Dans cette vidéo diffusée sur X, son visage ainsi que ceux des membres de sa majorité se font littéralement écraser, découper, comme de la pâte à modeler, par des mains, pressoir et autre couteau.
« C’est tout sauf drôle ou anodin comme ce que j’ai pu lire parfois dans les réactions en ligne, qui restent, heureusement minoritaires (...) Ni mes collègues élus ni moi-même nous sommes engagés en politique et pour le service public pour subir ce genre de traitement sur les réseaux », exprime Olivier Blanchi, maire de Clermont-Ferrand, dans un communiqué.
Le maire et ses adjoints portent plainte
Un montage d'un mauvais goût certain, et qui témoigne d'une colère dépassant le cadre du respect entre êtres humains. C'est pourquoi le maire a décidé de contre-attaquer, et de signaler cette vidéo à la Procureure de la République. « J’annonce, qu’outre le signalement à Madame le Procureur de la République, je déposerai une plainte en mon nom propre et mes collègues élus vont faire de même. »
« Je suis un démocrate et j’accepte la critique, l’opposition politique. J’accepte même un certain degré de rudesse dans le débat, elle a toujours fait partie de nos traditions politiques. Je n’accepte pas la menace, l’intimidation physique, particulièrement odieuse quand on en vient à découper une tête au couteau ou la passer au pilon.» Olivier Bianchi, maire de Clermont-Ferrand, dans un communiqué.
Saccage Clermont au peloton d'exécution
En septembre 2023, Zoomdici s'était déjà entretenu avec Philippe Killing, créateur de la page Facebook Saccage Clermont, créée quelques mois plus tôt.
L'objectif était, pour les membres de ce groupe, et l'est toujours, de dénoncer, les décisions municipales notamment concernant le développement urbain, les travaux à répétition et réalisés tous "au même moment", le manque de concertation, une forme de "dictature" selon eux, les conflits d'intérêt, etc.
Depuis, les membres postent quotidiennement des informations et photos, fréquemment empreintes d'ironie et dérision, pour dénoncer certaines décisions de la majorité, et plus globalement, d'élus locaux.
Mais cette fois, un cap de violence a été franchi par un des désormais ex-modérateurs du groupe, qui a publié cette vidéo sur son compte privé, entrainant dans sa chute la communauté militante de Saccage Clermont.
Le communiqué de presse complet d'Oliver Blanchi... (Cliquez sur la croix pour dérouler l'info)
« Pour la première fois à l’occasion de messages publiés sur les réseaux sociaux, j’ai décidé de signaler à Madame le Procureur de la République une vidéo particulièrement violente et choquante, inédite dans cette forme à Clermont-Ferrand. Cette vidéo visait non seulement le Maire mais aussi plusieurs de ses adjoints.
Je déplore et je condamne cette violence symbolique contre des élus locaux, qui s’inscrit dans un climat national de plus en plus délétère. Délétère et dangereux, car nous avons déjà connu plusieurs agressions physiques, parfois très graves, contre des élus qui ont suivi de telles images dégradantes ou des insultes en ligne.
Je suis un démocrate et j’accepte la critique, l’opposition politique. J’accepte même un certain degré de rudesse dans le débat, elle a toujours fait partie de nos traditions politiques. Je n’accepte pas la menace, l’intimidation physique, particulièrement odieuse quand on en vient à découper une tête au couteau ou la passer au pilon. Cela ne correspond pas aux traditions de modération de notre ville, et je demande à chacun de bien prendre la mesure de ce que peuvent ressentir des élus municipaux, leur famille, leurs amis, à Clermont comme ailleurs en France, quand ils contemplent de telles images de violence regardées par des milliers de gens sur les réseaux sociaux. C’est tout sauf drôle ou anodin comme ce que j’ai pu lire parfois dans les réactions en ligne, qui restent heureusement minoritaires.
Je renvoie toutes celles et ceux qui relativisent avec indulgence voire complaisance ce type de vidéo aux jours les plus sombres de la haine politique, aux caricatures et même aux appels au meurtre courantes pendant les années trente contre des personnalités politiques de gauche essentiellement, je pense à Léon Blum ou à Roger Salengro pour ne citer qu’eux. Nous savons bien où tout cela nous a menés. Plus proche de nous, les attentats qui ont ensanglanté notre pays suite à des appels à la haine ou à la violence devraient pourtant apaiser les esprits et les débats qui dépassent l’acceptable, pouvant d’ailleurs provenir d’élus locaux eux-mêmes.
Ni mes collègues élus ni moi-même nous sommes engagés en politique et pour le service public pour subir ce genre de traitement sur les réseaux. J’ai longtemps laissé passer des messages haineux et insultants, mais aujourd’hui mes adjoints sont aussi visés et je considère qu’on a passé une ligne rouge et je dis stop.
