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A la rencontre des acteurs locaux de la Street-Culture

Par . . , Mise à jour le 25/06/2023 à 06:00

Ce week-end, la place du centre Pierre  Cardinal  a de faux airs de parvis de La Défense ou de Seine-Saint-Denis : la Hip-Hop Académie y met à l'honneur la " Street-Culture". Un évènement à ne pas manquer pour ceux qui désireraient s'essayer gratuitement à l'une de ses pratiques. Pour les autres, on a tenté de partir à la rencontre des quelques figures locales ou régionales adeptes de ce mode de vie afin que plus rien ne vous échappe en matière de culture urbaine.

La Street Culture et le Hip-Hop à l'usage des ruraux non initiés 

La Street Culture fait référence au mouvement Hip-Hop qui a vu le jour aux Etats-Unis au début des années 70 et s'est développé en France à partir des années 80. Très underground au début et uniquement confinée à quelques quartiers de la grande couronne parisienne, elle s'inscrit désormais totalement dans la culture populaire qu'elle contribue régulièrement à alimenter et à renouveler.

Elle se compose d'expressions artistiques diversifiées qui se rassemblent  toutefois autour de trois pôles : musical (rap et ragga), corporel (break dance et freestyle) et graphique (tag et graff) et s'exprime par un langage (street -language) , un look (street fashion) et un certain style de vie.

La Street Culture se compose de disciplines variées dont le graff Photo par jfp

En Haute-Loire, elle compte de plus en plus d'adeptes et de nombreux acteurs.

Victor Moutbeka, "the godfather" 

On pourrait le surnommer " Godfather of Altiligerian's hip hop" , le "parrain du hip hop altiligérien ", lui préfère qu'on l'appelle par son prénom, tout simplement. Victor Moutbeka est le fondateur de de la Hip-Hop Académie créée en 2014 pour regrouper et fédérer plus d'une cinquantaine de danseurs venus des quatre coins du département et surtout faire découvrir et promouvoir les cultures urbaines dans un département plutôt très rural, la Haute-Loire.

Victor Moutbeka (à droite) , le parrain du Hip-Hop altiligérien Photo par jfp

Il est tombé dans le Hip Hop par le biais du judo : "Les mouvements du breakdance se rapprochent beaucoup de la motricité au sol des judokas. C'est quand je me suis rendu compte de tout ça, quand j'avais 17 ans, que je me suis intéressée au Hip Hop". Et puis cette nouvelle passion ne le lâche plus. Il s'y lance "à fond" et pratique " à l'extrême" jusqu'à devenir une référence en la matière. Sur le parvis de La Défense à Paris, notamment. The place to be pour tous les amateurs de cultures urbaines. Jusqu'à devenir un modèle pour les plus jeunes, ce qui l'amène à créer une première association, en région parisienne, pour former les "petits frères". 

"Je voulais absolument faire sortir le Hip-Hop du cliché dans lequel on l'enferme encore trop souvent"

Pourquoi HIP et pourquoi HOP?

Le Hip à plusieurs étymologies : le mot "branché" ( to be hip signifiant en anglais être à la mode) et l'argot " débrouillardise. Le Hop est une onomatopée du saut. On doit la paternité du terme Hip-Hop à Afrika Bambaataa, l'un des créateurs du mouvement et fondateur de la Zulu Nation.

Les hasards de la vie le font finalement quitter la région parisienne pour s'installer en Haute-Loire et se lancer dans l'événementiel et la production avec le défi de faire connaitre et promouvoir les cultures urbaines dans un des départements les plus ruraux de France : " Je voulais absolument faire sortir le Hip-Hop du cliché dans lequel on l'enferme encore trop souvent, celui du jeune de banlieue, parce que les cultures urbaines sont une composante de la culture populaire et doivent donc toucher tout le monde".

Pari réussi. La Hip-Hop Académie compte aujourd'hui pas loin d'une centaine d'élèves sur l'ensemble du département et son grand show annuel rassemble chaque année de plus en plus de curieux " venus découvrir cette culture composée à la fois de danse, de musique, de sport et d'art en général".

Alexis ou les origines africaines du Hip-Hop

" Les racines du Hip-Hop sont africaines"

Alexis est venu, pour l'occasion, de l'autre bout de la région. Il a été pendant longtemps, l'un des chanteurs de la compagnie Mbeng'tam, un groupe de danseurs et de musiciens traditionnels gabonnais. Victor a tenu à ce que cet artiste soit présent au Puy, pour faire voyager les ponots à l'occasion d'un petit concert, mais surtout parce que les racines du Hip-Hop sont à "chercher du côté de l'Afrique". Alexis, abonde dans ce sens : " Ma prestation de ce soir invite à remonter aux racines du Hip-Hop qui sont africaines. C'est clair pour tout le monde que le phrasé du rap, par exemple, privilégie plus le beat que la mélodie, les percussions, qui peuvent rappeler les tam-tams de l'Afrique. Quant à la danse, c'est presque du copié-collé des danses traditionnelles africaines sur certaines figures". 

