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Financement de la statue St-Joseph : la laïcité est-elle la priorité ?
Alors que les travaux de la statue Saint-Joseph ont commencé depuis plusieurs mois à Espaly-Saint-Marcel, les débats sur le financement de ceux-ci ne se sont pas encore tus. Un véritable « tabou » se crée autour des 80 % d’argent public utilisés pour la restauration.
Lieu touristique ? Lieu de culte ? Lieu populaire ? La catégorisation de la statue Saint-Joseph de Bon Espoir peut paraître insignifiante, pourtant, c’est elle qui mène les débats sur la légitimité et la légalité de chaque collectivité à financer cette rénovation.
Une statue, définie à chacun son bon vouloir
Si l’on en prend la définition, un lieu de culte est un endroit où se pratiquent collectivement les rites d’une religion. « Ici, les croyants ne se réunissent pas dans la statue, mais dans le sanctuaire », explique Paulette Malartre, la secrétaire de l’association La Libre Pensée de Haute-Loire. Elle n’est pas la seule à le dire. Le père Ollu, recteur du sanctuaire, le confirme : « il n’y a pas de culte dans cette statue. »
Toutefois, la région, la communauté d’agglomération, et les autres corporations qui financent les travaux justifient leurs donations par la loi de 1905, retoquée en 1942, en lui attribuant une dimension cultuelle.
« C’est un détournement de la loi de 1905 »
La première loi, adoptée au début des années 1900 ordonne la séparation entre l’État et l'Église. De ce fait, elle interdit toute subvention du gouvernement aux structures religieuses. Mais la modification apportée à la loi par Pétain en 1942 apporte une nuance :
Dans l’article 19, article 2, est stipulé que : « Ne sont pas considérées comme subventions les sommes allouées pour réparations aux édifices affectés au culte public, qu’ils soient ou non classés monuments historiques. »
Mais alors si l’on ne parle pas de culte pour la statue, comment justifier le financement des collectivités ? Le père Ollu, membre du diocèse en est « incapable », et nous renvoie à la région, tout comme la mairie d’Espaly-Saint-Marcel. La communauté d’agglomération reste, quant à elle, muette et préfère ne pas donner suite à nos sollicitations.
Sur le site du Sénat est inscrit que « les collectivités territoriales peuvent financer l'entretien et la conservation des édifices cultuels dont elles sont propriétaires », mais il faut bien préciser qu’en plus de ne pas être associée au culte, « la statue appartient au site du diocèse », comme le précise le père Ollu.
Une question de laïcité
Guy Vallery, le président de l'association Libre Pensée Haute-Loire, estime que cette justification est « un détournement de la loi de 1905. ». Pour l’ensemble du collectif : « La laïcité est bafouée. C’est une volonté délibérée d’enfumer tout le monde. ». Cette incompréhension et cette colère découlent également du changement de position de la Région.
Laurent Wauquiez avait déclaré au micro de RCF en 2016, quand l’idée de la rénovation naissait, que « ce monument n'est ni classé, ni inscrit et s'il est un emblème de la commune d'Espaly-Saint-Marcel et du bassin du Puy, il ne s'agit pas d'une compétence du conseil régional, alors pourquoi se mobiliser pour cet édifice ? »
Finalement, quelques années plus tard, la Région finance le projet en donnant 600 000 euros. Aucune explication claire n'a été donnée. Renaud Daumas, membre de l’opposition au conseil régional explique que « la région a essayé de contourner la loi et a demandé de créer une association pour pouvoir offrir ses aides ».
Un édifice privé, rénové avec l’argent public
Pour ces travaux, le diocèse, qui finance la rénovation à hauteur de 230 000 euros, a aussi dû trouver d’autres partenaires. Le financement de ce gros projet s’élève à environ un million d’euros. Michel Joubert, le président de la Communauté d'agglomération du Puy-en-Velay s’était exprimé en novembre dernier lors de la présentation à la presse du projet de rénovation de la statue. « Il fallait trouver la bonne formule juridique pour pouvoir participer… sans que certains ne puissent nous reprocher d'être hors cadre », avait complété Laurent Duplomb, un sénateur de Haute-Loire.
Si ce reproche risquait d’être fait, c’est aussi et surtout parce que plus de 80 % de l’argent utilisé pour les travaux est de l’argent public. « C’est nous qui payons les impôts, ceux de la commune, ceux de l’agglo, du Département et de la Région. Ce sont nous qui payons la rénovation. » Les trois collectivités (Commune d’Espaly, Communauté d’Agglomération, Département.) participent à la rénovation de la statue chacune à hauteur de 50 000 euros. L'enveloppe est aussi complétée par les dons faits à la fondation du patrimoine.
Le diocèse reçoit également 200 000 euros du mécénat, et 50 000 euros d’aides européennes en lien avec le programme LEADER (Liaison entre les actions de développement de l’économie rurale). Les financements sont permis dans ce cadre-là uniquement lorsque les travaux s’inscrivent dans une dynamique de stratégies de développement du territoire. Ici, celle-ci pourrait s’expliquer par la dimension touristique de la statue qui vise à se développer.
Marie Gardès
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7 commentaires
Il s'agit avant tout de notre Patrimoine et de notre histoire.
On prône la laïcité à tout va mais quand il s'agit
des jours feriés catholiques, ils sont bien pris par tout le monde,
croyant ou non, école privée ou publique ...
Et dire que l'évêque du Puy Yves Baumgarten a appelé à évangéliser les campagnes. Ce renouveau du prosélytisme, partout, est un très mauvais signe pour les libertés individuelles et pour la paix au sein de notre pays et ailleurs.
Le clientélisme ne connaît aucun frein quand il s’agit d’argent public
On pourrait aussi avoir la même réflexion sur le financement de l'école privée qui bénéficie largement de l'argent public pour fonctionner
Le Région gaspille nos impots.
Le journal le Monde précise, dans son article du 23 avril 2023 que "L'Eglise catholique est à la tête d'un imposant patrimoine immobilier en France évalué à 6,5 milliards d'euros". La conférence des évèque de France évoquait par ailleurs sur France info, l'existence de 1,13 milliards d'euros de placements financiers . (et 2000 milliards d'euros de partimoine de l'Eglise dans le monde, d'après l'article du 16 janvier 2020 dans Les Echos)
Tant d'argent dépensé pour une statue sans le moindre intérêt patrimonial .Elle n'est ni classée ,ni même inscrite à l'inventaire . Pur monument dédié à un catholicisme archaïque qui ne concerne même plus les fidèles .
Allez la laïcité n'est PAS le sujet car cela fait partie de notre patrimoine culturel comme le clocher de nos églises !!!!!!!