Plainte à la préfecture : « Je ne sais pas ce que je fais là »

Par Nicolas Defay , Mise à jour le 15/05/2024 à 04:00

Ce mardi 14 mai, un rassemblement de soutien et de contestation s’est déroulé devant le commissariat de Police au Puy-en-Velay. Après une plainte déposée par l’ancien préfet Eric Etienne à l’encontre de deux représentants syndicaux CGT, les poings se sont ainsi levés bien haut pour « dénoncer la répression syndicale et l’excès d’autoritarisme dont font preuve les services de l’État », dixit la CGT.

« Outrage envers personne dépositaire de l’autorité publique ». Telle est la mention de la plainte déposée par l’ancien préfet de la Haute-Loire, Eric Etienne, contre deux dirigeants du syndicat CGT Intérieur 43.

Sur place, ils sont environ une soixantaine face à l'hôtel de Police du Puy-en-Velay. Parmi eux, Caroline et Marc, les deux personnes convoquées. « Selon le document judiciaire, nous avons commis ou tenté de commettre une infraction d’outrage à personne dépositaire de l’autorité publique, le 13 juin 2023, au Puy-en-Velay, confie Marc. J’attends de voir ce que va me préciser l’officier de police, car, honnêtement, je ne sais pas ce que je fais là ».

« Les tentatives de nous faire taire sur le sujet ! »

Caroline, à ses côtés, partage : « Le 13 juin, nous avons participé à une instance de formation spécialisée qui s’est très mal passée. Mais elle s’est surtout en fait très mal passée à notre encontre ! Nous avons même immédiatement signalé ces faits, et ceci malgré les tentatives de nous faire taire sur le sujet ! »

Militants et "électrons libres" présents devant l'Hotel de Police en soutien aux convoqués
Militants et "électrons libres" présents devant l'Hotel de Police en soutien aux convoqués Photo par Nicolas Defay

« Je pense sincèrement que nos relations sont apaisées »

La rédaction de Zoomdici a sollicité Yvan Cordier, l’actuel préfet de la Haute-Loire, pour qu’il puisse partager son ressenti sur le sujet. « J’ai bien pris connaissance du tract de la CGT concernant les personnes de la préfecture convoquées dans le cadre d’une enquête judiciaire. Mais dans le principe de la séparation de pouvoir, je ne peux commenter une enquête judiciaire en cours ».

Il ajoute : « Ce que je peux vous dire toutefois, c’est que depuis que je suis arrivé, je m’efforce à entretenir des relations normales et respectueuses avec les instances syndicales représentatives, y compris la CGT bien entendu ». Yvan Cordier termine par ces mots : « Je pense sincèrement que nos relations sont apaisées. »

Et certes, il est vrai que de nombreux bruits de couloirs confirment que le changement de préfet et d’une partie de l’équipe encadrante a profondément détendu l’atmosphère qui régnait avant. « Oui, l’ambiance est plus détendue, confirme Caroline. On peut se parler et retrouver un mode d’échange verbal qui se veut correct ».

« Autoritarisme », « propos sexistes, dégradants et vulgaires de la part de l’encadrement »

Durant l’ère Éric Étienne, des courriers et des témoignages qualifiaient la communication entre les syndicats et la direction totalement coupée et anxiogène.

Pour éteindre l’incendie social à l’œuvre dans le bâtiment d’État en 2020, Éric Étienne avait alors commandé un audit (ciagnostic du collectif de travail de la Préfecture de Haute-Loire) en septembre, soit un mois après son entrée en fonction à la préfecture. Cette expertise a été restituée le 1ᵉʳ mars 2021.

Parmi les éléments mis en exergue, 75 % des répondants (24 entretiens individuels et 96 réponses en ligne) avaient indiqué un climat de tension. Des personnes ont déclaré avoir effectué des signalements via la cellule nationale Allo-discri. Les mots-clés retenus étaient « autoritarisme », « propos sexistes, dégradants et vulgaires de la part de l’encadrement », « attitudes agressives, menaçantes ».

"Mener bataille contre les régressions imposées par ce gouvernement". CGT
"Mener bataille contre les régressions imposées par ce gouvernement". CGT Photo par Nicolas Defay

Deux plaintes contre la direction de la préfecture de la Haute-Loire

Puis vint un échange épistolaire épineux sous la forme d’une pétition en date du 28 juin 2022 par 68 agents (sur 153 selon les chiffres du Préfet), et les deux réponses du Préfet du 7 juillet et du 11 août. Le 11 octobre 2022, le « mal-être » de la préfecture se retrouve alors dans la rue, place du Breuil. Le 9 septembre, une plainte est déposée par un militant pour discrimination syndicale. Un ajout de plainte s’y agrège au mois de janvier 2023.

« Nous ne nous laisserons jamais intimider, ni dissuader de mener bataille »

« Depuis qu’elle est présente dans la préfecture, la CGT subit des pressions qui peuvent s’apparenter à de la répression syndicale et qui pénalisent les militants dans leurs fonctions, dénoncent le syndicat via un tract. Pourtant, elle y est majoritaire ».

Il est ajouté : « Nous ne pouvons accepter que cela continue […] Parce que nous ne nous laisserons jamais intimider, ni dissuader de mener bataille contre les régressions imposées par ce gouvernement […], nous apportons notre entière solidarité à Caroline et à Marc et à l’ensemble des militants injustement réprimés ».

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2 commentaires

jeu 16/05/2024 - 09:30

La CGT en fait de TROP !!!!! Elle fait même de la politique GRAVE c'est pas son devoir Voyez le résultat calamiteux avec l'ex Casino de Vals où il s'appose à la loi

mar 14/05/2024 - 20:54

Alors que les Préfets et la haute fonction publique devraient incarner la probité, le respect, le dévouement... on s'aperçoit qu'en Haute-Loire, les dérives sont légions: ex: ancien sous prefet de brioude condamné pour des vols de tableaux à la Sous pref, ancienne inspectrice académique mutée d'office du fait d'un management avec "maltraitance" (dixit l'article de Zoom du 5/09/23), et cet ancien Prefet déjà recadré par la justice administrive sur des dossiers comme le Bois de Bramard.

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