Pour Alexis, les racines du Hip-Hop sont africaines Photo par jfp

DJ Tayo et la Melting Force Crew

Dans la culture hip-hop, le Djing  (l'art du DJ, le Disc-Jokey) consiste à passer des disques simultanément en les mélangeant et en les modifiant. Le DJ, utilise pour cela plusieurs platines. C'est lui qui accompagne les danseurs ou les chanteurs de rap. DJ Tayo fait partie du crew stéphanois Melting Force qui compte parmi la crème du breakdance et s'est forgé une solide réputation dans le monde des battles en France et même à l'international.

"Mon instrument à moi, ce sont mes deux platines et ma table de mixage"

Derrière ses platines, à l'ombre des platanes, juste avant les battles, il nous explique les bases de son art : " Mon instrument à moi, ce sont mes deux platines et ma table de mixage. Je dois être très agile dans la manipulation des vinyles et dans les séquences que j'enchaine. Aujourd'hui ce sera surtout des séquences de Eminem ou Dr Dre. En Battle, comme aujourd'hui, on est sur de l'improvisation, on doit regarder les danseurs pour être sur leur rythme, et eux par contre, ils doivent bien écouter notre son, c'est du donnant-donnant".

DJ Tayo et ses platines Photo par jfp

Les B-Girls, les B-Boys et les Battles

"C'est très important d'utiliser les bons termes (...), le B fait référence au Bronx"

Pour une personne étrangère à la culture hip-hop, le vocabulaire du breakdance peut être très déstabilisant. On pourrait penser, naïvement, qu'un danseur de breakdance est un "breakdancer". Et bien non, c'est un "breaker", un "B-Boy" ou une "B-Girl" et "c'est très important d'utiliser les bons termes" nous explique un B-Boy venu tout droit de Suisse, quelques minutes avant sa prestation : " Le B fait référence au Bronx, car cette danse a été inventée dans ce quartier de New-York. Cette danse, c'est tout un art, mais c'est aussi une culture et un mode de vie que moi, j'ai adoptés. C'est une manière de parler, d'écouter de la musique et même de parler et de marcher!".

Une B-Girl et un B-Boy s'affrontent à l'occasion dune battle Photo par jfp

Les B-Boys et les B-Girls se produisent généralement en solo ou en groupe, en utilisant une variété de mouvements plus acrobatiques les uns que les autres. Ils peuvent également s'affronter lors de "battles" (ou duels) en session d'improvisations, sur une musique qu'ils ne connaissent pas. C'était le cas, cet après-midi. Parmi les membres du jury, quelques pointures régionales. Explication avec l'un d'entre eux : " On juge les danseurs sur leur écoute de la musique, leur présence sur scène, leur technique et leur style. A la fin de l'épreuve, on tend chacun sa main vers celui qu'on désigne comme vainqueur. S'il y a égalité, on croise les mains. Dans ce cas là, ils doivent refaire un passage. c'est le tie-break, comme au tennis".

Le jury de la Battle du samedi Photo par jfp

Rodolphe, "BMX rider"

" Il y aura des épreuves de BMX Freestyle aux JO de Paris"

Rodolphe a une trentaine d'années. Originaire de Clermont-Ferrand, c'est un adepte du BMX Flatland. Ça ne vous évoque rien? Pas de souci. Entre deux initiations sur le bitume chaud bouillant, il a accepté de nous présenter sa discipline : " Le Flatland, c'est d'abord une forme de Freestyle, ce sport urbain qui se pratique en skate ou en BMX et qui cherche à privilégier les figures de style plutôt que la vitesse. Il se pratique, comme son nom l'indique sur un sol plat, c'est une sorte de mix entre la danse et le vélo artistique. On a juste besoin d'un parking pour le pratiquer !". Et de se réjouir pour finir que  " fin juillet, il y aura des épreuves de BMX Freestyle, aux JO de Paris". Preuve s'il en était que la Street-Culture, c'est désormais très hype. 

Rodolphe est un adepte du Flatland Photo par jfp

JBWB, " Light Painter"

" Je suis un graffeur numérique"

Jean-Baptiste Wallers-Bulot ,aka JBWB (prononcez djibiwibi), est un street artiste ponot, amateur de nouvelles techniques et de nouvelles technologies, qui se définit comme un "graffeur numérique". Pas de bombes de peinture pour lui, mais une technique particulière de prise de vue photographique, le Light painting, fondée sur la captation de la lumière à partir d'un capteur optique ou numérique, et qui fait dorénavant partie à part entière du street -art. 

JBWB réalise des oeuvres de Graff numérique Photo par jfp

"Peace, Love, Unity and having fun"

La devise du Hip-Hop première génération était " Peace, love, Unity and having fun ! ". Cela vous donnera peut être envie d'assister à la deuxième journée de la Week 2 la street qui aura lieu ce dimanche. 

 

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