Nouveau gouvernement, impôts, sécurité : Laurent Wauquiez sort (enfin) du silence

Par Clara Serrano , Mise à jour le 03/10/2024 à 06:00

Alors qu'il ne s'était toujours pas exprimé depuis son élection aux dernières législatives, Laurent Wauquiez est sorti du silence ce mardi 1ᵉʳ octobre, à l'occasion de la prise de parole du Premier ministre Michel Barnier. 

Ce mardi 1ᵉʳ octobre était pour l'ex-président de Région et le député Laurent Wauquiez une journée de prises de paroles.

D'abord, à 7 h 40, il a fait son retour pour parler de politique nationale sur les ondes pour la première fois depuis 2019, et pour cela, il a choisi RTL. Il a ensuite poursuivi sa journée jusque sur les bancs de l'Assemblée nationale, où il a réagi, en tant que président de La Droite Républicaine, au discours de politique général du nouveau premier ministre Michel Barnier. 

« On va soutenir Michel Barnier, et on va l'aider à faire une politique de changement », Laurent Wauquiez

Dans un premier temps, c'est avant même que le nouveau chef du gouvernement ne s'exprime, que Laurent Wauquiez l'a fait, au micro de Thomas Sotto. 

Et alors que le journaliste l'interroge d'entrée sur son positionnement vis-à-vis du Premier ministre, le député de la 1ʳᵉ circonscription de Haute-Loire réaffirme son soutien : « Dans la situation dans laquelle on est, il n'y a pas quatre positions. Il y a ceux qui bloquent, et ceux qui apportent des solutions. Donc, on va soutenir Michel Barnier, et on va l'aider à faire une politique de changement. »

Il poursuit : « Comme François Lenglet l'a très bien souligné, il y a beaucoup de domaines où il faut que ça change. »

« On a besoin de plus de fermeté sur la sécurité. Il y a aussi un sujet auquel je suis très attaché, c'est la revalorisation du travail. Je pense qu'on a un système social devenu écœurant parce qu'il ne valorise plus le travail. Et puis on a évidemment cette question qui est quand même très lourde pour notre pays, qui est notre situation budgétaire », énumère-t-il avant de rebondir à nouveau.

« La France empreinte dans des conditions pires que celles de la Grèce. Il faut sortir le pays du "en même temps". Il faut du changement. »

Hausses d'impôts et langues de bois

Thomas Sotto poursuit ainsi, interrogeant Laurent Wauquiez sur son désir ou non de soutenir un gouvernement qui augmenterait le montant des prélèvements d'impôts.

Ce à quoi il répond vaguement au micro : « Dans un pays où il y a autant de gaspillage de l'argent public, la priorité, c'est la baisse de la dépense. Depuis 2021, l'État français a dépensé 250 milliards d'euros en plus. Est-ce que la santé va mieux ? Est-ce que ceux qui nous écoutent considèrent que l'éducation va mieux ? Est-ce que globalement tous nos services publics vont mieux ? Non. »

Thomas Sotto rappelle alors à Laurent Wauquiez le cœur de sa question : « Pour ce qui est des impôts, est-ce une ligne rouge pour vous comme pour Gérald Darmanin qui affirme qu'il ne soutiendra pas le gouvernement s'il les augmente. »

« (...)Si on veut éviter les hausses d'impôts, il faut avoir le courage de dire les endroits où on va baisser la dépense. Cette semaine, avec notre groupe de députés de la Droite Républicaine, on va assumer nos responsabilités et on va mettre sur la table des pistes sur lesquelles on pense qu'on va faire 30 milliards d'économies sur la dépense.  »

Le journaliste relance une dernière fois : « Vous ne répondez pas. Si le budget comprend des hausses d'impôts, que voterez-vous ? C'est oui ou c'est non ? »

« (...) C'est un peu facile de dire qu'il ne faut pas de hausse d'impôts. J'ai géré ma Région pendant sept ans. Je n'ai pas augmenté une seule taxe en sept ans. Parce que j'ai commencé par baisser la dépense. Si on veut avoir la seule vraie conversation qui compte ce matin, c'est à quel endroit est-ce qu'on va baisser les impôts. Il faut mettre les choses dans l'ordre et commencer par baisser la dépense. C'est cet équilibre que je vais regarder. »

« Pendant sept ans, il a été fait n'importe quoi »

Sur le thème de la sécurité, Thomas Sotto interroge le nouveau président de La Droite Républicaine : « Comment faire pour sortir des effets de communication, et obtenir des résultats, être efficace ? »

Alors Laurent Wauquiez répond immédiatement qu'il « n'y a pas de solution miracle, mais des solutions, qui pourraient permettre de renforcer la sécurité et mieux protéger les français ».

