Le sang de Naussac perfuse son Allier

Par Nicolas Defay , Mise à jour le 02/07/2025 à 15:30

Après un étiage limité à l'été 2024, les lâchers d'eau de la retenue de Naussac dans la rivière Allier ont adopté, depuis la mi-juin, un rythme intense et continu. Malgré l'immense réserve d'eau reconstituée, l'Établissement Public Loire assure être aux aguets pour ne pas revivre l'hécatombe d'il y a deux ans.

Le 15 mai 2022, premier jour d’étiage de cette année-là (étiage signifie « lâché d’eau »), le lac de Naussac ne contenait alors que 77 % de sa capacité.  Au 10 août, il était déjà vide de moitié. Chaque jour, 864 000 m³ d'eau sont puisés dans son corps pour soutenir la rivière Allier, elle-même assoiffée. 

L'année suivante, le 25 septembre 2023, 73% de l'eau de Naussac manque. Apparait alors un squelette de terres et de pierres, entourant les vestiges d'une vie engloutie, il y a près de 40 ans. 

En 2024, si l'été est pourri pour les humains, il est salvateur pour le Survivant de Naussac. Ce dernier renfloue son organisme de pluie pour se gonfler à bloc, accaparant son poids de forme du haut de ses 183 millions de m3 d'eau. 

"Depuis le 14 juin, les lâchers d’eau depuis le barrage de Naussac ont débuté"

Ce premier jour de juillet 2025, L'Établissement Public Loire, gestionnaire de la retenue d'eau de Naussac, a annoncé les premières grandes saignées pour alimenter "la dernière rivière sauvage d'Europe".

La société précise en ce sens : "Depuis le 14 juin, les lâchers d’eau depuis le barrage de Naussac ont débuté pour soutenir le débit de l’Allier. Le soutien s’est d’abord concentré sur la partie amont, notamment à la confluence Allier-Chapeauroux".

Avant d'ajouter : "Toutefois, face aux fortes températures et au déficit de précipitations de ces dernières semaines, les besoins se sont rapidement étendus à l’aval, nécessitant un apport renforcé".

"À ce jour, les lâchers assurés par Naussac atteignent 6 m³/s pour répondre aux objectifs de soutien d’étiage". Établissement Public Loire

"... surtout face à des épisodes météorologiques extrêmes"

L'Établissement Public Loire craint la poursuite de très fortes chaleurs, sans précipitations significatives à venir. "Dans ce contexte, le soutien d’étiage depuis l'ouvrage va se poursuivre progressivement, sans que l’on puisse, à ce stade, en déterminer la durée", admet le gestionnaire.

"Une situation qui rappelle que, même avec un stock d’eau optimal, la gestion de la ressource en eau demeure un défi quotidien et collectif, poursuit-il. Il nécessite une approche prudentielle des stocks et une vigilance de chacun dans les différents usages, surtout face à des épisodes météorologiques extrêmes". 

Selon le site l'Établissement Public Loire, actualisé à ce mercredi 2 juillet 12 h 05, le débit sortant de la retenue d'eau de Naussac est d'un peu plus de 7 m³/seconde. Le volume restant du lac est de 173,3 millions de m³, soit 94% de sa capacité. 

Du côté de Villerest (42), même diagnostique 

Sur la Loire, les premières opérations de soutien en pied de barrage de Villerest, doté quant à lui d’un volume d'un volume de 130 millions de m³ d'eau, ont été engagées les 28 et 29 juin. Si le soutien par le barrage de Villerest reste, pour l’instant, limité à 12 m³/s, il pourrait augmenter dans les prochains jours.

 

 

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