Haute-Loire : un demi-million de colis à livrer avant Noël
"Nous n’acceptons pas que des influenceurs extérieurs viennent dicter ce que devrait être l’agriculture française sous prétexte de la défendre". Ce boulet incandescent est projeté par le président de la Chambre d'Agriculture 43, Yannick Fialip, à destination du Chef étoilé Jacques Marcon.
Il n'a échappé à personne qu'une grave crise agricole traverse l'Hexagone. Depuis six mois, et plus particulièrement ces derniers jours, la Dermatose Nodulaire Contagieuse des bovins (DNC) suscite la peur, la confusion, la colère et l'émoi en de terres de France et d'Europe.
La peur de la contagion. La confusion des directives. La colère de l'abattage total des cheptels. L'émoi des éleveurs et des professionnels dépendants de l'agriculture française.
C'est quoi le souci avec le Mercosur ?
Entre l'usage de pesticides interdits dans l'UE ou d'hormones de croissance pour les animaux impossible à détecter dans la viande, le Mercosur produit à bas coût et avec des risques environnementaux faisant craindre une chute des prix en France et en Europe.
Le poids du Mercosur
Et pour appuyer plus encore le couvercle sur cette cocotte minute bouillonnante, le projet de traité du Mercosur fait monter la température.
Sur le sujet, Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, avait prévu de se rendre au Brésil ce samedi 20 décembre pour un sommet des pays du Mercosur, en apportant avec elle le feu vert des Vingt-Sept.
Mais coup de théâtre de dernier minute, elle a annoncé aujourd'hui un report de la signature au mois de janvier 2026, poussée par la pression des agriculteurs français et de l'Italie qui a rejoint la position française ces derniers jours.
Et c'est dans cette ambiance délétère que Yannick Fialip, président de la Chambre d'Agriculture de la Haute-Loire, a partagé un véritable brûlot à l'encontre du Chef étoilé Jacques Marcon
"Contre l’abattage systématique des troupeaux "
Jacques, aux côtés de son père Régis Marcon, avait pris part à la manifestation du mardi 16 décembre, devant la préfecture au Puy-en-Velay. Il avait alors soutenu les éleveurs désemparés par la politique d'abattage des cheptels touchés par la DNC. "J’ai 47 ans et je n’ai jamais manifesté de ma vie", avait-il écrit sur sa page Facebook en amont de la mobilisation.
Avant d'ajouter : "Et pourtant, ce mardi 16 décembre, je vous invite tous, amis altiligériens, à venir soutenir nos paysans, nos éleveurs, lors de la manifestation devant la préfecture contre l’abattage systématique des troupeaux "
"Inadmissible, qu’un chef cuisinier, s’engage publiquement et syndicalement pour prendre parti (...) comme s’il en détenait les clés et la légitimité"
Les propos et les analyses de Jacques Macron ne sont pas du tout passés pour Yannick Fialip, favorable, quant à lui, à l'abattage systématique des cheptels dès le premier cas découvert. Il déverse ainsi sa bile à travers un long pamphlet jeté à la figure du chef étoilé.
"Il est pour le moins surprenant, et surtout inadmissible, qu’un chef cuisinier, aussi talentueux soit-il dans son domaine, s’engage publiquement et syndicalement pour prendre parti « d’un bord ou de l’autre » du monde agricole, comme s’il en détenait les clés et la légitimité".
"Le monde agricole n’est ni un décor folklorique ni un sujet d’opinion"
Il ajoute, les dents aussi serrées : "Le monde agricole n’est ni un décor folklorique ni un sujet d’opinion. Il est structuré, organisé et représenté démocratiquement par les chambres d’agriculture, élues par les agriculteurs eux-mêmes. Ce sont elles qui portent la voix de l’ensemble de la profession agricole, en responsabilité".
Et aussi : "De la même manière que je n’irai pas expliquer aux artisans de la Chambre de métiers ou aux entrepreneurs de la CCI comment exercer leur métier, nous n’acceptons pas que des influenceurs extérieurs viennent dicter ce que devrait être l’agriculture française sous prétexte de la défendre".
"Sortir d’une telle crise exige de la rigueur"
Sur la question sanitaire de la DNC, Yannick Fialip explique en ses mots : "La maladie s’est développée dans des zones pastorales caractérisées par des mouvements d’animaux plus nombreux ou la mise en place d’estives collectives favorisent le développement de la maladie. Sortir d’une telle crise exige de la rigueur, de la méthode et des décisions difficiles"
"L’anarchie, les postures idéologiques et les appels à l’émotion ne font que favoriser la diffusion de la maladie". Yannick Fialip
Il poursuit sur le sujet, usant d'ironie : "Mettre le troupeau en quarantaine, comme on l’entend dans l’opinion n’empêche pas les insectes vecteurs de la maladie de passer, cela revient à leur installer un panneau « Défense de piquer »".
