50ème anniversaire : "Le chemin a été long pour, enfin, obtenir le droit à l’IVG"

, Mise à jour le 17/01/2025 à 17:00

En cette date symbolique du droit des femmes, les bénévoles du Planning Familial du Puy-en-Velay, siège départemental de la Haute-Loire, ont célébré le 50ᵉ anniversaire de la loi sur l’IVG promulguée à l’Assemblée Nationale par Simone Veil le 17 janvier 1975. Martine Pierron, Rolande Bringer, Claudine Gellet et Geneviève Bonnet-Boyer ont rédigé, pour cette occasion, un discours poignant et engagé.

C’est avec beaucoup d’émotion que Geneviève Bonnet-Boyer introduit sa lecture par une rétrospective des grands moments qui ont marqué le combat pour l’IVG. Elle rappelle qu’avant 1975, en France, « au moins 300 000 femmes ou jeunes filles avortaient clandestinement chaque année, entraînant des risques graves d’infections, de stérilité et 2 500 décès, sans compter celles que la détresse conduisait à l’infanticide ou à l’abandon du nouveau-né. Le chemin a été long pour, enfin, obtenir le droit à l’IVG ».

343 héroïnes 

Le 5 avril 1971 est marqué par le « Manifeste des 343 » à l’origine de la lutte, avec 343 femmes connues déclarant publiquement avoir avorté illégalement. En 1972, a lieu le procès de Bobigny où l’avocate Gisèle Halimi obtient la relaxe pour une jeune fille de 17 ans accusée d’avoir avorté après un viol. «  Une vibrante plaidoirie pour le droit à l’avortement ».

Aiguilles à tricoter, cintre et autres moyens

Simone Veil, alors ministre de la Santé dans le gouvernement de Jacques Chirac, parvient à faire voter la législation de l’avortement pour répondre aux attentes de la société, faisant face à une majorité d’hommes insultants et parfois menaçants dans l’hémicycle de l’Assemblée Nationale.

Elle argumente son projet par la nécessité de donner un cadre légal et sécurité à cette pratique qui, jusqu’alors, se faisait au péril de la vie de milliers de femmes. Fini les aiguilles à tricoter, le cintre et autres moyens auxquels elles avaient recours.

« La loi sera promulguée le 17 janvier 1975, une première grande victoire pour les femmes ! »

Avant 2014, la femme devait justifier son choix 

Depuis lors, la mobilisation de nombre de femmes et d’hommes ne cesse de croître pour exiger des améliorations pour cette loi. C’est ainsi que le 27 janvier 1993, l’entrave à l’accès à l’avortement devient un délit et, le 17 décembre 2012, l’avortement est remboursé à 100 %.

Le 14 août 2014, la notion de « détresse » est supprimée de la loi sur l’IVG afin de garantir l’égalité, la femme n’ayant plus besoin de se justifier. Le 2 mars 2022, le délai légal pour avorter est allongé de 12 à 14 semaines.

En cette époque où les avortements étaient faits dans l'ombre d'un sous-sol au Puy

Les bénévoles du Planning Familial du Puy-en-Velay, ne comptant que des femmes pour le moment, confient s'être engagées par conviction. Elles se souviennent encore de l’époque où, au Puy-en-Velay, les avortements étaient encore pratiqués dans un sous-sol, près de la morgue.

Le Planning Familial a pris part aux revendications telles que l’allongement des délais légaux pour avorter, l’anonymat pour les mineures, le remboursement de l’IVG, le recours possible à l’IVG médicamenteux, et dernièrement, son inscription dans la Constitution le 4 mars 2024 avec « la liberté garantie à la femme d’avoir recours à une interruption volontaire de grossesse ».

Le Planning Familial en Haute-Loire est composé de 3 groupes locaux :

- Celui du Puy-en-Velay, siège départemental. Pour les actes médicaux, les personnes sont orientées vers le centre hospitalier Émile-Roux, qui dispose d’un Centre de Santé sexuelle.
- Celui de Monistrol-sur-Loire, avec une permanence médicale
- Celui de Brioude, avec une permanence médicale

Le Planning Familial se charge d’accueillir, écouter, accompagner, informer les personnes pour tout ce qui concerne la notion de consentement, la notion de genre, la contraception, la sexualité, l’orientation sexuelle, la contraception féminine et masculine, ou encore les violences sexistes et sexuelles. L’accueil est anonyme et gratuit. Les bénévoles interviennent également dans les établissements scolaires pour sensibiliser les élèves et dispenser de cours EVARS.

LES CONDITIONS D'ACCÈS À L'IVG EN FRANCE AUJOURD'HUI

Seule la personne concernée peut en faire la demande.
Pris en charge à 100% par l'Assurance maladie (avec dispense totale d'avance des frais pour les femmes assurées sociales, les mineures et les bénéficiaires de l'aide médicale d'État).
Les mineures n'ont pas besoin d'une autorisation parentale, mais doivent être accompagnées par une personne majeure de leur choix.
Possibilité d'anonymat total.
Il n'est pas nécessaire d'avoir la nationalité française pour l'IVG

Avant 7 semaines : IVG médicamenteux
Après 7 semaines : IVG instrumental (chirurgical)
Possible jusqu'à 14 semaines (soit 16 semaines après le 1er jour des dernières règles).
Aujourd’hui, il n’existe plus de délai de réflexion imposé en matière d’avortement.

Défendre le droit des femmes 

Aujourd’hui, le Planning Familial continue d’œuvrer pour défendre le droit des femmes. Il réclame encore des améliorations, notamment l’accès de ce droit pour les femmes migrantes et les personnes LGBT+ ainsi que le remboursement automatique à toutes les personnes ayant recours à l’IVG.

Des esprits encore moyenâgeux   

Bien que l’opinion publique soit quasi unanime sur la légitimité de ce droit à l’avortement, celui-ci se confronte encore à des revendications dites « pro-vie », à travers des associations telles qu’Alliance Vita ou encore Laissez-les vivre. 

« Des forces conservatrices, masculinistes, œuvrent partout contre ce droit, faisant même basculer des états progressistes dans une régression jamais imaginée, comme aux USA... »

Le discours se conclut ainsi : « N’oublions pas la génération des femmes qui se sont battues pour nos droits. Si nous nous efforçons de continuer leur combat aujourd’hui, et celui de Simone Veil, nous faisons confiance aux jeunes générations, pour empêcher toute remise en cause de nos acquis, en particulier le droit à l’avortement. » 

Julie B

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