Ils étaient tristes, en colère et encore choqués. Pour la plupart hier, ce qu'il s'est passé samedi est un cauchemar, un mauvais rêve. Le ton hier était sérieux, les regards noirs et sombres face à la violence des images de samedi dernier.
Le rappel des faits (Appuyer sur + pour dérouler)
Une manifestation a eu lieu samedi 25 mars à Sainte-Soline sur le terrain d'une méga Bassine dans les Deux-Sèvres. Des fortes altercations entre la police et les manifestations ont fait, selon les organisateurs, 200 blessés parmi les militants, dont 40 grièvement, 2 dans le coma (un des deux en serait sorti jeudi 30 mars). Du côté des CRS, 47 blessés, dont deux grièvement.
En tout, du côté des forces de l'ordre, plus de 5 000 grenades lacrymogènes ont été lancées, 89 grenades de désencerclement. Du côté des manifestants, les rangs des CRS ont eu plusieurs tirs de mortiers, des jets de cocktails molotov, et divers projectiles.
Sous des pancartes et des banderoles en soutien aux victimes, on pouvait entendre et voir défiler les différents témoignages, de ceux qui ont connu ces violences de loin ou de près.
"Ils se sont mis à tirer sur les enfants et les vieux gratuitement. On frôlait la mort toutes les cinq minutes."
Greg, lui, était sur place samedi et portait l'oiseau de la manifestation à l'aide de 49 autres personnes. "Le but, c'était d'être non-violent, mais on s'est directement fait gazer, sur les vidéos, on voit l'oiseau subir un max de projectile, et quand on a les yeux qui piquent, c'est compliqué de diriger un oiseau à 50."
Il n'imaginait pas la violence qui aurait pu se produire. "Ils étaient en ligne et ont tiré les fumigènes et les grenades assourdissantes à 50 mètres alors que notre groupe ne lançait aucun caillou". Confiant même de la passivité de la mobilisation, il avait emmené sa maman de 65 ans. "Dans notre cortège il y avait des enfants, des personnes âgées et on s'est fait canarder. Ils se sont mis à tirer sur les enfants et les vieux gratuitement. On frôlait la mort toutes les cinq minutes." Des images qui ont profondément choqué sa maman " Ma mère n'en est pas sortie indemne, elle est encore sous le choc".
Alors hier, jeudi 30 mars, il était présent avec sa pancarte pour témoigner et faire entendre sa voix "on est là pour les violences gratuites et inappropriées pour protéger un tas de terre, ce n'était pas une banque, mais ils l'ont protégé comme une banque". Un des manifestants, déguisé en oiseau noir, était présent dans la foule, rappelant celui de Sainte-Soline.
"Les violences policières, ce n'est pas que pour les Mega Bassine, c'est partout ".
Victor, altiligérien, a des amis qui étaient sur place. "J'ai pas mal d'amis qui étaient là-bas et se sont retrouvés confrontés à une guerre, il n'y a pas d'autres mots, c'était vraiment une guerre". Être ici, ce soir-là était donc important pour lui, pour informer "les violences policières ce n'est pas que pour les Mega Bassine, c'est vraiment partout".
Alors même si les violences n'ont pas eu lieu en Haute-Loire, il nous explique la nécessité de se mobiliser partout en France. "C'est histoire que le message passe sur tout le territoire, que tout le monde se rende compte que ça nous concerne tous, faire voir que la Haute-Loire est là aussi et qu'on est tous dans le même sac".
En Haute-Loire aussi, l'inquiétude grandit
Car justement, son territoire, il le connaît. Et même s'il n'y a pas de Mega bassine dans le département, la préfecture l'a rappelé lors du bilan de l'eau mardi 28 mars à la presse, 17 projets de retenues collinaires ont été identifiés, 11 retenues ont déjà été réalisées et deux devraient voir les travaux débuter prochainement.
"Il faut qu'on arrête de privatiser l'eau. L'eau, c'est un droit à tout le monde. Il faut agir pour que ça n'arrive pas". Renaud Daumas, conseiller régional écologique à la Région. Présent lui aussi dans les Deux-Sèvres, il a vu les violences de ses yeux. Pour lui, ce projet est une hécatombe pour l'écologie.
"Sur le papier, ce sont des systèmes qui permettent de prendre l'eau quand les nappes sont bien rechargées en hiver, sauf que ça fait deux hivers que les nappes ne se rechargent pas". En local, il nous explique : " La nappe du Devès autour du Puy, on sait que la nappe a baissé de 4 mètres, 100. 000 habitants en dépendent aujourd'hui et pourtant il y a des forages qui se font, des projets de retenues collinaires et ça réduit drastiquement l'eau potable et on l'a vu au Bouchet St Nicolas par exemple."
En Haute-Loire, 17 projets de retenues sont en cours. Dans la région, selon Renaud Daumas, il y aurait une centaine de projets dont 2 méga bassines. Pour lui, faire ces retenues collinaires pour de l'agriculture intensive de maïs par exemple est aberrant. Pour lui, il faudrait consulter les syndicats agricoles, " et pas seulement les majoritaires et faire du cas par cas."
Un soutien aux victimes des violences
Lors du rassemblement, une banderole a été affichée et chacun était amené à la décorer. Après une minute de silence et après avoir partagé une soupe et les plats préparés par les différents manifestants, un cortège est parti depuis la place du Breuil dans les rues de la ville.
À Brioude aussi, le soutien aux victimes
En marge de la mobilisation du Puy-en-Velay, à Brioude devant la sous-préfecture, 150 personnes se sont mobilisées et ont voulu faire une action choc avec des manifestants au sol, avec du faux sang, simulant les violences de samedi 25 mars.
Ci-dessous, la vidéo du cortège de jeudi 30 mars au Puy ▼