Après Octobre Rose, consacré aux cancers féminins, Movember met à son tour l’accent sur la santé masculine, et notamment sur la prévention des cancers de la prostate et des testicules, ainsi que sur les troubles de la santé mentale souvent passés sous silence.
Née de l’initiative de la CPAM (Caisse primaire d’Assurance maladie) et du Comité départemental de randonnée de Haute-Loire, la Rando'stache repose sur une large synergie associative et institutionnelle : avec les urologues de la clinique Bon Secours, les sapeurs-pompiers, le Parc du Livradois-Forez, sans oublier les nombreux bénévoles et entreprises locales mobilisés pour la réussite de cette journée.
« Les parcours sont bien fléchés. On discute, on rencontre du monde, c’est super. » Bernard
Marcher pour la santé des hommes
Cette deuxième édition proposait quatre itinéraires adaptés à tous les publics, de la balade familiale de 5 kilomètres et demi nommée la Chevron au trail exigeant de 23 kilomètres. Les plus sportifs se sont confrontés au Trail de la Viking, un parcours de 23 km et 650 mètres de dénivelé positif, pendant que d’autres se régalaient d’une randonnée conviviale et accessible.
Malgré le froid automnal, la bonne humeur était au rendez-vous. « Les parcours sont bien fléchés. On discute, on rencontre du monde, c’est super », confie Bernard Verots, venu de Vorey-sur-Arzon, qui vient de terminer la randonnée de dix kilomètres et demi aussi appelée "La Française". Dominique a, elle aussi, participé à cette boucle : "J'aime participer à des actions qui concernent la santé, mais aussi pour des associations, je trouve ça plus motivant pour me lever le matin et venir jusqu'ici", confie-t-elle. C'est également le cas pour Bernard, "avec mon collègue, je travaillais dans le paramédical, donc on est un peu sensibles à tout cela."
Chacun arrive à son rythme
Photo par Fanny Gimenez
Des animations pour tous
Tout au long de la journée, l’ambiance est restée conviviale et animée. Une conférence nature, organisée à la tourbière du Mont Bar, a permis au public de découvrir les richesses du site aux côtés d’un guide naturaliste du Parc du Livradois-Forez. Dominique n'a pas loupé une miette : « C'était super intéressant, j'ai pris plein de notes. »
Le barbier solidaire Nathan Fila taillait gracieusement barbes et cheveux aux participants venus jouer le jeu de Movember. À quelques pas de là, des membres de la Ligue contre le cancer tenaient également un stand de sensibilisation. Les bénévoles présentes rappellent que le cancer frappe tout au long de l’année.
Le stand de la ligue contre le cancer présent pour informer le public
Photo par Fanny Gimenez
"La vaccination contre le papillomavirus, on a beaucoup de retard en France. L'Australie a quasiment éradiqué ce virus, en France, on en est très loin." Hélène Bérard
Les jeunes et les adolescents sont notamment concernés par le cancer des testicules. Un cancer, encore relativement rare, mais qui peut parfois conduire à l’ablation d’un testicule, ce qui peut affecter la vie d’homme et le futur désir d’enfant.
Dans le même esprit de prévention, Hélène Bérard, présidente du comité de la Ligue contre le cancer, évoque "la vaccination contre le papillomavirus, on a beaucoup de retard en France. L'Australie a quasiment éradiqué ce virus, en France, on en est très loin", ajoute-t-elle.
Petits et grands ont pu s’essayer à des activités ludiques. Enfin, les sapeurs-pompiers ont tenu la buvette et ont servi une soupe de légumes maison préparée par le chef Guillaume Fourcade, suivie d’une tarte aux pommes pour réchauffer les corps et les cœurs. S'en est suivie, une conférence sur les cancers masculins, animée par les médecins de la clinique Bon Secours, pour présenter et répondre aux questions du public.
Nathan a coiffé bénévolement au cours de la journée
Photo par Fanny Gimenez
Un robot chirurgical à la pointe de la technologie
Le clou du spectacle fut la présentation du robot chirurgical Da Vinci X, prêté pour l’occasion par le laboratoire Intuitive. Les visiteurs ont pu tester la console immersive et échanger sous les conseils des chirurgiens de la clinique Bon Secours.
Inauguré en septembre, ce robot permet une chirurgie ultra-précise grâce à "une vision optique qui est 10 fois l'œil humain, qui nous permet de disséquer des tout petits vaisseaux avec des mouvements dans tous les plans de l'espace, ce qui ne peut pas se faire avec la main humaine", explique Jacques Largeron, médecin urologue.
"C'est là qu'est la révolution de cette chirurgie, là où avant il fallait attendre plusieurs jours avant de sortir d'hospitalisation." Jacques Largeron
Marie-Agnès Petit aux manettes du robot
Photo par Fanny Gimenez
Jacques Largeron souligne les bénéfices qu'apporte le robot : "Certaines chirurgies peuvent être faites en ambulatoire et pour les chirurgies les plus complexes, en général, les patients ressortent le lendemain." Le patient retrouve très vite une autonomie quasi totale le soir même. "C'est là qu'est la révolution de cette chirurgie : là où, avant, il fallait attendre plusieurs jours avant de sortir d'hospitalisation" explique Jacques Largeron.
Déjà utilisé pour les prostatectomies, il sera mis au service en mars prochain pour des opérations de chirurgie digestive.
« Ces techniques mini-invasives réduisent considérablement les douleurs, permettent des séjours très courts à l’hôpital, et une récupération presque immédiate. » Jacques Largeron
Patrick Seulin, chirurgien digestif et Jacques Largeron urologue
Photo par Fanny Gimenez
« À partir de 50 ans, chaque homme devrait faire un toucher rectal et un dosage du PSA*, de manière annuelle. » Jacques Largeron
Le dépistage : un réflexe à adopter
Le docteur Largeron a profité de cette journée pour rappeler l’importance du dépistage précoce du cancer de la prostate : « À partir de 50 ans, chaque homme devrait faire un toucher rectal et un dosage du PSA*, de manière annuelle. »
Il rappelle également : « Ce cancer est insidieux, donc pas de symptômes et c'est bien là, la difficulté. Lorsque le cancer de la prostate commence à parler cliniquement avec des symptômes, c'est qu'on est déjà à un stade évolué. » D'où l'utilité d'effectuer un dépistage annuel. Un message préventif fort porté tout au long du mois de novembre.
Découverte des parcours
Photo par Fanny Gimenez
Le monde associatif porteur de santé
Pierre Grolle, président de l’association Une Rose, un Espoir, félicite les organisateurs tout en déplorant les lacunes de l'État : "Il faut que les associations pallient aux faiblesses de l'État, pour la recherche, pour les malades", avant d'ajouter : "Ça marche grâce aux associations qui récupèrent des ronds à droite à gauche", conclut-il.
Face au succès croissant de l’événement, les organisateurs envisagent la création prochaine d’une association "Rando'stache" afin de pérenniser et développer l’initiative et d'en faire un rendez-vous annuel pour la prévention de la santé masculine.
Bernard Verot et Pierre Grolle, président de l'association "une Rose un Espoir"
Photo par Fanny Gimenez
* Le PSA est une protéine produite par la prostate, dont le taux dans le sang peut augmenter lorsqu’il y a des cellules cancéreuses qui se développent dans cet organe.