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Pauvreté en Haute-Loire : mères isolées et retraités en première ligne
Comme chaque année, le secours catholique a publié son rapport sur l'état de la pauvreté en France. En Haute-Loire, la situation suit la tendance, avec une hausse du nombre de retraités et de femmes isolées parmi les ménages accueillis.
Si l'observatoire de la pauvreté en France observe son avancement depuis le milieu des années 2000, le Secours Catholique vient de publier son rapport annuel, et il n'est pas bien plus glorieux.
Pour rappel, en France, le seuil de pauvreté est fixé à 1 216 euros, soit 60 % du niveau de vie médian de la population.
D'après les données qu'il a pu tirer des accueils recensés en Haute-Loire, le délégué départemental du Secours Populaire Alain Guérin-Boutaud considère que la pauvreté en France touche de plus en plus les femmes isolées, ainsi que les retraités. Cela se prouve par les chiffres, puisque les mères isolées représentaient 27,5 % des ménages accueillis en 2023, contre 26 % en 2022 et 15,1 % en 2018. Et l'âge médian de la personne de référence est passé de 43 ans en 2018 et 46 ans en 2022 à 49 ans en 2023.
Cinq problèmes majeurs : l'accès au numérique, la mobilité, le versement des allocations, des indemnités journalières et des chèques énergie
À cette tendance, il trouve plusieurs explications, notamment celle de l'exclusion numérique. Il explique ainsi que face à la numérisation des services publics, et la suppression des guichets et des interlocuteurs physiques, les personnes âgées (en majorité), se trouvent démunies. Il souligne également que pour les personnes en situation de précarité, le matériel nécessaire aux demandes, ordinateurs, imprimantes, etc, ne sont pas facilement accessibles.
Alors le Secours catholique, ainsi que différentes associations, tentent de donner accès à ces moyens numériques, et surtout d'accompagner ceux qui en ressentent le besoin, sur le montage des dossiers par exemple.
« L'administration fabrique les nouveaux pauvres », Alain Guérin-Boutaud
Accompagné de plusieurs membres de l'association, dont Pascale, co-responsable de l'antenne brivadoise, Alain dénonce d'ailleurs les dysfonctionnements récurrents et destructeurs des dispositifs de versement des aides.
Pour lui, « l'administration fabrique les nouveaux pauvres. On s'est rendu compte il y a quelques années qu'il y avait de nombreuses personnes, comme Pascale, qui n'avaient rien demandé, et se sont vus retirer leurs aides du jour au lendemain, sans explications. En fait, parce que certains le sont, tout le monde est présumé fraudeur. »
« Les idées noires arrivent très vite », Pascale
En effet, Pascale, désormais très impliquée auprès de l'association, raconte son parcours : « En 2002, alors que nous étions travailleurs indépendants, nous avons dû stopper notre activité, quand mon mari est tombé malade. Nous avons alors dû passer plusieurs mois sans revenus, car le montage et le traitement des dossiers étaient trop compliqués et très longs. »
« Quelques années plus tard, mon mari est décédé. Je me suis écroulée, et suis tombée dans la dépression. J'en ai perdu mon emploi, et c'était de nouveau la galère. Et puis il y a deux ans environ, à 62 ans, j'ai pris ma retraite. Au départ, tout se passait bien, j'avais anticipé. Mais au bout de huit mois, on m'a tout retiré, sous prétexte d'un contrôle, mais sans davantage d'explications. »
« J'ai d'abord subsisté grâce à mes économies, mais au bout d'un moment, il faut payer les factures. Quand j'avais du retard et que je tentais d'expliquer ma situation, on me répondait "ce n'est pas mon problème". C'est à ce moment que je me suis tournée vers le Secours Catholique, sans solution pour continuer à vivre. Plusieurs mois plus tard, mes droits ont été rétablis, toujours sans précisions », poursuit-elle avant de terminer : « Des traumatismes se sont réveillés. Dans de telles situations, mieux vaut ne pas habiter au 12ᵉ étage d'un immeuble. Les idées noires arrivent très vite. »
*Les données sont calculées sur le nombre de ménages accueillis par le secours catholique en France et en Haute-Loire en 2023.
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3 commentaires
D’accord avec le commentaire précédent pour donner priorité au travail pour assurer son indépendance financière sans attendre les aides payées justement par ceux qui travaillent… y compris pour les « mères » car effectivement, en 2024, on a des enfants par choix, qu’on se doit d’éduquer et d’assumer avant tout par soi-même dans un pays très généreux. Mais une réflexion me vient à la lecture du témoignage de l’article : retrait de droits sans explications, rétablis plusieurs mois plus tard sans autre précision, grâce à l’intervention du Secours Catholique… l’administration ne fabrique pas de nouveaux pauvres, ce sont ceux qui travaillent dans ces Administrations qui font des erreurs lourdes de conséquences qui doivent être sanctionnés
La solution serait de vivre en famille intergénérationnelle (trois générations sous le même toit) ... Moi, je préfère la solution du travail, seul façon émancipatrice d'être indépendant et d'assumer sa vie (avec ses réussites et ses erreurs). Je suis toujours en colère qu'on parle encore du statut de "mère" comme un statut de réclamation d'aides. En 2024, on fait des enfants par choix et ils ne devraient pas constituer une façon de gagner de l'argent et de s'assurer un statut : les mamans peuvent aussi travailler pour ne pas vivre au crochet d'un mari ou de la société.
Pendant l'essentiel de l'histoire de l'humanité, on ne pouvait pas vivre seul, tout simplement parce qu'on n'en avait pas matériellement la possibilité (aujourd'hui on le peut, grâce à l'énergie abondante et bon marché : un plein d'essence contient l'énergie de quatre années de travail humain).
Autrefois on était obligés de vivre à plusieurs sous le même toit, on n'avait pas le choix, souvent dans des maisons intergénérationnelles.
Ce n'était pas facile tous les jours, bien sûr. Nous sommes en train de revenir à ce monde-là. Où nous serons pauvres, mais solidaires par nécessité. La solution, c'est la vie en communauté (famille intergénérationnelle, etc.).