Toutes les Archives départementales n’ont pas d’atelier de restauration. Seules les grandes archives, comme celles de Lyon ou de Saint-Étienne, en disposent. À l’Est du Puy-en-Velay, Avenue Meschede, le bâtiment des Archives départementales de la Haute-Loire est l’un des rares à en posséder un. À l'intérieur, des lampes éclairent les mains de Laurent Cartal, restaurateur.
Les archives départementales de Haute-Loire, qu'est-ce que c'est ?
Les Archives départementales sont des centres de conservation des archives des services publics départementaux. À cela s’ajoutent des collections d’archives privées qui présentent un intérêt pour le département. En Haute-Loire, tous ces documents forment un ensemble de plus de 17 km et retracent l’histoire du département et de ses services, ainsi que celle des gens qui y vivent. Le lieu conserve aussi bien des documents récents que des pièces datant des années 900. Le rôle des Archives est de collecter, conserver, restaurer, communiquer et classer ces fonds selon leur origine.
Cela fait 10 ans que Laurent Cartal exerce ce métier. Son rôle n’est pas de remettre les documents dans leur état original, mais de stopper toute dégradation :
« Le but de la restauration, c’est que cela se voie. C’est différent de la restauration d’un tableau. Toute erreur de restauration doit être facilement vérifiable. Si dans dix ans, quelqu’un doit faire une retouche, il sera plus facile de voir à quel endroit a eu lieu la dernière réparation », explique Laurent Cartal.
L'art de la conservation
Dans le cadre d’un atelier de restauration voulu par les Archives du département pour valoriser le lieu et promouvoir des métiers cachés, on découvre, dans les entrailles du bâtiment, les techniques de restauration des archives du département. L'atelier a ouvert ses portes à Zoomdici.
« Les trous ou parties écrites disparues sont perdus. »
Pour faire perdurer des papiers anciens abîmés par le temps, Laurent Cartal est très méthodique. Il colle, découpe, pare, répare… dans le calme et dans un ordre très précis : « Ici, on restaure cartes, photos, lettres, fonds notariés, etc. Pour la restauration d’un document, il faut d’abord déterminer l’époque du papier, comment il a été fait, sa matière. Après observation, on passe à la phase de nettoyage et de dépoussiérage. On utilise un pinceau, par exemple, pour peigner un document et enlever la poussière. »
Chiffon microfibre, scalpel, colle, crayon… pour remettre d’aplomb ces documents, Laurent Cartal dispose d’un attirail d’outils. L’humidité, le soleil, et les pliures sont ses principaux ennemis :
« Pour des documents qui sont courbés aux extrémités, j’utilise des bains à température ambiante. Je trempe le document et cela permet au papier de reprendre sa forme initiale. Cela fonctionne bien du papier chiffon. Ensuite, j’interviens avec du papier japonais, un type de papier souple et résistant fait de fibres de mûrier. Ce papier permet de restaurer les contours des documents abîmés ou de combler un trou. Les trous ou parties écrites disparues sont perdus. Mon rôle n’est pas de remettre les documents dans leur état original, mais de stopper toute dégradation. Je colle ce papier avec une colle naturelle maison à base de blé, de maïs ou de riz, une colle qui ne se conserve pas plus de trois jours. »
À chaque pose de papier collé, il faut au moins 24 heures de séchage avant les finitions et la découpe finale. Un vrai travail d’orfèvre pour ces gardiens de l’histoire du département.
Ces ateliers sont amenés à être reconduits, avec éventuellement d’autres métiers du bâtiment pour valoriser ces Archives départementales.