"II faut (...) respecter le protocole sanitaire"
Le président de la Chambre d'agriculture de la Haute-Loire rappelle qu'il a fallu euthanasier 3 200 animaux en 6 mois pour, selon ses propres analyses, "protéger 16 millions de bovins et se prémunir de pertes beaucoup plus importantes si la maladie venait à se développer".
Toujours d'après ses informations, Yannick Fialip indique que la MHE et la FCO (les 2 précédentes épizooties) ont amené à une surmortalité de 25 000 bovins. "Si vous aimez les agriculteurs, il faut aller plus loin que les faux semblants et respecter le protocole sanitaire", insiste-t-il.
"Je parle ici en connaissance de cause, dixit Yannick Fialip. En 1995, j’ai dû abattre l’intégralité de mon troupeau à la suite d’un cas de tuberculose. Un crève-cœur. Mais la seule solution pour assainir durablement la situation".
"L’abattage, aussi brutal soit-il, est parfois le seul moyen de rassurer, de repartir sur des bases saines et de retrouver la confiance entre agriculteurs". Yannick Fialip
"Si notre zone perd son statut indemne, c’est toute une filière qui s’effondre"
"Les conséquences économiques seraient également majeures si cette maladie venait à se propager", mentionne l'élu. En ce sens, il informe que : "En Haute-Loire, 1 500 à 2 000 veaux et broutards partent chaque semaine vers l’Italie et l’Espagne. Si notre zone perd son statut indemne, c’est toute une filière qui s’effondre, avec des répercussions lourdes et durables pour les exploitations, l’emploi et les territoires".
"Les propos de M. Marcon relèvent, disons-le clairement, d’un mépris de classe à peine voilé. Derrière ses prises de position, transparaît une vision caricaturale de l’agriculteur : le petit paysan au béret, la fourche à la main et le mégot aux lèvres. La réalité est toute autre." Yannick Fialip
"J’espère également avoir l’occasion de visiter votre cuisine"
Pour Yannick Fialip, les agriculteurs sont aujourd’hui des "chefs d’entreprise, responsables, formés, insérés dans des filières complexes et exigeantes, tout en restant profondément attachés à leurs animaux".
Partant de ce point de vue, il invite Jacques Marcon "à découvrir mon exploitation familiale, où la rigueur, la passion et la transparence sont notre quotidien. Je suis convaincu que vous apprécierez de constater à quel point nos agriculteurs prennent soin de chaque étape pour offrir des produits de qualité".
Avant de conclure ainsi : "J’espère également avoir l’occasion de visiter votre cuisine pour échanger sur le sourcing auprès de nos agriculteurs altiligériens".
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6 commentaires
que le clan MARCON émette un avis ok mais de là aller manifester et prendre la parole dans une manif professionnelle c'est pour le moins incongru chacun dans son pré etg les vaches seront bien gardées
Sous la caricature du paysan dessinée par M. FIalip on lit aisément en filigrane le refus d'une agriculture respectueuse de la vie naturelle , celle de bovins qui ne soient pas en quantité industrielle , celle défendue par le Fin gras du Mézenc -On n' a guère entendue la FNSEA à propos de cette démarche - celle qui n'utilise pas des tracteurs coutant le prix d'une Ferrari .qui n"exporte pas en se flattanr de nourrir les Français . . Quant à interdire les opinions c'est donner dans la censure .
La colère paysanne mérite mieux que des procès d’intention.
S’en prendre à Duplomb, homme du métier, est une faute.
Et les larmes des Marcon, si bien mises en scène, peinent à masquer l’écart entre la cuisine des élites et la terre qui souffre.
L’agriculture n’a pas besoin d’émotion bourgeoise ni de radicalité aveugle.
Elle demande du respect, du courage politique, et des décisions ancrées dans le réel.
Les lobbyistes détestent être contredits !
Des insectes piqueurs en Décembre...... c est chaud cette année !!!
"La réalité est toute autre" écrit Y Fialip : c' est vrai : 400CV sous les capots des tracteurs, des produits interdits à foison.... Je préférais les bérets et les fourches que j ai longtemps maniées !
Monsieur Yannick Fialip défend les positions de la FNSEA, de Duplomb ( qui est un politique et non un paysan )des positions fortement contreversées par d'autres syndicats