Une petite étincelle, bien que lointaine, mais qui pourrait finalement ne pas être si détachée du projet de la RN88 que ça. Mercredi 24 mai, aux abords d'un premier chantier du projet, sur la D26 entre Rabuzac et Montferrat, une dizaine d'élus et acteurs contre le projet se sont réunis en présence de la presse. L'ordre du jour : une décision du Tribunal Administratif rendue le 12 mai 2023 à Strasbourg.
Une victoire contre un projet routier dans le Bas-Rhin
Mi-mai dernier, Le TA alsacien a décidé d'annuler les arrêtés environnementaux de 2019 et 2020 concernant le contournement de Châtenois (dans le Bas-Rhin), d’une longueur de 5 km. Conséquence : cette décision entraîne l'arrêt des travaux pourtant en cours depuis quatre ans. Le tribunal de Strasbourg a en fait relevé plusieurs vices dans l'autorisation accordée par la préfecture. Pour le parquet, les arguments portés par le projet ne sont pas assez légitimes pour justifier la destruction de sept hectares de zone humide et ont remis notamment en cause l’existence d’un intérêt public majeur.
"Cette décision est une zone d'espoir"
Pour Renaud Daumas, conseiller régional d'Auvergne-Rhône-Alpes et les opposants présents ce mercredi, même si les précurseurs du projet de Châtenois risquent de faire appel, "Cette décision est une zone d'espoir, on se dit que se battre ne sert pas à rien, et qu'il faut laisser le temps à la justice de faire son travail", a exprimé Renaud Daumas.
Un projet aux fortes similitudes
Le projet de déviation de la RN 88 entre le Pertuis et Saint-Hostien semble similaire pour les opposants. Pour eux, les enjeux présentés par le président de Région, Laurent Wauquiez, ne sont, là non plus, pas justifiés. Parmi ceux-ci, le sujet de l'accidentologie, cette parcelle ne serait pas si dangereuse avec "seulement un accident mortel en 10 ans, avec des personnes sous stupéfiants et alcool".
Sur le sujet cette fois du temps gagné, là aussi, l'argument pour eux n'est pas tenable. "On nous présentait 15 minutes gagnées, maintenant cela ne représente plus que trois minutes de gain. 200 millions et 140 hectares détruits pour trois minutes, est-ce que ça vaut vraiment le coup ?", a interrogé Renaud Daumas devant la presse.
Michel Jarry, président de France Nature Environnement Auvergne-Rhône-Alpes (FNE AuRA) approuve aussi les arguments présentés par le conseiller régional écologiste. Pour lui, ce projet, "dit exemplaire par la Région", est, "bourré de défauts" Il l'a rappelé, "s'il est porté au bout, ça détruirait 140 hectares d'espaces naturels, forestiers et agricoles, de prairie, de zone humaines, et surtout plus d'une centaine d'espèces protégées.". Un véritable massacre environnemental pour les défenseurs de la nature. " Si ça continue dans ce sens, les conséquences seront irréversibles, il n'y aura plus de machine arrière possible."
Un projet "du passé"
Rappel DU PROJET
Le projet s’inscrit dans l’aménagement à 2 x 2 voies de la RN 88 entre Firminy et Le Puy-en-Velay consiste à créer d’une voirie nouvelle à 2 x 2 voies sur un linéaire de 10,7 kilomètres, de l’extrémité sud du créneau de Bessamorel à l’extrémité est de la déviation de Blavozy.
Il permettait de dévier les centre-bourgs de Saint-Hostien et du Pertuis et comprend la réalisation de deux échangeurs complets, localisés respectivement sur chacune de ces deux communes.
Pour rappel, ce projet a été déclaré d'utilité publique en 1997 à l'heure où les pensées étaient portées vers l'aménagement urbain et le désenclavement des territoires. Alors forcément, depuis, avec l'impact du réchauffement climatique et de la dégradation de l'environnement, les priorités sont tout autres. Pour les opposants, il serait donc aujourd'hui "obsolète".
"C'est un système du passé, on a imaginé d'autres moyens, bien moins impactant pour la faune et la flore. Aujourd'hui, il faut s'inquiéter des enjeux comme nos ressources, l'eau et la planète. La route n'est plus une priorité", a déclaré Myriam Laidouni-Denis, conseillère régionale d'Auvergne-Rhône-Alpes. Elle qui a sa famille à Queyrières, connait bien le secteur visé par les travaux. "C'est un projet préhistorique, aujourd'hui, on en est plus là, on a des enjeux plus urgents".
"Il y a urgence aujourd'hui d'arrêter ce carnage !"
La volonté portée par les opposants en ce jour : stopper les travaux du temps de la décision du Tribunal Administratif de Clermont-Ferrand qui doit statuer sur trois recours portés par les Ecologistes de la Région, mais aussi par les associations de sauvegarde. "Aujourd'hui, on est là pour dire stop avant qu'il ne soit trop tard !"
Pour l'heure, seuls deux hectares de travaux ont déjà été engagés, notamment au niveau de D26 entre Rabuzac et Montferrat.