« La Région laisse se dégrader les lycées déjà en mauvais état »

« À l'automne dernier, nous avons fait une demande d'évaluation du plan Marshall des lycées. Cette évaluation peut être accordée dès lors qu'un cinquième des conseillers régionaux s'assemble (50 conseillers et conseillères régionaux ont participé, Ndlr), puis elle est souvent accordée dans la tradition républicaine. Mais après plusieurs échanges, la demande est rejetée. Nous comprenons alors que nous n'aurons jamais accès à ce bilan. » Fabienne Grébert, co-présidente du groupe Les Écologistes au conseil régional. 

Ainsi les conseillers régionaux des groupes de gauche et écologistes ont pris la décision de réaliser, par eux même, une mission d'information et d'évaluation : « Mission lycées ».

Une plateforme a alors été créée sur le web pour permettre à tous les élèves et parents d'élèves des lycées de la région et aux professionnels de l'éducation nationale y exerçant, de répondre à un questionnaire de satisfaction de leur établissement, et de poster des photos ou vidéos illustrant leurs propos.

« Des températures inadaptées, des sanitaires insalubres, etc. C'est inacceptable »

Le bilan fait état de nombreux problèmes pourtant sensés être résolus avec un tel budget alloué aux lycées. Il s'agit d'ailleurs du second budget d'Auvergne-Rhône-Alpes.

Pourtant, les lycéens et lycéennes ont partagé sur la plateforme dédiée à Missions lycées, de nombreux cas de mauvais état des matériels : sanitaires insalubres, radiateurs inutilisables, mauvaise isolation, restauration trop chère, etc.

« Les températures dans les classes sont souvent trop chaudes en été, trop froides en hiver. Les sanitaires sont souvent insalubres. Les conditions sont inacceptables pour certains élèves » souligne Fabienne Grébert, avant d'ajouter : « D'autant plus que cela permettrait d'importantes économies énergétiques. Très peu d'efforts ont été faits en ce sens. »

« Une culture de l'excellence assumée »

À l'issue donc de plusieurs mois de consultation,  5 716 élèves ont pu participer et les conseillers régionaux ont pu dresser un classement des lycées de la région, et établir un bilan sur leur état global. 

Parmi les faits les plus marquants, on remarque notamment que selon les territoires, de grandes disparités se dessinent. Par exemple, en Haute-Loire, la moyenne de l'ensemble des lycées atteint une note de 7,26/10. Ceux de l'Ain n'atteignent même pas la moyenne, avec une note de 4.77/10. « Comme par hasard », lance la conseillère régionale. 

Le lycée Léonard de Vinci arrive d'ailleurs en tête du classement avec une note de 8.61/10. Les lycée Charles et Adrien Dupuy se classe 3e, avec une note de 6.97. 

« Un investissement au bénéfice des lycées privés »

Une grande hétérogénéité, se ressent également selon la co-présidente du groupe Les Écologistes, entre les lycées publics et privés. En effet, sur le compte X (ex-twitter) dédié à la Mission lycées, on retrouve un graphique assez parlant : « 22 % d'investissement supplémentaires depuis 2015 pour le public (insuffisant pour couvrir la hausse du nombre d'élèves et l'inflation)...et 273% supplémentaires pour le privé ! »

Laurent Wauquiez prétend n'avoir jamais autant investi pour les #lycées. Mais au bénéfice de quel type de lycées ?

?+22% d'investissement depuis 2015 pour le public (insuffisant pour couvrir la ? du nb d'élèves et l'inflation), +273% pour le privé !

➡️ https://t.co/VWy0wYjsSQ pic.twitter.com/V9HObE8g14

— Mission Lycées (@MissionLycees) November 21, 2023

« La Région laisse se dégrader les lycées déjà en mauvais état »

Par ailleurs, le rapport de Missions lycées souligne des disparités liées à l'indice de position sociale (IPS) des établissements. Ainsi, cet indice a été croisé avec les notes moyennes des établissements.

Condensés, ces résultats dessinent une courbe de tendance linéaire, révélatrice : « Les lycéens des établissements les plus favorisés socialement considèrent en moyenne que leur lycée est en meilleur état que ceux des lycées les moins favorisés. » Fabienne Grébert souligne alors : « La Région laisse se dégrader les lycées déjà en mauvais état. »

La conseillère régionale déplore d'ailleurs : « En 14 ans, seulement un lycée a été construit dans toute la région. » Pourtant, le nombre total d'élèves est en nette augmentation et ne devrait pas cesser de croître dans les prochaines années. L'Insee prévoyait d'ailleurs 45 000 élèves supplémentaires dans les lycées de la Région, sur la période 2017-2030. 

« 30 propositions, pour une éducation digne de ce nom en Aura »

À l'issue de ces analyses, les conseillers régionaux de gauche et écologistes ont tenté de mettre au point plusieurs propositions pour offrir aux élèves d'Auvergne-Rhône-Alpes de meilleures conditions d'éducation, mais aussi pour les conditions de travail des professionnels éducatifs.

La création d'un Conseil Régional Jeunes, l'entretien des sanitaires, l'amélioration de l'accessibilité aux personnes en situation de handicap et l'instauration d'une tarification sociale ont notamment été évoqués. Au total, 30 mesures ont été mises sur la table par les groupes de gauche et écologistes.