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Mille précautions pour Van Gogh au Musée Crozatier du Puy-en-Velay

Par Ombéline Empey… , Mise à jour le 21/04/2023 à 06:00

Une grande exposition de 70 œuvres vous attend pendant cinq mois. Jeudi 20 avril, la mythique œuvre « Portrait de l’artiste »  a été accrochée dans une des salles du Musée Crozatier. (VIDÉO en fin d'article)

La dernière et plus délicate des étapes : l'accrochage de l'œuvre. Un processus technique et minutieux pour ne pas abimer un seul millimètre de l'œuvre et pour que le visiteur puisse admirer la mythique création. Mais pour arriver à cette finalité, toute une procédure de préparation en amont  a été mise en place sur plusieurs mois pour sélectionner, conserver, transporter et installer l'œuvre jusqu'à son lieu d'exposition.

La sélection des œuvres 

Vincent Van Gogh : 40 autoportraits !

L’autoportrait est très présent dans l’œuvre de Van Gogh. Il en a peint une quarantaine, dont vingt pendant ses deux années parisiennes de 1886 à 1888. Dans l'autoportrait « Portrait de l’artiste , il se représente  comme "un soleil brillant dans un ciel bleu nuit". Cette toile fut qualifiée d’ "autoportrait sauvage" en raison de brusques coups de pinceau. À cet aspect novateur, sont associés une composition classique, la pose de trois quarts, traditionnelle depuis la Renaissance et un certain réalisme dans la représentation des traits.

Pour la première fois, Van Gogh le célèbre peintre sera exposé en Haute-Loire. Dans le cadre de sa politique d’expositions, le musée Crozatier a créé un partenariat avec le musée d’Orsay. Au total, 53 artistes et 70 œuvres (peintures, sculptures, photographies, estampes), datées de 1833 à 1928, ont été sélectionnés. 40 viennent du Musée d'Orsay, 30 des Musées d'Auvergne-Rhône-Alpes et une œuvre locale. De Paul Cézanne à Vincent Van Gogh, en passant par Camille Pissarro, Georges Antoine Rochegrosse, Ernest Meissonier ou Clémentine-Hélène Dufau.
Un travail de longue haleine, et de nombreux mois, a été nécessaire pour négocier et choisir les œuvres qui seront exposées. "Ce moment, c'est l'aboutissement de beaucoup de logistique et d'un travail colossal pour accueillir ces ouvrages dans nos murs" expliquait Maud Leyoudec, la directrice du Musée Crozatier.

"C'est quelque chose d'assez extraordinaire : c'est la première fois que j'accroche un Van Gogh, un Camille Pissarro, ou un Gustave Caillebotte, c'est fabuleux !" 

Le but recherché par le Musée d'Orsay est de  pouvoir exposer des œuvres emblématiques en province. Stéphanie de Brabander est l'adjointe de la directrice du Musée d'Orsay et responsable d'expositions Hors les murs. Elle nous expliquait lors de l'accrochage officiel de l'autoportrait de Van Gogh que ce genre de projet est rarissime. "C'est quand même très rare que l'on prête une quarantaine d'œuvres d'un coup pour un seul projet, la volonté était vraiment de marquer le coup".

Photo par Ombéline Empeyta Brion

L'objectif de l'exposition est d'offrir la possibilité aux visiteurs qui ne peuvent pas se rendre à Paris de voir ces œuvres exceptionnelles, de voir ces créations de leurs propres yeux "Ce sont des œuvres qu'on a l'habitude de voir dans de Grands Musées, de grandes institutions, mais en région, on voit beaucoup moins d'œuvres d'artistes de cette renommée, ça va permettre aux habitants de la Haute-Loire d'avoir accès facilité à ces grands noms".
Alors forcement, voir ces peintures accrochées sur les murs de son Musée c'est beaucoup d'émotion. "C'est quelque chose d'assez extraordinaire : c'est la première fois que j'accroche un Van Gogh, un Camille Pissarro, ou un Gustave Caillebotte, c'est assez fabuleux !". Surtout que la directrice du musée Maud Leyoudec le souligne, Van Gogh est tout de même le deuxième artiste le plus connu au Monde après Leonard de Vinvi. Alors avoir ces œuvres pendant cinq mois, pour la directrice du Musée :

"C'est quelque chose de magique".

L'emballage

Et pour que ce moment puisse être magique, les œuvres ont été soigneusement emballées pour leur transport. Elles ont été placées dans des caisses en bois, sous plusieurs couches de protection isolante. Chaque caisse a été faite sur mesure pour chaque œuvre, nécessitant une préparation minutieuse en amont. Matthieu Leverrier, régisseur d'œuvres d'art au Musée d'Orsay, a expliqué : "Nous avons consacré deux jours à l'emballage de tous les prêts, en plus de tout le travail de vérification et d'inventaire."
 

