Carte scolaire : fronde intense dans le département

Par Nicolas Defay , Mise à jour le 03/03/2023 à 16:30

L’inspectrice d’académie de la Haute-Loire, Marie-Hélène Aubry, reçoit la note de zéro pointé par nombre de parents d’élèves et d’élus à travers le département. La suppression annoncée de dix postes de « prof » et de quatre « spécialisés » a généré de (très) vives crispations.
Un double reportage à l'école de Landos et au Puy-en-Velay, devant l'établissement Marcel Pagnol.

Dans les communes d’Aiguilhe, d’Arsac-en-Velay, d’Aurec-sur-Loire, de Blesle, de Landos, du Puy (Marcel Pagnol), de Monistrol-sur-Loire, de Retournac et de Sainte-Sigolène, des classes vont fermer leurs portes à la rentrée scolaire prochaine. « L’ensemble de ces mesures sera présenté au Conseil départemental de l’Éducation nationale le 6 mars prochain pour validation du projet », indique l’Inspection Académique.

« Fermer une classe dans nos écoles rurales conduit à remettre en cause l’attractivité d’un territoire »

Mais au-devant des classes en sursis, des parents, des enfants, des maires et des élus communaux, se dressent contre ce projet de carte scolaire qualifié de honteux par certains syndicats de l’éducation nationale. Même le député de Haute-Loire Jean-Pierre Vigier se jette dans la mêlée pour « soutenir les personnels et parents d’élèves mobilisés contre la fermeture d’une classe à l’école de Blesle ».

« Fermer une classe dans nos écoles rurales conduit à remettre en cause l’attractivité d’un territoire et à rompre le droit à l’instruction scolaire, partage-t-il dans un communiqué de presse. Ces écoles rurales et de proximité jouent un rôle fondamental dans la vitalité des communes ».

À Monistrol-sur-Loire, une mobilisation s’est formée ce jeudi 2 mars vers 16h15 « pour sauver un poste et donc une classe entière pour le bien-être de nos enfants »

« Les deux élèves manquants ont été trouvés ! »

Du côté de Landos, les forces vives contre l’institution scolaire apparaissent très remontées. Un collectif de parents, de représentants du RPI (regroupement pédagogique intercommunal), de l'APE (association de parents d'élèves), d'élus et des enfants scolarisés et habitants dans les communes voisines s'est formé.

« Une classe va être fermée, car il manque, selon le comptage de l’inspectrice d’académie, deux enfants », partage une maman concernée. Elle précise : « Notre chiffre prévisionnel à la rentrée 2023 est de 97 alors que la limite est de 99. Avis à Marie-Hélène Aubry : les deux élèves manquants ont été trouvés ! »

De nombreuses actions sont prévues jusqu'au 6 mars inclus, date du CDEN (Comité Départemental de l’Education Nationale) en préfecture pour validation du projet de l’Inspection Académique

Des banderoles ont été installées à l'entrée de la commune.
Des banderoles ont été installées à l'entrée de la commune. Photo par DR

« Peut-être que Marie-Hélène Aubry croit aux fantômes »

« Peut-être que Marie-Hélène Aubry croit aux fantômes, ajoute un second parent en colère. Nous, non. Pour elle, les enfants de moins de trois ans n’existent pas dans le comptage des effectifs. Pourtant, ils sont bien là, je vous l’assure, en chair et en os ».

La première maman précise qu’il y a eu neuf naissances sur la commune de Landos et que la démographie est en hausse. « D’autre part, s’il y a la fermeture de cette classe, cela implique des classes avec plus de 30 élèves !, prévient-elle. Les conséquences ? Moins de temps pour l’apprentissage, peu d’accompagnement personnalisé, augmentation du stress pour les enfants et le personnel éducatif, échec scolaire… »

« Aujourd’hui, nos enfants ont peur de se retrouver dans des classes surchargées où ils ne trouveront pas leur place. Comme nous, ils ne comprennent pas cette décision. Ils ne comprennent pas que leur maîtresse soit obligée de quitter l’école ». Un parent d’élève de l’école de Landos

Enfants, parents, élus...ensemble contre la carte scolaire actuelle.
Enfants, parents, élus...ensemble contre la carte scolaire actuelle. Photo par DR

Puy-en-Velay : « C'est l'humain contre les chiffres »

Au Puy-en-Velay, à l’école Marcel Pagnol, le vent s’est également levé sous forme de banderoles revendicatives et de visages tendus vendredi 3 mars dès 8 heures « Clairement, c'est l'humain contre les chiffres », déplore Vanessa Pontvianne, parent d'élèves scolarisés à Marcel Pagnol et trésorière de l'APE.

