La Ligue contre le cancer a créé ce label en 2011, pour permettre en partenariat avec les collectivités locales, l'instauration d'espaces non-fumeurs dans les lieux publics. Lundi 10 février, la ville de Brives-Charensac avait convié la presse devant l'école de la Mouteyre.
La Haute-Loire rejoint ainsi un bataillon de 65 autres départements déjà labellisés pour un ensemble de 5 162 Espaces sans Tabac. Ceci se traduit par l'interdiction de fumer notamment devant les écoles ou autres lieux susceptibles d'accueillir des enfants et du public familial plus généralement. Ces espaces sont matérialisés par le biais de panneaux signalétiques implantés dans les zones concernées. Ce jour, il s'agit du parvis de l'école de la Mouteyre située rue des Lilas.
"Débanaliser le geste devant les enfants"
Même s'il ne s'agit "pas d'une mesure coercitive" comme le précise Gilles Delabre, maire de Brives-Charensac, l'instauration de tels espaces devant les écoles fait l'objet d'un arrêté municipal et vise avant tout à "sensibiliser les fumeurs comme les non-fumeurs aux risques pour la santé". Il s'agit aussi de "débanaliser le geste devant les enfants" afin que ceux-ci ne deviennent pas à leur tour fumeurs.
Outre le tabagisme passif, concernant donc les personnes situées à proximité de fumeurs, mais ne fumant pas directement, Hélène Bérard, Présidente du Comité Départemental de la Ligue contre le cancer, explique cet engagement pour "un cadre de vie sain et préservé". Mais également par la volonté "d'éviter aussi la survenue de 40% cancer liés au tabac". La Ligue rappelle d'ailleurs que "le tabac est la première cause de mortalité par cancer", et ce faisant, "un cancer sur trois est dû au tabagisme".
Une enquête IPSOS révèle un soutien massif de l'opinion publique à l'interdiction de fumer près des écoles (86%) et dans les parcs (89%).
Mégots : 38 Euros par an pour les Brivois
La ville de Brives-Charensac a choisi de mener "une chasse aux mégots", car comme le souligne le premier magistrat Gilles Delabre, ceux-ci représentent "un coût pour la collectivité en termes de nettoyage et de mobilisation de personnel". Plus concrètement, cela représente la somme de "38€ par habitant et par an, financés par les impôts locaux".
Et d'ajouter, qu'ils sont "le premier déchet retrouvé au sol" sur les trottoirs, aux abords des lieux recevant du public... À propos de sol justement, un mégot met plus de 10 années pour se décomposer, mais plus grave encore, la Ligue précise "qu'il pollue à lui seul 500 litres d'eau". Quand on sait que 30 milliards de mégots de cigarettes sont jetés dans les rues françaises pour un poids compris entre "20 000 et 25 000 tonnes de déchets", cela laisse imaginer l'importance de ces externalités négatives.
Le tabac, c'est aussi de la déforestation
Face à cette pollution relativement visible pour qui déambule sur la voie publique, il en est une autre, moins évidente, mais tout aussi alarmante : la déforestation. Le tabac étant issu pour partie d'une plante, sa culture implique nécessairement une occupation des sols. Il convient donc, dans les pays producteurs de destiner une partie des sols cultivables à ce marché. Mais, lorsque ceux-ci sont insuffisants, cela génère une déforestation pour gagner des terres agricoles supplémentaires. Les chiffres avancés par la Ligue, font état de 5% de déforestation mondiale suite à la production de tabac.
Les enjeux environnementaux sont donc multiples, amenant Daniel Nizri, président bénévole de la Ligue contre le cancer à dire que "le contexte actuel et la menace de pénuries alimentaires qui plane doivent nous pousser à ouvrir les yeux sur cette tragique réalité".
N.B. : Les collectivités territoriales souhaitant installer des Espaces sans Tabac sur le territoire peuvent se rapprocher de la Ligue contre le cancer au 04 71 02 52 71 ou via le mail cd43@ligue-cancer.net. Valérie Astier, coordinatrice du Comité de la Ligue contre le cancer 43 se chargera d'apporter les informations à toutes fins utiles.
