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Des chaussures rouges sang pour dénoncer les féminicides
Le 25 novembre est la journée internationale pour l’élimination des violences faites aux femmes. Afin de rendre hommage aux 102 femmes tuées sous les coups de leur conjoint (ou ex) en 2020, le Cidff organise plusieurs actions chocs dans le département.
102. Encore un chiffre de la honte. Celui que la France traîne comme de lourdes chaînes dans une terre ensanglantée par les féminicides. 102 femmes battues à mort, défenestrées, étranglées, martelées jusqu’à leur denier souffle par leur compagnon ou leur ancien partenaire. Certes, en 2019, ce sont 146 victimes qui ont ainsi perdu la vie. Bien plus donc que l’année écoulée. Mais l’Hexagone reste l’un des pays européens où ce phénomène est le plus élevé. Si rares sont les États qui détiennent des comptes sur le sujet, la Belgique enregistre 24 féminicides en 2020. L’Italie ? 67. L’Espagne ? 45. La France...presque autant que c’est deux derniers pays réunis.
« Il faut vraiment entendre qu’il n’y a pas de profil type de victime. Tout le monde est concerné par les violences au sein du couple quel que soit le statut social, le statut d’habitation, en milieu rural ou urbain ». Élodie Arsac, directrice du Cidff 43
« Nous tenons à rendre hommage à toutes ces femmes décédées »
Non pas pour tenter de refermer cette plaie ouverte, le Cidff 43 (Centre d'Information sur le Droit des Femmes et des Familles) organise plusieurs actions pour justement mettre le doigt dedans afin de sensibiliser le public face à l’hécatombe. « Comme chaque année, nous tenons à rendre hommage à toutes ces femmes décédées, explique Arlette Arnaud-Landau, présidente du Cidff 43. Afin de montrer que le phénomène ne s’atténue pas, bien au contraire quand on connaît les premiers chiffres de 2021, plusieurs rendez-vous sont prévus dont une grande manifestation au Puy et à Yssingeaux ».
« Nous appelons toutes et tous à se réunir le jeudi 25 novembre à 10 heures au centre d’Yssingeaux et le samedi 27 novembre, même heure, devant le théâtre du Puy-en-Velay. Ensemble, nous sommes plus forts. Ensemble, nous sommes plus visibles. Ensemble pour que personne ne se sente seul et démuni dans un quotidien de coups et d’intimidations ». Arlette Arnaud-Landau
Infos pratiques :
Vous pouvez confier vos chaussures au Cidff 43, 2, rue André Laplace au Puy-en-Velay.
Atelier peinture le 10, 15 et 17 novembre à la même adresse. Inscription obligatoire au 04 71 09 49 49.
Manifestation Chaussures rouges le jeudi 25 novembre dès 10 h dans le centre d’Yssingeaux et le samedi 27 novembre devant le théâtre du Puy-en-Velay.
Le mercredi 24 novembre à 20h au centre culturel de St-Germain-Laprade : soirée d’information sur le thème des violences conjugales.
« Pourquoi rouge ? Pour le sang »
Le 25 novembre dans la cité yssingelaise et le 27 novembre au Puy-en-Velay, l’opération Chaussures rouges se mettra alors en marche. « Pourquoi rouge ?, répète Arlette Arnaud-Landau. Pour le sang. Dans ces deux villes, jour de marché, nous allons exposer autant de chaussures rouges que de femmes tuées dans l’année 2020. Nous allons lire des textes sur le thème du féminicide. Nous allons également disposer, pour ceux qui souhaitent s’associer à l’opération, des chaussures rouges derrière la vitrine des commerçants afin qu’ils expliquent à leurs clients le pourquoi de cette action. »
Les chaussures rouges font référence à l’artiste mexicaine Elina Chauvet et à son œuvre baptisée Zapatos rojos. Cette création de 2009 a été imaginée en réaction à la mort de sa sœur sous les coups de son mari.
Des bombes pour la bonne cause
Mais comment réunir plus de 200 paires de chaussures rouges, 102 pour les manifestations, et le reste pour les commerçants ? « En fait, nous avons récupéré des chaussures de couleurs diverses à Emmaüs et de plusieurs donateurs, précise Arlette Arnaud-Landau. Puis nous avons planifié quatre ateliers peintures durant le mois de novembre avec des jeunes comme ceux du Relais ado de Guitard ou encore de l’École de la deuxième chance. Équipés de bombes de peinture, ils peignent une à une tout le stock de chaussures. »
Les violences conjugales dans la France de 2020 ? C’est ça ▼
102 femmes décédées
86 % des faits se sont déroulés à domicile
Dans 30 % de cas, les faits sont précédés d’une dispute
24 % ont lieu dans le contexte d’une séparation
Les auteurs sont à 82 % des hommes de nationalité française, âgé de 30 à 49 ans (43%) ou de plus de 70 ans (22%), sans emploi ou retraité (66%)
Les victimes sont en majorité des femmes âgées de 30 à 49 ans (40%) ou ont plus de 70 ans (21%)
Dans plus de la moitié des cas (52%), de l'alcool, des stupéfiants ou des médicaments psychotropes ont été consommés par l'auteur ou sa victime.
« En 2018, elles étaient 97 à venir au Cidff 43. En 2020, plus de 200 ont fait appel à nos services »
Le Cidff accueille les victimes de violences conjugales, qu’elles soient physiques, psychologiques ou économiques. « La structure apporte d’abord une écoute aux femmes (et hommes) qui viennent chez nous, confie Élodie Arsac, directrice du Cidff 43. Puis nous leurs faisons prendre conscience qu’elles sont bien des victimes, que ce qu’elles subissent n’est pas normal. Nous actionnons ensuite tous les leviers possibles en fonction de leur situation, juridiques ou d’hébergements ». Elle ajoute : « D’année en année, nous accompagnons de plus en plus de personnes. En 2018, elles étaient 97 à venir au Cidff 43. En 2020, plus de 200 ont fait appel à nos services ».
Cette affluence est si marquée que le Cidff a dû embaucher en plein temps une seconde juriste. « Cela prouve que l’information passe et que les femmes savent où venir chercher des conseils et l’aide dont elles ont besoin », termine Arlette Arnaud-Landau.
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