La caisse de transport de l'autoportrait de Van Gogh. Photo par Ombéline Empeyta Brion

L'étape de l'emballage, du transport et de l'accrochage est donc à la charge d'une entreprise spécialisée, elle aussi minutieusement sélectionnée sur de nombreux critères. Pour cette exposition, c'est l'entreprise LP Art, basée à Irigny dans le Rhône qui a été choisie, habituée à manipuler des œuvres d'arts. 

Le transport : étape à risque

Camille Pissarro, Georges Antoine Rochegrosse, Van Gogh. Pendant 10 heures, leurs œuvres ont sillonné la France dans deux camions pour arriver jusqu'à la cité ponote. Pour minimiser les risques les œuvres sont séparées dans deux convois. Ainsi, le risque de vol, de perte, d'accident ou tout autre incident est réduit. "Un camion aurait pu transporté l'ensemble, mais par précaution, on les a séparées pour que les valeurs d'assurance soient équilibrées.  Par exemple, pour deux œuvres d'Emile Bernard, un autoportrait était dans un des camions, le deuxième dans l'autre. "On ne sait jamais", insistait la directrice du Musée ponot. 

De plus, durant le transport, une chaine de froid doit être maintenue. Entre 16 et 17 degrés. Des caisses avec des matériaux très isolants qui permettent d'absorber les différences de température pendant le transport. Les camions sont climatisés, les ouvertures se font également dans des sas climatisés "on est sur une chaine de climat pour favoriser la conservation des œuvres.", décrivait Matthieu Leverrier.

L'étape minutieuse de l'accrochage

Des gants blancs, perceuse en main, le souffle presque coupé. Deux hommes étaient chargés de la délicate et attendue tache de l'accrochage au mur. Tout d'abord, ouvrir délicatement la caisse,puis retirer les couches de protection pour découvrir la fameuse toile, tant convoitée. Elle est là, sur le sol, découverte de sa protection de bois. Elle attend d'être posée sur le mur de la salle 4 de l'exposition. 

La toile de Van Gogh dans sa caisse de transport. Photo par Ombéline Empeyta Brion

Ça y est. Après quelques photos de la star de l'exposition par une dizaine de journalistes sur place, l'œuvre va pouvoir prendre sa position verticale contre le mur blanc. 

Accrochage de l'Autoportrait de Vincent Van Gogh Photo par Ombéline Empeyta Brion

La vérification finale

Vous croyiez que c'était fini ? Et bien non, car il reste encore une ultime étape. Celle de la vérification. Matthieu Leverrier le régisseur d'œuvres d'art au Musée d'Orsay a maintenant la difficile tâche de passer au peigne fin la peinture et de vérifier que tout est en ordre et que le tableau n'a pas été abimé durant son transport. Alors à l'aide de lunettes loupes avec une lumière intégrée pour vérifier chaque recoin, chaque centimètre du tableau, mais aussi du cadre. "Que cherchez-vous ?" demandait une des journalistes, "Je cherche des craquelures sur la toile" répondait Mathieu Leverrier. " Avec le transport, il se peut que la toile s’étire ou se déchausse avec le temps".

Vérification finale de la toile de Van Gogh. Photo par Ombéline Empeyta Brion

Alors verdict ? Le célèbre « Portrait de l’artiste » de Vincent Van Gogh a-t-il été détérioré ? " Apparemment non ! Il n’y a pas eu de changement !", souriait le régisseur du Musée parisien. Ouf ! La salle ose reprendre son souffle, qui semblait coupé depuis plusieurs minutes désormais. 

Van Gogh sous haute surveillance

Maintenant que Van Gogh est posé, il ne reste plus qu'à régler les lumières et poser les dernières œuvres qui sont arrivées la veille. Et jusqu'à son retour dans la Capitale, l'autoportrait du peintre néerlandais sera surveillée nuit et jour. " On a renforcé la surveillance la journée et mis en place un gardiennage de nuit", rassurait la directrice du Musée ponote. " Si le Musée d'Orsay a accepté de nous prêter ces pièces uniques, c’est parce que le musée répond à des mesures de protection optimale."

De plus, les œuvres sont en grande partie protégées par des vitres anti-reflets pour éviter tout risque et un barriérage sous forme de ruban au sol sera installé devant les pièces pour indiquer la distance à ne pas dépasser.  

L'exposition ouvrira au public le samedi 29 avril qui pourra profiter des 440 m² d'exposition guidée ou non jusqu'au 17 septembre. 

Infos pratiques

Du 29 avril jusqu'au 30 juin: 7/7 : 11h à 18h sauf le 1er mai, Juillet/ Aout : 7/7 de 10h à 19h,
A partir du 1er septembre : 7/7 de 11h à 18h
Tarifs : 8 € Plein, 6 € en tarif réduit ( 18-25 ans, demandeurs d'emploi...), Gratuit pour les mineurs. Visite guidée + 2 €

 

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