les commerces la mairie Jean-Jacques Boulon indique : "la collectivité prendra sa responsabilité" ..."Il faudra alors démontrer de manière objective avec par exemple des documents comptables que les commerçants ont été touchés par ces aménagements."

"Faut-il aller jusqu’au blocus ? Je ne crois pas…"

Concernant le potentiel blocus envisagé par les commerçants, le directeur général des services techniques pense que ce n'est pas une solution : "On ne veut pas les encourager à bloquer le chantier. En plus des réunions de quartiers, nous les avons rencontrés à six reprises et le maire aussi.
S’il faut les rencontrer une nouvelle fois, enfin je ne veux m’engager pas au nom de la municipalité, on le fera. Mais faut-il aller jusqu’au blocus, je ne crois pas… La philosophie du quartier, c’est de trouver le juste équilibre entre la place des riverains, des piétons, des automobilistes, et bien sûr tout en préservant les commerçants."

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