La nouvelle convention signée par Catherine Vautrin, ministre déléguée à la Santé, modifie en profondeur les modalités de remboursement par la Sécurité sociale des transports sanitaires, notamment les trajets en VSL (Véhicule Sanitaire Léger).
Une réforme jugée injuste
Cette réforme comporte plusieurs changements qui font bondir les professionnels du secteur, avec des propositions jugées « déconnectées de la réalité » et qui font grincer des dents les conducteurs de taxi. Les conducteurs dénoncent une volonté de standardiser à tout prix, sans concertation avec les principaux concernés.
« On ne peut pas payer un salarié 3 h à attendre sans rémunération »
Tout d’abord, le taximètre, ce petit appareil installé dans les véhicules, calcule les courses en fonction de la distance parcourue et du temps écoulé. Le tarif varie selon les villes, les heures et les jours. Ce dispositif, considéré comme juste par les taxis, permettait de compenser les temps d’attente, notamment lors des transports vers des consultations ou des hospitalisations.
Après la réforme, seuls les kilomètres seront alors calculés, et les retours après hospitalisation seront, quant à eux, majorés à 25 %. Une mesure perçue comme déconnectée de la réalité du terrain : « On ne peut pas payer un salarié 3 h à attendre sans rémunération », lance un artisan taxi.
« Vous imaginez que lui, avec trente salariés, il a du mal à faire un transport partagé. Nous, qui sommes tout seuls, comment on fait ? »
Les trajets d’attente seront également revus à la baisse et les retours à vide seront imposés. Le trajet partagé est rendu indirectement obligatoire, sous peine de malus financier. « J’ai eu un malus de 20 000 € parce que je n’ai pas fait de trajet partagé qui date de 2023, mais on nous informe seulement en 2025 », déplore un taxi. Un autre ajoute : « Vous imaginez que lui, avec trente salariés, il a du mal à faire un transport partagé. Nous, qui sommes tout seuls, comment on fait ? »
Les taxis réclament par ailleurs des éclaircissements sur le forfait « grande ville » jugé évasif. Cet accord, en vigueur en octobre 2025, sera signé pour cinq années, sans possibilité de revalorisation tarifaire.
« On estime que les taxis perdront jusqu’à 30 % de leurs courses. La moitié des taxis du département risque d’être fragilisée. »
Une réforme qui bouscule
Les professionnels dénoncent aussi la volonté de supprimer un service essentiel : l’accompagnement humain. « L’acheminement des personnes en taxi est un maillon fondamental dans l’accès aux soins », alerte Laurent Wauquiez en ajoutant « On estime que les taxis perdront jusqu’à 30 % de leurs courses. La moitié des taxis du département risque d’être fragilisée. »
Les artisans taxis insistent sur un aspect souvent méconnu de leur métier : le rôle d’accompagnement où ils prennent le temps d’aider les patients, souvent âgés ou en situation de fragilité, à s’orienter dans les hôpitaux : accueil, démarches administratives « Les hôpitaux ne sont pas prêts à accueillir les patients dans ces conditions », fait part un chauffeur.
Appel au dialogue et au gel de la réforme
Face à l’inquiétude croissante de la profession « il faut rétablir le dialogue et apporter les arguments des artisans taxis », a déclaré Jean-Pierre Vigier.
Une rencontre est prévue mardi entre Laurent Wauquiez et François Bayrou pour discuter directement de ces problématiques
Les députés ont pris note des revendications. En attendant, la profession espère un gel immédiat de la convention, qui doit entrer en vigueur dans quelques mois, « avec cette nouvelle convention, on casse tout ce service sans faire d’économie. Ce n’est pas acceptable », conclut Jean-Pierre Vigier.