Un chèque de 2 000€ pour les enfants hospitalisés à Émile Roux au Puy
Un peu de cuir, beaucoup de tissu et des convictions
Léa est couturière. Elle travaille depuis 10 ans dans l'industrie du luxe, désormais bien établie en Haute-Loire. En parallèle de cette activité, qu'elle exerce à plein temps, elle vient de créer sa propre entreprise, " Les Coutures d'Hanna", afin de mettre ses talents de couturière au service d'une cause qu'elle trouve juste : le zéro-déchet.
La jeune entrepreneure à 30 ans et vit à Coubon. Elle se décrit comme une fonceuse qui "n'arrive pas à s'arrêter" ou bien comme " une hyperactive qui ne se pose jamais ". Il faut dire qu'elle mène trois vies de front, sans jamais baisser les bras.Bien au contraire. Elle est d'abord la mère, comblée, de deux petites filles, Hanna et Joy. Elle est également maroquinière de luxe et depuis peu , cheffe d'entreprise. Léa vient effectivement de se lancer dans la création d'articles pour bébés ou pour la maison avec l'objectif de promouvoir un mode de vie et de consommation plus raisonnés : le zéro-déchet. Parce que dans ses trois vies, Léa a également trois passions, qui ne la lâchent jamais : la petite-enfance, les beaux tissus et l'environnement. Rencontre avec une jeune femme qui ne manque ni de talents ni de convictions.
Une expérience dans l'industrie du luxe et dans la petite enfance...
Titulaire d'un BEP et d'un Bac Pro Métiers de la mode-vêtements, Léa a eu du mal a trouver un emploi dans ce domaine au début de sa vie active. Incapable, selon elle, de rester sans rien faire, elle décide donc rapidement de se reconvertir dans le secteur de l'animation et de la petite - enfance dans lequel elle exerce quelques - temps jusqu'à obtenir le BAFD, ce diplôme qui permet de diriger des accueils de loisirs ou des séjours de vacances.
Arrive l'année 2010. A cette époque, une rumeur circule au sein du petit monde politique et économique altiligérien : une unité de fabrication d'articles de luxe en cuir devrait s'implanter sur l'agglomération du Puy. Le lieu n'est pas choisi au hasard.La ville du Puy est l'une des dernières villes à posséder encore une tannerie, spécialisée dans le cuir haut de gamme. La rumeur se concrétise en 2011, lorsque le maroquinier Pierre Cotte, sous traitant pour la maison Hermès, s'installe à Chaspuzac. Malgré la crise, le luxe français à dorénavant plus que jamais le vent en poupe. L'entreprise espère créer plus d'une centaine d'emplois tout en formant ses propres salariés à un savoir faire précis et très exigeant. Léa pense avoir le bon profil et postule. Déjà formée pour le travail du tissu, elle le sera maintenant pour le cuir. Elle restera quelques mois dans cet atelier haut de gamme.
" Grâce à mon expérience acquise chez Hermès, je suis rapidement devenue responsable de ligne chez Vuitton "
2011, c'est aussi l'année durant laquelle la société Lejaby, spécialisée dans la lingerie de luxe, demande sa mise en redressement judiciaire. Le dossier est brûlant. En Haute-Loire surtout, puisque le département compte un des derniers ateliers de confection du groupe. Laurent Wauquiez, alors ministre et Arnaud Montebourg, chef de file de l'opposition s'en emparent. Une centaine d'emplois sont en jeu. En 2012, la nouvelle tombe : un fournisseur auvergnat du groupe de luxe Louis Vuitton va reprendre l'usine et ses salariés. C'est la fin du combat pour celles qu'on avait fini par appeler " les Lejaby ". Un combat de longue haleine, rythmé par les assemblées-générales, les manifs et les soirées entre copines dans l'usine occupée. Un mouvement social qui avait particulièrement touché Léa, qui décide de postuler pour rejoindre l'aventure. Déjà formée à la maroquinerie de luxe , du fait de son expérience chez Hermès, elle devient vite responsable d'une ligne dans l'atelier d'Yssingeaux. Puis de quatre lignes : " A Yssingeaux, aux Ateliers du Meygal, on fabrique essentiellement des sacs et des valises. Grâce à mon expérience acquise chez Hermès mais également à mon côté speed et hyper perfectionniste, je suis rapidement devenue responsable de ligne chez Vuitton . On m'a confié la responsabilité de la confection des poignées de valise, du gainage, des portes-adresse et des accessoires".
... qui aboutit à la fondation d'une entreprise de couture éco-responsable
Léa est fière de travailler pour l'industrie du luxe. De surcroit pour un groupe dont l'actionnaire majoritaire, Bernard Arnault, est la première fortune mondiale. Elle adore travailler le cuir, " le croco" et " le serpent ". Pourtant la naissance de sa première fille ainsi que le confinement l'amènent à s'interroger sur le sens de la vie et sur ses priorités : " J'ai beaucoup réfléchi à cette époque. J'avais besoin d'autre chose à côté de mon travail. Travailler pour une clientèle fortunée, ok. Les premiers prix des sacs Vuitton, c'est 6000 euros. J'avais aussi envie de mettre mon talent et mon savoir faire au service des gens comme vous et moi ".
" On produit tous beaucoup trop de déchets, c'est devenu totalement ingérable "
C'est quoi le zéro déchet ?
Le zéro déchet est un mouvement de protection de l'environnement qui vise à réduire le gaspillage de ressources ainsi que la quantité de déchets émis et leur toxicité. Il s'oppose donc à la production d'objets à usage unique et appelle à agir à la fois individuellement et collectivement en changeant nos habitudes de consommation.
En 2020, en plein confinement, elle décide de se lancer. Elle crée sa propre entreprise : Les Coutures d'Hanna, du nom de sa première fille qui vient de naître. Sa démarche se veut éco-responsable et vise à promouvoir le zéro-déchet. Comme beaucoup de français, à cause du Covid-19, elle a changé ses habitudes de consommation et entend dorénavant permettre au plus grand nombre de faire les mêmes choix qu'elle : " On produit tous beaucoup trop de déchets. C'est devenu totalement ingérable. Je suis devenue une adepte du zéro-déchet en pensant à ma fille et au monde qu'on lui réserve si on ne se bouge pas tous. Ma démarche consiste à créer des produits réutilisables dans le domaine du ménage, du maquillage ou de la petite enfance". Avec comme matière-première des tissus choisis avec soin, Léa propose aujourd'hui à la vente, des lingettes démaquillantes, des éponges, des essuie-tout, des cahiers de coloriage, des couvertures, des peignoirs, des sacs à dos, des filtres à café, des sacs de congélation et des filets à légumes. Tous sont lavables et donc forcément réutilisables. C'est leur raison d'être. La jeune couturière avoue ne pas se dégager une marge importante, " parce-que pour accompagner les gens dans leur désir de changement, il faut leur proposer des prix abordables".
Sa deuxième fille, Joy, vient de naître. Pour ne pas faire de jalouse, Léa a déjà une nouvelle idée en tête : créer une autre entreprise, qui porterait son nom et qui proposerait des accessoires de fête. Réutilisables, cela va de soi.
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