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Quand la science contredit les propos de Laurent Duplomb

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 05/02/2025 à 06:00

"L’acétamipride n'est pas considérée par l'Efsa et l'Anses français comme un produit toxique", dixit le sénateur Laurent Duplomb sur le 19/20 de France 3, la semaine dernière. Sauf que des scientifiques de renom affirment l'exact contraire.

Le journaliste et militant Hugo Clément a partagé une vidéo, sur les réseaux Facebook et Instagram, qui confronte les affirmations du sénateur de la Haute-Loire, Laurent Duplomb, avec ceux de chercheurs très spécialisés. Le sujet ? La dangerosité ou pas d'un des néonicotinoïdes que Laurent Duplomb souhaite réintroduire dans les cultures françaises. Il s'agit de l'acétamipride produit très controversé.

"Cette molécule dont les preuves de neurotoxicité n'ont pas été nettement établies"

Durant une émission télévisuelle diffusée sur France 3, Laurent Duplomb affirme que : "L’acétamipride n'est pas considérée par l'Efsa et l'Anses français comme un produit toxique. Elles le disent dans plusieurs analyses. Elles ne disent pas non plus que l’acétamipride tue les abeilles".

Dans un communiqué de presse partagé le 4 février 2025 par le sénateur, le politique déclare : "L'acétamipride est systématiquement amalgamé aux autres néonicotinoïdes « tueurs d'abeilles » comme la clothianidine. Or, cette molécule dont les preuves de neurotoxicité n'ont pas été nettement établies, ne présente pas du tout le même profil écotoxicologique, comme l’explique l'ANSES, l’autorité chargée d’assurer la sécurité sanitaire des aliments pour les humains et les animaux en France".

"La forte toxicité de l'acétamipride pour les organismes aquatiques et terrestres"

Hugo Clément, journaliste et militant pour la cause environnementale, explique alors avoir contacté Philippe Grandcolas, directeur de recherche au CNRS et entomologiste. Le chercheur affirme que l'acétamipride génère "une toxicité terrible".

Le journaliste souligne aussi que Laurent Duplomb partage des propos mensongers à propos des analyses de l'Anses. Il suffit d'aller sur le site de l'Agence nationale de sécurité sanitaire de l'alimentation, de l'environnement et du travail pour y lire : "Étant donné la forte toxicité de l'acétamipride pour les organismes aquatiques et terrestres, tout rejet vers les sols, les égouts, les plans d'eau ou les cours d'eau doivent être empêchés".

"Ce néonicotinoïde serait l'un des pires (pour la santé humaine)"

Un autre spécialiste, Jean-Marc Bonmatin, docteur en chimie et chercheur au CNRS, indique de son côté que l'acétamipride est toxique pour les abeilles, mais également pour la santé humaine. Selon lui, à travers les échanges avec Hugo Clément, "ce néonicotinoïde serait l'un des pires sur le sujet. Il provoque des problème de neurodéveloppement chez le fœtus, de l'obésité et du diabète de type 2, des maladies rénales, cancer du foie, de la thyroïde et des testicules..."

"Non seulement l’acétamipride a un faible taux de toxicité pour les abeilles mais en plus, il n’y aucune chance qu’en France, elles ne soient mises en présence". Laurent Duplomb

Laurent Duplomb, à propos des effets du néonicotinoïde, rassure : "Depuis 2003, il existe en France un plan pollinisateur avec un arrêté qui précise les conditions d’emploi des différents phytosanitaires en période de pollinisation. Renforcé en 2021, il interdit l’épandage de tous les insecticides en présence de pollinisateurs, quelle que soit la culture concernée".

Il lance alors : "Donc, non seulement l’acétamipride a un faible taux de toxicité pour les abeilles mais en plus, il n’y aucune chance qu’en France, elles ne soient mises en présence. Les agriculteurs sont avares de mots mais ils savent prendre soin du vivant".

"situation kafkaïenne"

Le sénateur termine avec cette leçon de morale destinée aux "militants écolos" : "Aujourd’hui, on en arrive à une situation kafkaïenne puisqu’en interdisant aux agriculteurs français d'utiliser l’acétamipride, les militants écolos nous poussent sans parvenir à le comprendre, à importer toujours plus de produits étrangers traités avec cette molécule ou d’autres, interdites en France, reconnues comme cancérogènes, mais que nous sommes incapables de contrôler aux frontières !"

 

 

 

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