Il détaille sa pensée, en prenant l'exemple des centres de rétention administrative : « Prenons l'exemple des centres de rétention administrative. En France, les étrangers qui y sont détenus ne peuvent l'être que jusqu'à 90 jours, avant d'être libérés. Je me suis rendu dans un de ces centres à Roissy. On a affaire à des délinquants dangereux, avec des problématiques de braquages à main armée, de viols, d'agressions sexuelles. »

Et de souligner que « la Droite Républicaine a fait la proposition, et soutiendra Bruno Retailleau, d'augmenter ce délai de 90 à 180 jours. En Allemagne et en Italie, il est d'un an et demi. Je pense que c'est normal que l'on ait les mêmes outils que nos voisins. »

Il réagit d'ailleurs à la prise de parole de Bruno Retailleau, qui a déclaré que « l'État de droit, ça n'est pas intangible, ni sacré ».Et, pour lui, le nouveau ministre de l'Intérieur a eu raison. 

« Ce qui compte, c'est la réalité que dénonce Bruno Retailleau derrière ses propos. Et il a raison. L'État de droit est fait pour protéger les français. Aujourd'hui, c'est devenu extrêmement difficile de prendre des décisions de bon sens. »

« Par exemple, reconduire un terroriste étranger dans son pays, avec la jurisprudence de la Cour Européenne des Droits de l'Homme, c'est devenu extrêmement difficile. Est-ce que ça, c'est l'État de droit ?  Pour moi, l'État de droit, c'est fait pour protéger la démocratie, pas la bloquer. »

« Au cours des années qui viennent de s'écouler, on a assisté à une dérive, pas de l'État de droit en tant que tel, mais de la jurisprudence, qui aboutit à ce que, pour permettre à la police de faire son travail, pour mieux protéger nos frontières, c'est devenu mission impossible. C'est ce qu'on doit changer, et il faut remettre l'État de droit dans le bon chemin et la bonne direction. »

2027 en ligne de mire ? 

« Entre Wauquiez, Philippe et Darmanin, qui est le candidat de la droite en 2027 ? », lance avec malice le journaliste au micro de RTL Matin.

« Je ne sais pas, si vous posiez cette question à Edouard Philippe et Gerald Darmanin, s'ils se considèrent comme candidats de la droite. En tout cas ce qui m'intéresse, c'est bâtir une nouvelle droite, rétorque adroitement l'homme politique avant de poursuivre. Je pense que le "en même temps" n'a pas marché. Demain, si on veut faire naitre un nouvel espoir, il faut que ce soit plus clair, que ce soit une nouvelle droite, qui soit ferme sur la sécurité, et responsable sur le plan économique. »

Il évoque d'ailleurs le départ d'Éric Ciotti de la tête du pari Les Républicains, considérant que c'est une bonne chose, et que suite à cela, « il va falloir tout refonder, j'en ai bien conscience. C'est à cela qu'on va s'atteler, et on va le faire ensemble. ».

Le journaliste procède à une dernière relance sur une éventuelle candidature aux prochaines élections présidentielles

« Est-ce qu'on peut se poser deux secondes et voir tout ce qu'on a traversé en moins de six mois ? On sort d'une dissolution, on a un pays bloqué, on a failli avoir une Première ministre de la France Insoumise. On a fait notre travail, et parfois même en acceptant de changer nos positions initiales. 2027, c'est très loin. On va commencer par faire le travail, on va essayer de le faire correctement, et en soutenant Michel Barnier, pour que ça change. »

« Pour moi le mot clé, c'est la valorisation du travail. C'est le point fondamental de notre pays. Le travail n'est pas récompensé en France. »

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