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Rixe d'une extrême violence à Monistrol : "Je me suis vu mourir"
Cinq hommes ont été entendus ce lundi 12 juin, au tribunal correctionnel du Puy-en-Velay, pour des faits de violences aggravées dans un bar-restaurant à Monistrol-sur-Loire dans la soirée du 5 au 6 mai 2023. Des scènes d'une grande violence filmées et diffusées sur les réseaux sociaux. Des peines de trois à quatre ans de prison ferme ont été prononcées.
Les faits ont été relatés par la cellule de renseignement de la Gendarmerie nationale au Puy-en-Velay, le 16 mai dernier. Une bagarre d’une violence rare qui fait froid dans le dos.
C’est dans la nuit du vendredi 5 au samedi 6 mai 2023, vers minuit, que le cauchemar s’est déroulé. Une dizaine de jeunes, d’une vingtaine d’année, buvant un verre dans un bar-restaurant à Monistrol-sur-Loire, ont été les victimes de violences extrêmes. Arrivés sur place, vers minuit trente, les gendarmes font le constat de verres sur le sol, de tables retournées et de plusieurs jeunes en sang.
Un regard comme la cause de l'explosion
Selon les faits rappelés à la barre, « tout serait parti d’un regard ». Le groupe de jeunes amis, à la table du bar, repère une Peugeot 208 blanche tourner autour depuis plusieurs heures. Vers minuit, cinq hommes âgés de 18 ans à 31 ans en sortent et pénètrent dans le commerce. L'un deux jette une carafe sur la tête d’une des victime. Ce dernier se défend alors avec une table. Deux des agressés prennent la fuite et se cachent dans un parking à proximité du bar.
"Je me suis vu mourir. J'ai senti mon cœur ralentir et mon souffle s'arrêter"
Deux victimes sont alors "pris en chasse" en voiture par le groupe de jeunes. L'un des deux, blessé aux genoux, tombe au sol, épuisé. Il se fait rouler sur la cheville par la voiture. Gisant au sol, il essuie une tempête de coups répétés. À cinq contre un. "Je me suis vu mourir. J'ai senti mon cœur ralentir et mon souffle s'arrêter", témoigne-t-il, choqué des images qu'il vient de voir sur une vidéo que les agresseurs ont eux-mêmes produite.
Il explique à la barre ne se souvenir de rien, excepté quelques flashs de cette scène. "Quand je regarde la vidéo, c'est là où je me rends compte de la violence. Je ne me souviens de rien hormis que la voiture m'a roulé dessus. Au bout d'un moment, je me suis dit que c'était fini pour moi, que j'allais mourir là".
La scène diffusée sur Snapchat
Que dit la loi ?
Sortir son téléphone portable pour capturer des images plutôt que d'aider un individu peut être qualifié de non-assistance à personne en danger. Un délit puni de cinq ans d’emprisonnement et de 75.000 euros d’amende.
36 secondes. C’est la durée de la vidéo, filmée et diffusée sur le réseau social Snapchat par un des prévenus. De longues secondes qui semblent interminables.
Sur l'écran du tribunal, c'est une scène aussi sordide qu'irréelle qui passe alors. Le slip d'une victime est ôté. Des flots d'insultes sont prononcés tout comme d'innombrables coups infligés sur la personne étendue qui ne semble plus bouger.
Malgré les supplications des amis de la victime, les agresseurs continuent leur danse macabre.
"On appelle ça un massacre, pas un passage à tabac !"
"Une sauvagerie, c'est un euphémisme pour décrire ces images", souligne Fabien Sartre, président du tribunal du Puy-en-Velay. "On appelle ça un massacre, pas un passage à tabac !".Les images agace le président du tribunal, un ressenti amplifié par le comportement des prévenus à la barre qui ne semblent visiblement pas prendre conscience de la gravité des charges qui pèsent sur eux. "Il aurait pu mourir, vous en avez conscience ?", s'énerve le juge envers l'un d'entre eux. " Vous devriez avoir honte de vous !".
La procureure qualifie la scène d'une "violence gratuite" et demande deux ans ferme pour le moins impliqué et jusqu'à trois ans ferme pour les porteurs de coups. Le tribunal a choisi d'être moins clément et les condamne à trois ans ferme pour trois d'entre eux et quatre ans ferme pour les plus impliqués. Les avocats ont annoncé vouloir faire appel.
Une audience qui a fait remonter les émotions
À l'issue de l'audience, l'atmosphère est lourde. La famille de la victime nous confie ne pas s'être sentie en sécurité et avoir même demandé une protection à leur avocat. "On avait peur de représailles, on sentait des regards tout le long de l'audience, mon fils avait peur que ça recommence", témoigne la mère d'une des victimes.
Durant l'audience, le choc se lit sur les visages. Face à la vidéo qui expose la violence de la rixe, les corps tremblent sur les bancs du tribunal. Les heurts qui se répètent encore et encore, le bruit des coups de pieds sur la peau, les supplications..."C'était intenable", partage la maman de la victime, tous deux quittant un moment le tribunal, écœurés par le film.
"Mon fils n'est plus le même"
À la suite de l'audience, la mère du garçon ajoutera enfin : "Depuis notre passage au tribunal, je ne reconnais plus mon fils. Il est complétement effacé, il n'arrête pas de dire que son cœur a failli s'arrêter de battre. Quand il a vu ces images, il se demande encore comment il peut être parmi nous aujourd'hui. Il est marqué à jamais".