Dès son arrivée, le ministre, ainsi que Laurent Wauquiez, ont été interpellés par les syndicats FO et CGT, qui ont exprimé leur colère et leur épuisement « de l'argent pour l'hôpital, pas pour la guerre », scandaient les syndicalistes. Malgré le climat tendu, le ministre a pu échanger avec les représentants syndicaux et les personnels du centre hospitalier.
Des investissements pour moderniser l’hôpital
Le directeur du centre hospitalier Émile Roux, Julien Keunebroek, a profité de la visite ministérielle pour rappeler le rôle central de l’établissement en Haute-Loire avec sa maternité, son service d’urgence complet et son activité pharmaceutique. Il a insisté sur le dynamisme de l’hôpital et sur l’ambition de son projet immobilier. Le cœur de la visite ministérielle, a effectivement porté sur la présentation d’un programme de travaux qui s'élève à 25 millions d’euros, destiné à l'amélioration du service ambulatoire et à la modernisation de celui pharmaceutique.
À travers le dédale de l'hôpital, des panneaux présentaient les travaux. Le ministre a également fait une halte au service de coronarographie, avant la conférence où il a présenté les grandes lignes du projet immobilier de l’hôpital et sa vision plus large pour l’avenir du système de santé au niveau national.
Julien Keunebroek, directeur de l'hôpital présente du projet de travaux
Photo par Fanny Gimenez
Un ministre médecin, à l’écoute
Médecin de formation, Yannick Neuder a souligné sa proximité avec les réalités de terrain. « Je souhaite qu’on continue d’avancer. Je ne nie pas les difficultés financières, et je crois qu’on demande beaucoup d’efforts à nos soignants. Après le covid, il est hors de question de clouer au pilori nos soignants en leur disant qu’ils consomment trop pour soigner les gens », a-t-il déclaré.
« C’est 3 700 médecins supplémentaires que nous allons mettre à disposition du pays chaque année, ce qui représente pour la Haute-Loire une quinzaine de médecins supplémentaires »Yannick Neuder.
Il a confirmé au Puy-en-Velay la modernisation du centre hospitalier Émile Roux avec le projet mettant l’accent sur la chirurgie ambulatoire et la pharmacie hospitalière. Mais au-delà de ce chantier local, le ministre a élargi son propos à l’avenir du système de santé en France.
Sur le plan des ressources humaines, il a insisté sur la nécessité de former et fidéliser de nouveaux médecins. Dès 2026, 3 700 « docteurs juniors », des praticiens en dernière année d’études, seront déployés chaque année à l’échelle nationale, dont une quinzaine en Haute-Loire.
Enfin, le ministre souhaite préserver les conditions de travail des soignants tout en reconnaissant les efforts consentis depuis la crise sanitaire, et renforcer la prévention, notamment grâce aux campagnes vaccinales en France.
La représentante CGT échange avec le ministre
Photo par Fanny Gimenez
Les syndicats alertent sur des difficultés locales
Une délégation de FO a profité de la visite pour alerter sur plusieurs difficultés majeures qui fragilisent le fonctionnement de l’hôpital.
« On ne nous donne pas les moyens de bien soigner les gens, c'est quand même dommage. »
Carine Quintin, secrétaire du syndicat Force Ouvrière du CHER, a évoqué les dysfonctionnements récents dans le service d’endoscopie, qui ralentissent la prise en charge des patients. Elle a surtout dénoncé la fermeture, depuis plus d’un an, du service de soins palliatifs, une situation jugée « inacceptable » pour l’accompagnement des patients en fin de vie.
Enfin, elle a exprimé de vives inquiétudes concernant le service d’oncologie, menacé par les départs à la retraite de plusieurs médecins et la crainte de ne pouvoir trouver la relève.
Au-delà des problèmes structurels, c’est un malaise profond qui touche les équipes. « On ne nous donne pas les moyens de bien soigner les gens, c'est quand même dommage » confie Carine Quintin.
Elle ajoute « Parcoursup n'est pas du tout adapté au métier de la santé, ce n'est pas un mode de recrutement, on ne peut pas, sur un simple dossier, savoir si on sera un bon professionnel. Les qualités essentielles comme l’empathie ou la fibre soignante ne peuvent pas être évaluées. »
Les syndicats attendent devant l'hôpital la venue du ministre
Photo par Fanny Gimenez
Un enjeu humain et territorial
Les syndicats et responsables politiques s’accordent sur la nécessité de moderniser les locaux, les représentants syndicaux attendent aussi des renforts avec des effectifs humains supplémentaires.
« Ça fait 10 millions d'euros de l’État et 5 millions d'euros de la Région, ce qui permet naturellement de maintenir une capacité d’investissement importante et d’évolution pour l’hôpital » Yannick Neuder.
Les patients du bassin ponot sont déjà contraints de se déplacer à Clermont ou à Saint-Étienne pour certaines spécialités, une situation particulièrement difficile pour les personnes âgées et isolées.
Au terme de la visite officielle, Yannick Neuder annonce que l’État apportera 10 millions d’euros et la Région 5 millions d'euros. « Ces moyens vont permettre d’accélérer les travaux attendus depuis longtemps », a souligné le ministre, insistant sur la nécessité de moderniser l’hôpital ponot.