Éoliennes sur le plateau de Pardines : la fin d'un combat de dix ans ?

C'est une lutte entre deux camps qui a débuté il y a maintenant dix ans. La société Futures Énergie Plateau de Pardines, filiale d'Engie Green, souhaitait installer quatre mâts de 156 mètres sur le plateau de Pardines, surplombant Perrier. Dans la foulée, en 2014, les locaux de Pardines, Perrier, Issoire et de l'agglomération s'étaient rassemblés dans une association : "quel horizon pour le Pays d'Issoire ?"

À sa tête, Joël Perron, président heureux mais prudent, après l'annonce de l'arrêt du projet. "Je suis très content du dénouement, tel qu'on peut le prévoir dans cette affaire. Pour l'instant, nous avons une lettre d'intention d'Engie, mais matériellement, ce n'est pas encore concrétisé par un acte administratif quelconque. Je crois que ce que je vois", alerte le président. Avant la dernière scène de cette histoire, l'association va donc poursuivre ses procédures en cours. Et il y en a eu des procédures...

D'abord au tribunal administratif de Clermont-Ferrand, puis à la cour d'appel de Lyon. À chaque fois, Quel horizon pour le Pays d'Issoire ? a perdu. "Nous avons déposé un recours au Conseil d'État, le 27 juin dernier, il est toujours en cours. Il ne sera retiré qu'une fois que j'aurai la confirmation du retrait du projet. Tant que nous n'avons pas l'annulation de l'autorisation d'exploiter d préfet, on continue la procédure", précise Joël Perron.

La chasse aux petits détails

Les arguments pour la longue procédure du recours au Conseil d'État (qui dure deux ans), sont prêts du côté de l'association. Les habitants souhaitaient attaquer sur deux fronts, d'abord pour insuffisance d'étude environnemental et ensuite pour l'absence d'une dérogation de destruction d'une espèce protégée.

"Un tel projet d'éolien, nécessite un dossier très complexe, c'est impossible d'avoir une copie parfaite. Donc on a regardé chaque virgule, chaque point-virgule. Ce sont des petits détails qui nous ont permis de nous battre, alors que le sujet est essentiel pour nous", explique Joël Perron. En plus des recours administratifs, l'association a multiplié les actions au cours de ces dix dernières années, pétitions, manifestations, rencontres avec les élus. 

Des politiques combattant de leur côté

Tout cela ne sera sûrement pas nécessaire, si Engie tient parole. Mais pas inutile pour le président de l'association : "La durée des procédures, le travail des politiques, notre mobilisation, tout cela ont fait que le promoteur s'est lassé. C'est un travail d'équipe, mais non synchronisé". Car la bataille s'est également jouée du côté politique, au niveau des maires locaux.

"Je remercie tous les maires qui nous ont aidés, je pense à Bertrand Barraud (maire d'Issoire), à Bernard Roux (maire de Perrier) ou encore à Josiane Gomes-Letellier (maire de Pardines), qui ont fait le travail qu'ils pouvaient. Même si, je reste sur la réserve, aucune mairie et pas plus que le Pays d'Issoire ne nous ont accordé de subventions pour réaliser nos actions en justice. Cela a créé des frais importants, que l'association a supporté par son organisation et par la bienfaisance de ses membres. En dehors des grands discours, on n'a pas eu grand chose", regrette le président. Un manque de soutien affiché alors que la contestation a rassemblé jusqu'à 800 personnes en plein mois d'août lors de l'enquête publique en 2015.

"Un projet ahurissant"

Mais l'important est ailleurs, le combat semble gagné, alors qu'il est rare qu'une telle initiative d'opposition l'emporte au bout. "Il apparaît que ce soit Monsieur Barraud qui ait remporté la victoire, en s'adressant aux dirigeants d'Engie, c'est tant mieux. Ce n'est vraiment pas important de savoir qui a gagné, ce qui compte, c'est que la région d'Issoire soit délivrée d'un projet ahurissant d'installation d'éoliennes sur le plateau de Pardines."