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Plus de Presse dans la Galerie Géant de Vals-près-le-Puy : "J'ai tout perdu"

Par Ombéline Empey… , Mise à jour le 22/03/2023 à 17:00

Dernier samedi pour le "Hall de la Presse" de la Galerie Géant Casino de Vals-près-le-Puy. Il ferme ses portes ce 25 mars pour cessation après 12 ans d'activité. Quelles en sont les raisons ?

Mardi 21 mars, 14 heures. Dans la Galerie de Géant Casino, peu de monde. Certes, ce n'est pas l'heure de pointe, mais tout de même. La Galerie est presque déserte. À gauche de l'entrée Est de la Galerie, un petit commerce rempli de magazines en tout genre, de cartes postales et de quelques tickets à gratter. Devant la caisse, un employé, le fils de la gérante. Sur le comptoir, un petit panneau posé " Fermeture définitive 25 mars".

En une heure, seulement 4 ou 5 habitués sont venus chercher leurs journaux ou leur programme Tv. Une situation, qui ne semble pas exceptionnelle.

Depuis 12 ans, Colette Beranger, qui a maintenant 67 ans, tient son commerce. Elle a choisi de tout abandonner pour reprendre la presse. Ancienne Puydomoise, elle est venue s'installer en septembre 2011 au Puy-en-Velay pleine d'espoir. En décembre, elle rachète la presse de la Galerie et ouvre Le Hall de la Presse. Le fonds de commerce acheté 115.000 €, son souhait était de pouvoir offrir un commerce de proximité et de continuer de proposer les services d'un marchand de journaux aux habitants. Colette en plaisante : "Je l'ai acheté comme ça vous savez, bon, en moins bien rangé que maintenant, mais comme ça ". 

Les rayons du Hall de la Presse rangés par catégories. Photo par Ombéline Empeyta Brion

Un commerce peu rentable

Très vite, elle se rend compte que le commerce tourne peu. "Je n'ai jamais pu me faire un salaire en 12 ans". Avec deux employés à mi-temps dont son fils, travailleur handicapé, elle avoue avec dépit "avoir tout essayé pour sauver son commerce". En 2015, elle lance une procédure au Tribunal de Commerce à propos de son bail et pour tenter de faire baisser son loyer en justifiant de son bilan et de sa faible viabilité. Échec. Le Tribunal décide même d'augmenter le loyer. 

"J'ai tout perdu, je repars avec rien, je n'ai plus rien"

2017, elle finit même pas revendre sa maison pour renflouer le magasin. Et pourtant rien n'y fait. Elle n'arrive pas à rentabiliser son commerce malgré les habitués qui viennent chaque jour. " Le problème avec une Presse c'est que les habitués reviennent, mais pour acheter un journal à 1,30€ ". Petites sommes par petites sommes, même avec les commissions de la Presse et de la FDJ (Française Des Jeux), rien n'y fait. "J'ai tout perdu, je repars avec rien, je n'ai plus rien". 

Une galerie qui se désertifie

Dans la Galerie, le constat est unanime. Elle est boudée, délaissée par les habitants pour des magasins moins chers. "Beaucoup de monde le dit, la galerie se vide petit à petit" témoigne un des commerçants de la Galerie, Andy's services qui propose un service de reproduction de clés "Les gens viennent faire leur clé et repartent, ils ne font pas leurs courses ici". Depuis le covid et surtout depuis l'inflation et la guerre en Ukraine, " les gens sont de plus en plus regardants sur les prix".

Même constat à quelques pas de la Presse, chez Histoire d'Or. Dans le magasin, une ou deux personnes regardent les bijoux, mais les employées sont loin d'être surchargées. "Regardez, il n'y a personne aujourd'hui, c'est désert", nous décrit l'une d'entre elles. 

Les allées de la Galerie Géant Casino de Vals-près-le-Puy. Photo par Ombéline Empeyta Brion

Alors forcément, certains commerces, souvent les plus petits et indépendants, en périssent. C'était le cas pour l'ancien restaurant "Eat'Aliano" fermé il y a trois ans ou encore le coiffeur, en décembre dernier. "C'est le 2e en peu de temps, c'est vraiment catastrophique" nous confiait l'employé de la boutique de bijoux. Dans le magasin de vêtements pour Homme, Jules, l'annonce de la fermeture n'étonne pas un des employés qui connait bien la gérante de la Presse et son fils. " Je pense que d'autres vont suivre prochainement, c'est vraiment malheureux, mais ça n'est pas étonnant". 

"Les prix sont trop chers"

Et pour cause de cette désertification, des "prix trop chers" selon Claudette venue chercher son journal, le constate "Je ne viens plus que pour ce que je ne trouve pas ailleurs, sinon c'est trop cher !". De plus, les caisses automatiques du Géant que les habitués boudent. " Ça déshumanise tout, je n'aime plus du tout faire mes courses ici". Et si la "locomotive" (comme aime l'appeler Colette) qu'est Géant se vide, les wagons aussi dépérissent".

Un loyer trop cher par rapport à la fréquentation

Colette paye 2.000€ chaque mois pour les quelques mètres carrés de sa boutique. Un loyer qu'elle peine de plus en plus à payer avec cette fréquentation en baisse. Elle assure pourtant avoir tout essayé, même de négocier son loyer en attendant de trouver un acquéreur, mais elle a perdu espoir. Personne ne veut reprendre son commerce jugé pas assez rentable. "La Presse n'est plus un commerce de galerie marchande, personne n'en veut plus", explique Colette. 

Des loyers qui semblent chers face aux résultats comme le constatent aussi les autres commerçants de la zone. "Ça ne me choque pas qu'elle ferme au vu des loyers de la Galerie. C'est cher par rapport au peu de monde que ça ramène". L'employé de Jules déplore cette situation, avec une gérante avec qui il s'entendait bien et trouvait aimable " On allait parfois fumer ensemble, c'est une personne agréable". Du côté de la fabrication de clés, même constatation. "Il y a de moins en moins de monde dans la galerie et pourtant, les loyers ne baissent pas, ils augmentent même !".

Des habitués tristes et déçus

Christian, habitant de Vals, venu chercher son programme télé, comme chaque semaine, apprenait tout juste la nouvelle. "Mais comment on va faire ?", s'exclamait-il.

" Où est-ce qu'on va aller chercher notre journal maintenant ?"

Déçu, comme Claudine, elle aussi habituée, ne s'en cachait pas : "Mince, moi ça m'ennuie, où vais-je aller chercher le journal maintenant ?". Ces habitués, Colette, elles les aimait. Et c'est pour cela qu'elle continuait de se battre pour son petit commerce de proximité depuis 12 ans. " J'aurais voulu le garder pour mes clients locaux, j'aurais vraiment voulu", explique douloureusement la gérante.

À 67 ans, malgré sa retraite déjà prise à 63 ans, elle se battait pour faire vivre son commerce. Aujourd'hui, à contre cœur, elle fermera le rideau samedi 25 mars au soir. Déçue, elle aussi, de ne pas avoir pu sauver sa petite Presse pour qui elle a tout donné. 

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