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Malgré l'adoption de la réforme, les manifestants se mobilisent en force

Par Ombéline Empey… , Mise à jour le 23/03/2023 à 18:00

9e journée de mobilisation contre la réforme des retraites ce jeudi 23 mars. La première, du moins déclarée, depuis l'adoption définitive de la réforme lundi 20 mars. Cette fois encore, ils étaient nombreux, approchant les chiffres record du 7 mars dernier. Rencontres. (Photos et Vidéos à la fin). 

49.3 ou pas, ça ne les décourage pas. Au contraire. Pour certains, cela a embrasé la poudre qu'ils portaient en eux. Et ils comptent bien se battre cette fois, encore plus déterminés qu'avant pour certains. Cette nouvelle journée de mobilisation, première depuis l'adoption de la réforme et le rejet de la motion de censure, marque un nouveau départ pour les manifestants. 

Tôt dans la matinée déjà, les klaxons retentissaient dans les rues du Puy. Direction la préfecture, une quinzaine de véhicules, floqués Enedis, circulaient dans les rues pour faire entendre leurs voix. Vers huit heures, les agents d'EDF ont bloqué l'entrée de la préfecture à l'aide de grues et de banderoles, prêts pour le cortège de midi.

Photo par Ombéline Empeyta Brion

Dissimulés par des masques à l'effigie d'Emmanuel Macron, une trentaine de salariés était mobilisée. Parmi eux, nous retrouvons Patrice et Stéphane âgés de 53 ans et en service depuis plus de 35 ans. Cette démarche, ils l'expliquent par une volonté de marquer le coup. "Ce matin, on a voulu démontrer qu'on était assez puissants pour se défendre en exposant notre matériel qui sert tous les jours, toutes les nuits et les week-ends pour assurer le confort de tous".

Stéphane et Patrice, employés chez Enedis en grève. Photo par Ombéline Empeyta Brion

Être gréviste en coûte

Aujourd'hui, chez ENEDIS, les travailleurs en grève sont à leur 14e jour de mobilisation. Soit 14 jours en moins sur leur paye. "On perd de l'argent à chaque fois, c'est sûr, là ça fait 3 jours qu'on bloque le site". Pour éviter de trop y perdre, ils ont organisé un système de roulement entre les grévistes. " on est obligé de s'organiser, on a tous des maisons à payer, des enfants à gérer, donc un demi mois de salaire en moins ça fait mal".

Stéphane se sent démuni et en colère après 35 ans de service et des nuits entières passées au travail, aujourd'hui, il essaye de garder le sourire et l'espoir.

"Quand je suis rentré à 18 ans, ils me disaient que je devrais partir à 55 ans, puis 57, aujourd'hui 59 avec Macron, ça suffit !"

Emmanuel Macron, dans son interview chez TF1 la veille, mercredi 22 mars, a justifié la décision du gouvernement. Des propos qui ont attisé plus de colère et de dégoût chez certains, qui l'ont vécu comme un manque de considération et de respect. Bernadette, ancienne employée de l'Hôpital Sainte Marie à la retraite, se mobilise depuis 1980. " Le Président méprise complètement les gens, ne veut pas entendre la rue, ni même ses députés. C'est profondément injuste". Par exemple, "L'expression revendicative dans la rue n'est pas légitime", employé par le président, Bernadette, trouvait ça "choquant et irrespectueux".

Bernadette, retraitée et mobilisée contre la réforme depuis le début. Photo par Ombéline Empeyta Brion

Depuis 40 ans, elle manifeste et se bat pour ses droits. Alors quand on lui demande pourquoi est-elle encore là, après l'adoption de la réforme et si ce n'est pas trop tard. Bernadette n'a qu'une réponse :

"Ce n'est jamais trop tard"

"Les premières manifestations de base n'étaient pas autorisées. Le droit de grève n'existait pas. C'est qu'à un moment les gens ont eu le courage d'aller dans la rue. Il faut continuer. Il faut conquérir de nouveaux droits sociaux et se battre pour perpétrer ceux pour quoi les anciens se sont battus."

