« Baleine », « t’es grosse », « t’es moche » : ces moqueries incessantes ont rythmé l’enfance de Noémie, une jeune femme de 22 ans originaire du Puy-en-Velay. Ces paroles blessantes l'ont poussée à détester son image dans le miroir.
« Quand j’étais enfant, j’ai toujours eu du mal à accepter mon corps. J’ai été victime de harcèlement scolaire à cause de mon poids. Les maillots de bain, c'était devenu impossible pour moi, tout comme les vêtements moulants. Je portais toujours des joggings ou des tenues de sport, car c'est là où je me sentais le plus à l'aise ». Noémie, qui travaille dans un camping à Brives-Charensac, explique que son apparence peut susciter du rejet, au point qu’elle a souvent l’impression d’être observée en permanence.
Pour essayer de se sentir mieux dès le collège, et faute d’arriver à en parler à ses parents, elle avait trouvé une solution : « J’écrivais ce que je ressentais sur un papier, puis je brûlais ce papier comme pour effacer à la fois les mots et les maux. »
Un shooting photo comme déclic
Il y a deux ans, l'annonce d'une photographe cherchant des modèles féminins variés pour représenter la femme moderne a marqué un tournant pour elle. « J'ai postulé et ai été sélectionnée. En voyant les photos, j'ai eu un déclic. Je me suis perçue différemment, j'ai réalisé que j'étais belle avec mes rondeurs. »
Cet élan de confiance l'a poussée à envisager de participer à un concours de Miss. Cependant, elle doutait encore : « Je craignais de me sentir comme une tâche parmi des femmes à la silhouette élancée. » Puis, elle a découvert le concours Miss Curvy : « Ce comité m'a semblé être l'endroit idéal, car je peux y rencontrer des femmes ayant vécu des expériences similaires aux miennes. »
« Il existe des comités sans critères de taille, de poids ou d'âge, mais je n'ai pas voulu m'y inscrire car je risquais de me retrouver parmi des femmes fines, et je ne souhaite pas être comparée à ce type de filles », a poursuivi la jeune femme.
Objectif : devenir la plus belle des rondes parmi les rondes
Noémie Exbrayat est donc en lice aux côtés de huit autres candidates pour le concours Miss Curvy Auvergne 2024, qui se tiendra le 5 octobre prochain à Gerzat, dans le Puy-de-Dôme. Ce concours, qui célèbre les courbes et les rondeurs féminines depuis dix ans en alternative à Miss France, est relativement nouveau dans la région. C'est la deuxième année que le comité Miss Curvy Auvergne organise l'élection de sa miss régionale.
« Mon objectif : mettre les rondeurs à la mode »
Diplômée d'un BTS Tourisme, Noémie se prépare désormais à représenter la ville du Puy-en-Velay. Au programme, en octobre prochain : six tableaux, dont un en maillot de bain, un autre en robe de soirée, et un troisième intitulé « Imposes ton style », où les participantes peuvent choisir librement leur tenue.
« Quand on s’inscrit à un concours, ce n’est pas pour le rater. Si je repars avec l’écharpe et la couronne, ce ne sera que du bonus ; sinon, au pire, j’aurai vécu une belle aventure, sans regret. Mon objectif, si je suis élue Miss Curvy Auvergne, est que la jeunesse puisse s’identifier à moi et à mon parcours, afin qu’elle puisse s’accepter avec ses formes et se sentir belle. Mon idée est de mettre les rondeurs à la mode. »
À noter que la sélection se fera à 40 % selon le vote du public (répartis en 20 % de votes des spectateurs présents le soir de l’élection et 20 % de votes mobiles) et 60 % du vote du jury. Si elle est élue, elle représentera la région Auvergne au concours Miss Curvy France, qui devrait se tenir en avril 2025.