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"Même sous prod, on se rappelle où on a enterré son enfant"
C'est donc une amie d'enfance qui est venue témoigner au procès d'assises en appel au Puy-en-Velay ce vendredi matin dans l'affaire Fiona.
Elle n'avait qu'une dizaine d'années lorsqu'elle a connu Cécile Bourgeon, qui en avait trois de plus qu'elle. Moins de deux ans plus tard, toutes deux avaient déjà plongé dans la drogue.
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Quelques disputes dans le couple autour de leurs consommations respectives de drogue
"On a toujours pris de la came", se remémore vaguement la jeune femme, aujourd'hui maman et sous traitement de substitution, "mais elle n'en a jamais pris non plus sous le nez de Fiona, et je ne l'ai jamais vue la frapper. C'était une bonne mère, elle s'en occupait bien, parfois elle la mettait au coin, mais jamais avec violence". Interrogée par la cour, elle précise également qu'elle n'a jamais constaté de bleus ou d'hématomes sur Fiona.
Avec son ex-compagnon, le père de Fiona, c'est Cécile Bourgeon qui assurait l'essentiel des responsabilités selon la témoin : "c'est elle qui se levait le matin pour aller bosser". Le couple va héberger la jeune femme et son copain de l'époque pendant huit à neuf mois. L'occasion d'assister à quelques disputes, le plus souvent à propos de drogue, "pour des trucs du genre : elle en a plus tapé que lui", comprendre qu'elle en a plus consommé que lui.
Dans les squats, ils mettent les enfants devant la télévision le temps de s'administrer leurs doses
Si elle n'a rien de spécial à reprocher au père de Fiona, la témoin ne cache pas son hostilité pour Berkane Maklouf en revanche : "je n'ai jamais pu sentir ce type, il avait fait de la prison avec mon mec et il était hyper jaloux et possessif avec Cécile". Dans un squat de Clermont, Cécile et Berkane amènent régulièrement Fiona et sa petite soeur, qu'ils mettent devant la télévision le temps de s'administrer leurs doses. La témoin déclare même leur avoir "payé une trace", entendre une dose d'héroïne.
En l'absence de Cécile Bourgeon, Berkane Maklouf est seul pour se défendre et il n'entend pas se laisser faire : "arrêtes un peu, tu dealais de l'héro, tu ne nous l'as pas offert, tu nous as ensuite demandé de te rembourser", explique-t-il au tribunal.
----La thèse de l'accident
Il plane au-dessus du procès une thèse, celle de l'accident, qui devrait être la ligne de défense des accusés. Fiona aurait avalé de l'héroïne ou un substitut, ce qui aurait causé sa mort. Mais ce genre de produit n'a pas l'aspect d'une fraise tagada et la mise en bouche serait suffisament amère pour rebuter un enfant. Des spécialistes devront se prononcer sur la question.-----Un qualificatif pour décrire Cécile Bourgeon ? "Perverse, pour avoir fait croire que Fiona a été enlevée alors qu'elle savait qu'elle était morte"
Cécile Bourgeon et son amie d'enfance et de "défonce" se sont finalement disputées. Elles ont d'abord gardé une relation épistolaire pendant l'incarcération de l'accusée mais "au dernier procès, j'ai dit que je ne la crois pas, même sous prod, on se rappelle où on a enterré son enfant. Depuis elle me fait la gueule mais c'est la vérité, moi j'aurais bien aimé la voir en face aujourd'hui".
Interrogée par Maître Grimaud, qui défend l'association "Innocence en Danger", elle a reconnu que dans le contenu de cet échange de lettres, jamais Cécile ne mentionnait Fiona, alors qu'elle évoquait régulièrement sa petite soeur. L'avocate lui demande enfin un qualificatif pour décrire Cécile Bourgeon. "Influençable", répond-elle dans un premier temps, avant de rectifier le tir : "en fait plutôt perverse, pour avoir fait croire que Fiona a été enlevée alors qu'elle savait qu'elle était morte".
Maxime Pitavy
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