Elle développe : « Ici, il y a actuellement cinq classes élémentaires plus un dispositif Ulis. Le seuil établi par l'IA pour que l'école ne soit pas amputée d'une classe est de 104 élèves. Selon d'hypothétiques projections pour la rentrée scolaire 2023, l'école devrait avoir un effectif de 94 élèves. C'est un constat dont personne n'est certain étant donné que c'est une simple prévision. Cela suffit à l'IA pour supprimer le poste de la maîtresse actuelle et sa classe entière »

"C'est pas très cool !", livre Tiago, 9 ans et demi et scolarisé en CM1 à Marcel Pagnol.
"C'est pas très cool !", livre Tiago, 9 ans et demi et scolarisé en CM1 à Marcel Pagnol. Photo par Nicolas Defay

« Pourquoi les entasser dans des classes de 30 et plus ? Quel en est le sens ? »

La crainte ? « Avoir des classes surchargées !, ajoute Amandine Denozi, également parent d'élèves. Aujourd'hui, il y a entre 20 et 25 enfants répartis dans les cinq classes. Pourquoi les entasser dans des classes de 30 et plus ? Quel en est le sens ? ».

Elle poursuit : « Chaque classe à Marcel Pagnol s'occupe d'un niveau. Avec la perte d'une classe, plusieurs niveaux seront donc dans le même espace. Nous craignions alors un problème d'enseignement pour les enfants ». D'après les personnes présentes à la mobilisation, l'école Marcel Pagnol a des locaux très bien adaptés et en plein centre-ville du Puy. L'annonce de la suppression a, d'après eux, surpris tout le monde. Une pétition contre la décision de l'Inspection Académique a déjà réuni près d'une centaine de signatures. 

La majorité des parents sont contre la suppression de la 5ème classe à Marcel Pagnol..
La majorité des parents sont contre la suppression de la 5ème classe à Marcel Pagnol.. Photo par Nicolas Defay

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7 commentaires

dim 05/03/2023 - 09:48

Madame Audry s'en tient a la loi qui est bête et borné? il y a un chiffre a atteindre si le compte n'est pas bon pouf fermeture. Cas concret, sanssac l'église, fermeture d'une classe pour manque de trois élèves. L'année d'avant, l'école avait été choisie par le rectorat pour expérimenter certaines choses qui avait été mis en place avec succés. Et pouf l'année d'après fermeture de la classe, en tant que citoyen, j'appelle ça de l'argent public gaspillé. Et nos chers élus que font-ils, au lieu de continuer à voter des lois ridicules, revoir celles qui sont un échec sur le terrain serait mieux. Quand à notre seigneur des panneaux qui veut se présenter aux présidentielles, que fait-il là ? Rien comme d'habitude. Et il croit peut-être qu'on va voter pour lui. A voir..

ven 03/03/2023 - 21:07

Total soutien à ces écoles!!

En espérant que Madame Aubry montre un peu d'empathie (mais elle tient tellement à sa carrière personnelle...)

ven 03/03/2023 - 20:00

Fermer une école, c'est ouvrir une prison quelques années plus tard, (voir plus bas). La non éducation devient plus importante que l'éducation. Elles sont loin les belles promesses des candidats Présidents de la "république"; République avec un petit "r" car elle a perdu ses lettres de noblesses avec la médiocrité de nos dirigeants.

 "Quand on ouvre une école, on évite, vingt ans plus tard, d’ouvrir une prison".Louis-Charles Jourdan (1810-1881), rédacteur au journal Le Siècle

ven 03/03/2023 - 19:34

Le rôle de l'école est d'enseigner et de former les élèves ;  ce n'est pas de sauvegarder la vie du village ou de la commune. On peut toujours discuter des seuils du nombre d'élèves à fixer pour maintenir les classes , mais quand il y a trop peu d'élèves (par exemple en classe unique), les conditions d'épanouissement des enfants ne sont pas satisfaisantes non plus.

ven 03/03/2023 - 18:14

C'est à croire que cette personne est elle aussi dans ce département aux ordres du président de région qui défend l'enseignement privé 

ven 03/03/2023 - 17:04

Est-ce que le décideur a déjà fait la classe avec 25 enfants ? J'en doute !

C'est déjà difficile , alors avec 30 enfants .... je doute qu'il puisse tenir une journée entière !

A moins de prévoir un chien de bergers comme pour les moutons ?

et revenir à l'école de 1900 ? et aux méthodes disparues ?

Peut-on expliquer le "Burn Out" des enseignants avec ces méthodes de calcul ?

ven 03/03/2023 - 16:46

D'ici quelques années, la NUPES aura sans doute l'occasion de mener à bien son projet de société du temps libre où le travail sera facultatif et limité à son minimum ... Puisqu'illettrés comme lettrés auront les mêmes salaires universels et que les familles inoccupées pourront garder leurs enfants toute la semaine à la maison, l'école n'aura plus aucune raison d'être. Je ne vois donc pas pourquoi ils s'offusquent quand des classes ferment, c'est en fait un peu le début de leur projet lol 

Je renseigne ma commune de préférence :

  • Accès prioritaire à du contenu en lien avec cette commune
  • Peut être différente de votre lieu de travail
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