Ce n’est pas ma conception de la politique et je condamne toutes les outrances, toutes les violences même symboliques au-delà de la caricature légitime, quel que soit le bord politique qui en est à l’origine. Je les ai d’ailleurs condamnées ici même à Clermont-Ferrand quand mes opposants ont eu à subir des violences dans le cadre de la campagne municipale. C’est aussi pour cela que je m’interroge sur le fait que, parmi les nombreuses marques de soutien et de sympathie dont je remercie les auteurs, aucunes voix de l’opposition municipale des droites ne se soient manifestées. J’espère que ce silence n’inaugure aucune évolution néfaste dans les pratiques politiques de cette ville car notre vie locale en serait profondément et gravement altérée.
Pour toutes ces raisons, j’annonce, qu’outre le signalement à Madame le Procureur de la République, je déposerai une plainte en mon nom propre et mes collègues élus vont faire de même. »
L'auteur de la vidéo démissionne
« Cette vidéo a été postée sur un compte personnel et le groupe n’a nullement été cité. (...) La vidéo n’a jamais été partagée ici (...) », s'est rapidement justifié l'auteur de ce montage réalisé avec l'intelligence artificielle, sur la page Facebook du groupe, suite à la publication d'un article des confrères de La Montagne.
Il annonce alors démissionner de son rôle de modérateur du groupe « afin de ne pas porter préjudice au travail effectué autour de cette communauté ».
Philippe Killing, administrateur du groupe, répond :
« Cela a été tourné dans les médias pour que les gens pensent que tout a été fait par Saccage Clermont, ce qui n'est vraiment pas le cas » Philippe Killing, Saccage Clermont.
Philippe Killing, interrogé par nos soins, ne cautionne pas la vidéo, mais défend sa communauté. « Il s'agit d'une diffusion privée, qui avait fait à la base 80 vues, seulement les proches du titulaire du compte. »
Olivier Bianchi a, en réaction, partagé la vidéo sur ses réseaux, et on connait la suite.
« Cela a été tourné dans les médias pour que les gens pensent que tout a été fait par Saccage Clermont, ce qui n'est vraiment pas le cas (...) on ne peut pas non plus surveiller le compte personnel de chaque membre ». L'administrateur du groupe dénonce également un non-respect de son droit de réponse envoyé à la presse.
Selon lui, Olivier Bianchi utiliserait cet événement pour « attirer l'attention sur ça » et la détourner ainsi de « l'insécurité, les travaux à Clermont, le désordre organisé ».
Le droit de réponse complet de Saccage Clermont... (Cliquez sur la croix pour dérouler l'info)
Droit de réponse suite au propos de Monsieur Bianchi repris et propagés par le journal La Montagne
Nous souhaitons apporter des clarifications concernant une vidéo récemment publiée par notre modérateur. Cette vidéo n’a pas été validée par l’équipe d’administration du groupe SaccageClermont, et son contenu ne reflète pas notre position officielle.
Après enquête, le modérateur en question a affirmé avoir partagé cette vidéo sur son compte personnel, en dehors de tout cadre lié à notre groupe. Nous rappelons que l’équipe d’administration n’est pas responsable des contenus publiés sur des comptes personnels, même si ces publications peuvent être interprétées comme associées à notre groupe. Cependant, cette publication a rapidement fait l’objet d’un article dans La Montagne, mettant en avant un lien entre cette action personnelle et le groupe SaccageClermont. Une nouvelle preuve de l’implication de ce journal en tant que média politique qui arrive à sortir ce genre d’article mais n’arrive pas à trouver le chemin du téléphone ou du mail pour répondre à nos sollicitations.
Nous constatons malheureusement que certaines erreurs ou maladresses provenant de notre groupe sont systématiquement amplifiées pour tenter de nous discréditer. À plusieurs reprises, M. Bianchi a cité SaccageClermont en suggérant que nos actions ou nos critiques visent à nuire systématiquement à l’image de Clermont-Ferrand. Nous souhaitons rappeler que notre objectif est avant tout de réunir les personnes pour faire front ensemble au changement orchestré par l’équipe municipal et de faire de ce groupe un musée futur de ce qu’était la vie à Clermont avant son saccage.
Nous demandons à nos membres de continuer à échanger de manière respectueuse et à maintenir un débat constructif. Les tentatives de détournement ou d’instrumentalisation de notre mouvement ne nous empêcheront pas de poursuivre nos actions. Ce cas précis permet aussi de montrer aux plus sceptiques que la modération menée est obligatoire et que chaque faux pas sera automatiquement récupéré par notre municipalité.
Merci de votre compréhension et de votre soutien.
L’équipe d’administration de SaccageClermont