Il y a presque un an, en juin 2022, la municipalité de Chaspinhac, réunie en conseil, décide d’informer la population sur le projet de construction d’une nouvelle salle communale.
Un mois plus tard, en juillet 2022, un collectif fait signer une pétition sur la commune pour demander l'annulation de ce projet. Les membres du collectif dénoncent « un manque d’information de la part de la mairie qui ne détaille pas vraiment le projet et les nuisances que cela va engendrer », précise un membre de ce collectif pour Zoomdici
À la suite de cette contestation et en préambule du Conseil municipal d’octobre 2022, le collectif a été accueilli dans les locaux de la mairie pour échanger sur les raisons de cette rébellion. Des discussions qui ont abouti sur un refus de mettre fin à la pétition pour le collectif.
La municipalité a voulu convaincre, le collectif a contesté en bloc
La mairie poursuit alors son projet malgré ces contestations. Le 18 novembre dernier, les habitants de Chaspinhac ont donc été informés et invités à la présentation du projet, la réflexion en cours et les données acquises par une commission de travaux à propos de la construction de cette salle communale. Des documents sont alors mis en accès libre à la mairie.
« Les gens se sont focalisés sur un endroit précis et c’est à partir de là qu’ils ont semé la zizanie »
Au menu de cette réunion d’informations : état des lieux des salles existantes sur la commune, définition des besoins de la commune, les contraintes à respecter, etc.
« Mon projet, c’était de construire une salle communale qui couvre un peu tous les besoins de la commune. Donc on a mis en place une commission de travaux qui était en train d’étudier les différentes possibilités. Par rapport à la carte communales et aux règles d’urbanisme, deux endroits étaient possible. », a expliqué Bernard Robert, maire de Chaspinhac.
Site des Listes, Chaspinhac, l'une des zones de construction envisagée
Photo par google maps
« Mais la commission de travaux n’a pas pu aller au bout de sa mission, car il y avait des blocages et des problèmes d’accès sur un terrain à l’étude. Conséquences : cette dernière n’a même pas pu rendre de conclusion », a regretté le maire.
En effet, près de 90 personnes environ se sont rassemblés sur le site "les listes" au-dessus des Roches à Chaspinhac, une zone envisagée pour le projet : « Ils pensaient qu’il allait s’agir du lieu de construction de la salle alors qu’il y avait en réalité deux endroits envisagés. Les gens se sont focalisés sur un endroit précis et c’est à partir de là qu’ils ont semé la zizanie », précise l'élu.
« Ils ont fait tout un battage médiatique en disant qu’on allait massacrer toute la forêt du coin »
« On s’est retrouvé avec un comité de défense de la zone qui a créé une sorte de ZAD (zone à défendre). Les membres de ce collectif ont fait tout un tapage en disant qu’on allait massacrer toute la forêt du coin, qu’on allait mettre des routes à tort et à travers, et qu’il allait y avoir beaucoup de circulation. Et tout ce bruit, nous a perturbé pendant l’étude », a poursuivi Bernard Robert.
La population a voté non, la commune contrainte de céder
Avec la montée de ces contestations, le maire, sous-tension, a choisi de consulter la population pour connaître leur avis, si oui ou non, ces derniers étaient en accord avec cette construction.
Certains opposants dénonçaient les termes de cette consultation (voir ci-dessous) : " Le maire ne détaille pas vraiment le projet et les nuisances que cela va engendrer. La salle est prévue au dessus des Roches et il va falloir abattre un grande parcelle de forêt...couper autant d'arbres à l'heure où l'écologie est au coeur de toutes les discussions. Le maire parle d'une éventuelle subvention à 80% mais seulement au conditionnel."
Des opposants qui n'ont pas répondu à nos dernières sollicitations (après le vote du dernier conseil municipal)
Cette consultation s’est adressée aux 668 électeurs inscrits sur les listes électorales de la commune de Chaspinhac. 365 électeurs ont participé à ce vote (plus de 54%) . Parmi eux, 245 électeurs (soit 66 % des suffrages exprimés) ont répondu « Non » au projet municipal et 116 électeurs seulement (soit 33 % des suffrages exprimés) ont répondu positivement.
Consultation citoyenne pour le projet de construction d'une salle communale à Chaspinhac
Photo par Martinet Enzo
Ce résultat illustre un refus assez net de la population concernant la création de ce type d’équipement dans la commune. En conséquence, le lundi 3 avril, le Conseil municipal a décidé de suivre le choix des habitants en abandonnant ce projet de construction.
« Si on veut développer la commune, on est obligé de créer des nuisances »
« Beaucoup de gens n’ont regardé que leurs petits nombrils et n’ont pas pensé à l’intérêt général de la commune. Certains pensaient que la route allait passer devant chez eux et que ça allait les perturber au niveau de la circulation, du stationnement. Si on veut développer la commune, on est obligés de créer des nuisances, je ne vois pas comment on peut faire autrement, même si je comprends que certains aiment leur tranquillité », a déploré le maire de Chaspinhac.
« Si le projet de construction avait abouti sur le site des Listes, à l’endroit de la parcelle de forêt, cela ne concernait que 3 000 m² de bois à abattre environ. C’est une forêt d’exploitation qui n’a aucune valeur. Elle n’a pas été entretenue et n’a aucune valeur patrimoniale. Ce n’est pas vraiment des arbres, ce sont des grandes tiges de 20 cm de diamètres max et qui n’ont pas pu pousser correctement. Il y a aucune espèce, pas d’animaux, et donc aucun risque », s'est justifié Bernard Robert.
« Je regrette que l’affolement de certains ait effrayé d’autres riverains »
« Si les gens ne veulent pas, on ne va pas insister. C’est décevant pour la commission qui a travaillé dessus. Je trouvais que c’était un projet qui permettait de se projeter dans l’avenir avec les différents besoins de la commune. Je regrette que l’affolement de certains ait effrayé d’autres riverains. Lorsqu’ils entendent qu’il va y avoir des milliers de voitures qui vont circuler tous les week-ends, ils prennent peur, c’est assez logique », a conclu le maire.