Même constat pour Thierry, fonctionnaire en mairie. "On a encore espoir, sinon on ne serait pas là, on croit encore que Manu va faire marche arrière, comme peut-être avec Chirac en 2006". Un espoir que beaucoup partagent dans le cortège. Retrouver le « scénario CPE » (contrat de première embauche) de 2006. Loi qui avait été adoptée, elle aussi, avec l’utilisation du 49.3 par le premier ministre Dominique de Villepin puis suspendue et supprimée, par un nouveau vote, après quatre mois de manifestations et de blocages qui avaient paralysé le pays. 

 "J'ai peur de me retrouver sous un pont à la retraite si ça continue"

Thierry, fonctionnaire, dans le cortège ce jeudi 23 mars. Photo par Ombéline Empeyta Brion

Il pointe du doigt le gouvernement, peu à l'écoute à ses yeux. La France d'en haut n'écoute pas la France d'en bas. Des politiques "qui ne connaissent pas la misère que vit le peuple avec l'inflation tant de l'énergie qu'alimentaire. Tout augmente, et nous, on a des petits salaires. Il nous indique selon lui ne pas avoir le SMIC "Je suis fonctionnaire depuis 9 ans, j'ai un salaire en dessous du SMIC. C'est scandaleux, d'arriver à mon âge, à 58 ans, avec un salaire en dessous du SMIC". Et de nous confier avoir peur pour son avenir :  "J'ai peur de devoir dormir sous un pont à ma retraite, de plus pouvoir me payer un logement, la nourriture adéquate, une voiture. De pouvoir vivre normalement, comme tout Français devrait pouvoir vivre. "

Une manifestation haute en couleur

Pétards, fumigènes de couleur, sirènes des voitures des syndicats et chants aux mégaphones, dans le cortège, tous les sens sont attisés. Parmi les sons entendus, résonnent des chants que les manifestants connaissent maintenant par cœur : "On est là, même si Macron ne veut pas, nous, on est là ". Un petit extrait ici :

Une manifestante utilisant une corne pendant la manifestation. Photo par Ombéline Empeyta Brion

Et pourtant, cela n'empêche pas certains de faire une petite sieste durant le cortège. Sur le vélo de son père, cette petite n'a pas l'air d'être gênée par les bruits environnants. 

Une petite manifestante en train de dormir sur le porte vélo durant le cortège. Photo par Ombéline Empeyta Brion

Les enfants, les parents, et même les animaux étaient de sortie en cette matinée. De quoi leur faire faire leur petite promenade quotidienne. 

Le manifestant à quatre pattes déambule dans les rues avec ses maitres. Photo par Ombéline Empeyta Brion

Des manifestants à poil, des enfants en poussette, des actifs, des retraités, ils étaient des milliers au rendez-vous dans la colère et la protestation, mais aussi avec amour...

Un couple de retraités se tiennent la main dans le cortège. Photo par Ombéline Empeyta Brion

Car qui a dit que la mobilisation était forcément un moment de haine et de cris. Certains préfèrent manifester d'une autre façon. Une dizaine de jeunes, suivant de près un camion remplit d'enceintes, dansaient et rigolaient autour de musique techno dans la bonne humeur. 

Des lycéens se sont, comme à leur habitude, emparés de la Fontaine du Breuil autour de chants, de fumigènes colorés et de drapeaux brandis depuis le sommet. 

Les fumigènes utilisés par les lycéens sur la Fontaine du Breuil. Photo par Ombéline Empeyta Brion

Vers midi, le cortège complet est enfin arrivé place du Breuil après être passé par la Mairie pendant une déambulation d'une heure. De quoi donner faim et soif aux pèlerins en grève. La CGT les attendait avec un stand de sandwichs, de saucisses et de merguez qui réchauffaient les cœurs.  

Le stand de sandwich de la CGT place du Breuil. Photo par Ombéline Empeyta Brion

Vers midi et quart, les discours ont commencé. La CGT a annoncé 15.000 manifestants. Atteignant à nouveau le chiffre record du 7 mars dernier. La préfecture, elle, compte 4.250 manifestants dans les rues, plus proche de ceux du 11 mars (4000) que ceux du 7 mars (6500). 
En début d’après-midi, 2 adolescents, qui auraient mis feu a des poubelles ont été interpellés. Des manifestants se sont regroupés devant le commissariat pour contester cette interpellation.

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