Enseignement public : « On va vers le chaos »

Par Clara Serrano , Mise à jour le 06/05/2024 à 17:00

Dans une actualité plus que brûlante, le syndicat Force Ouvrière de l'enseignement se réunissait ce vendredi 3 mai pour son congrès annuel. L'occasion de revenir sur ses principales revendications quant aux récentes décisions gouvernementales, et aux conditions de travail. Laurent Berne, délégué syndical Haute-Loire, et Agnès Prouteau, secrétaire nationale du syndicat ID-FO des chefs d'établissement font le point. 

À commencer par l'actualité la plus récente puisque, hasard du calendrier, le matin même de la réunion, la ministre de l'Éducation nationale, Nicole Belloubet, présentait aux syndicats ses différentes pistes pour un retour d'autorité à l'école.

Selon nos confrères du Monde, qui ont eu accès à cette concertation, cadres de l'Éducation nationale, recteurs, directeurs académiques des services de l'Éducation nationale et représentants syndicaux étaient connectés. À la suite du discours de Gabriel Attal tenu le 18 avril, la ministre axait les discussions sur trois questions : « Comment responsabiliser les élèves ? », « Comment mieux impliquer et responsabiliser les parents ? » et « Comment faire de l'école un lieu encore mieux protégé et qui protège toujours mieux ? »

Mais Agnès Prouteau, la secrétaire nationale du syndicat ID-FO regrette déjà : « Cette visioconférence, ne permet pas aux organisations syndicales de s'exprimer. Nous pouvons seulement la visionner, sans intervention possible. »

Le choc des savoirs, "le nerf de la guerre"

Comme le montrent les mobilisations qui se succèdent depuis déjà plusieurs mois, la réforme du choc des savoirs annoncée par le premier ministre Gabriel Attal, est également l'un des principaux sujets de discorde entre le gouvernement et la Force Ouvrière. Ce dernier en demande d'ailleurs le retrait complet.

Pour le délégué syndical altiligérien, « pédagogiquement, ce choc des savoirs ne tient pas debout. Ce n'est pas en mettant les enfants "bons" d'un côté, et les moins "bons" de l'autre, qu'on va leur permettre de dépasser leurs difficultés. »

Et d'ajouter : « Ce dont on a besoin, c'est au contraire, d'ouvertures de postes. C'est comme ça qu'on parviendra à combattre les difficultés scolaires. »

« Nous étions nombreux à manifester cette semaine, nous le serons encore à l'avenir. »

Outre les opérations "collège mort" et les mobilisations déjà tenues devant les établissements et l'Inspection Académique du département, Laurent Berne informe que le syndicat, suivi par les professionnels et les parents d'élèves, compte bien se mobiliser de nouveau dans les jours, semaines, voire mois prochains. 

« Nous étions nombreux à manifester cette semaine, nous le serons encore à l'avenir. Ce que l'on demande, c'est le retrait, purement et simplement, de cette réforme », lance-t-il. 

Et pour appuyer leur position, ils soulignent : « Certains chefs d'établissements privés de la Haute-Loire ont dit qu'ils ne mettraient pas en place ce choc des savoirs. On va voir si c'est vrai, mais ça montre que la réforme est mauvaise, et que l'enseignement privé tente de se tirer de cette situation. »

 « Non seulement les moyens sont insuffisants mais on nous annonce qu'on va nous en supprimer davantage. »

Un fonctionnement défaillant donc, selon eux, qui s'ajoute à un manque criant de moyens au sein de l'Éducation nationale, aux suppressions de postes et aux fermetures de classes prévues pour la rentrée prochaine.

« L'École est mise à mal depuis des années, par des conditions de travail, pour les personnels, et des conditions d'apprentissage, pour les élèves, de plus en plus délicates. On n'a pas de moyen, des postes et des classes ferment encore. », souligne le délégué syndical altiligérien.

Et la secrétaire nationale de poursuivre : « Le problème essentiel de toutes ces réformes, c'est la question des moyens. C'est-à-dire qu'il y a une communication qui va dans le sens d'une prise en charge supplémentaire des élèves, que ce soit par la difficulté et/ou par la présence dans les établissements, mais les moyens ne sont pas là. Et en particulier, les chefs d'établissements indépendants d'ID-FO, qui ont annoncé un "chaos". Non seulement les moyens sont insuffisants, mais on nous annonce qu'on va nous en supprimer davantage. »

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4 commentaires

jeu 09/05/2024 - 09:14

Il faut prendre les élèves là où ils en sont à l'entrée en 6ème : les niveaux sont déjà très hétérogènes, et donc mettre tout le monde dans le même groupe écrase ceux qui lisent difficilement ou ne savent pas faire une division simple ! Les groupes de niveaux reprennent ce qui n'a pas été maîtrisé au primaire et leur permet de rattraper les autres en fin de 5ème. Ajoutons que si les progrès sont rapides (et ça existe !) l'élève peut changer de groupe en cours d'année : c'est un système plus souple et davantage adapté à chaque enfant.

mer 08/05/2024 - 12:25

Et les parents ???? j'ai envie de dire. C'est bien beau de charger les enseignants mais les parents qui n'ont rien d'autre à faire que bader sur les réseaux sociaux devraient se soucier un peu plus de leurs progénitures. Personnellement j'ai fait un petit prêt pour payer du soutien scolaire à ma fille qui se trouvait en échec scolaire. Aujourd'hui elle étudie en "sciences politiques relations internationales" après avoir décroché son baccalauréat avec "mention très bien" à 17,5 de moyenne. comme quoi!! Tout ne se passe pas à la "Star ac"!!!!.

mar 07/05/2024 - 19:29

Beaucoup d'études montrent que faire des groupes de niveaux ne fait que creuser l'écart entre les bons et les faibles. Ces derniers, mis ensemble, sur la durée, se résignent et collent à leur étiquette d'élèves "nuls" (le nombre d'heures allouées à chacun des deux groupes est le même, de même que le programme scolaire). Enfin il faut savoir que le DASEN est absent quand une délégation de professeurs et de parents est reçue...

mar 07/05/2024 - 10:37

Les syndicats d'enseignants qui dénoncent le "tri sélectif" des élèves en 6ème s'interrogent-ils sur ce qu'ils font en fin de 3ème : à savoir les bons élèves (dont leurs propres enfants, bien sûr) qui vont au lycée général et les autres qui sont "orientés" vers le lycée professionnel ? Cette hypocrisie majeure du système est acceptée  par ceux-la même qui refusent de voir la réalité en face : des élèves qui arrivent en 6éme sans savoir lire ni compter. Regrouper ces élèves pour les faire progresser (un tant soit peu) me paraît plus juste que de les forcer à rester 4 ans au fond de la classe et de leur donner le Brevet des collèges à la fin !

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