Depuis le mois de juin, les issoiriens observent ces sculptures géantes faites de résine polyester peinte et pour les dernières nées, d'acier, aux quatre coins de la ville : au square René-Cassin, devant l'abbatiale, au bord de la Coulée verte, devant la salle Animatis, à l'entrée de la Halle aux grains, sur la Place de la Montagne, dans la cour du Centre d'art Jean-Prouvé.
Chaque élément porte un nom, plus ou moins énigmatique, drôle, suscitant l'interrogation, l'imagination.
Lisa Vanho, artiste sculptrice, créatrice de mobilier (claustras, tables, chaises, portes) mais également peintre et dessinatrice, est la maman de ces œuvres abstraites qui ne passent pas inaperçu dans le paysage tant au niveau de leur taille, que des coloris choisis.
Zoomdici la rencontre au parc René Cassin avant son inauguration, où figure l'une de ces premières créations intitulée "Croissance".
Sortie des Beaux-Arts de Tour, l'artiste se lance dans la peinture, dans le dessin, mais il lui manque quelque chose. "J'avais appris la sculpture durant mes études, comment faire un plâtre, la résine, la soudure... j'aime ça, ce côté lisse de la matière".
En 2008, elle dessine en 3D des claustras façon BD, coulés en aluminium et tout de blanc vêtus, animés par des personnages, qui racontent une histoire, ou plusieurs, selon l'œil qui les regarde. Elle expose alors au Japon, dans les galeries parisiennes et dans plusieurs villes françaises.
L'abstrait s'invite dans ses sculptures
Puis débarquent ces sculptures géantes, bleues et blanches, au départ, marquant un tournant pour elle dans l'abstrait, portée par le courant surréaliste qui l'a toujours inspirée.
Son objectif alors : "bousculer la forme rigide", associer le "mou et le dur" dans une confrontation qui vient nous parler à la fois de dualité et d'équilibre, de transition, de transformation, d'évolution de cette forme embryonnaire, comme une naissance, "le début d'une autre histoire" selon l'artiste.
Une mutation, "un chaos" selon Lisa, traduit par l'art, qui peut résonner en chacun, à l'échelle du parcours de vie jalonné d'épreuves, d'étapes, d'évolution, mais également plus largement, à l'échelle de la société dans laquelle on vit, du climat, et du cosmos peut-être même...
"Je ne suis pas toujours très rationnelle, je crois que c'est ce qu'on dit des artistes, ils sont plutôt... intuitifs"
Elle a choisi le bleu pour le "calme, l'évasion, l'imaginaire...". Une couleur douce, selon elle, mais qui se démarque dans le paysage, n'étant que peu représentée dans les couleurs proposées par mère nature.
Ces premières sculptures s'appellent "Météorite" (devant l'abbatiale), "Métamorphose" (Coulée verte), "Évolution" (Parc Alfred Lamy, face à la Préfecture) et "Croissance"(square René Cassin).
Au fur et à mesure, l'artiste est revenue à du figuratif incorporant à ses sculptures des formes et des noms plus personnifiés.
"Je leur ai trouvé des histoires, mais ce sont des suggestions. L'idée c'est que les personnes puissent également se faire leurs propres histoires".
Lisa invite donc à ne lire le nom de l'œuvre qu'après avoir activé son imagination à la seule observation de ces associations de formes.
Ses dernières créations sont faites d'acier, un choix de l'artiste, qui décide par ce biais de limiter les déchets et la toxicité liés au travail de la résine, sa précédente méthode de fabrication.
Les oeuvres de Lisa sont à découvrir et à apprivoiser, jusqu'au 13 octobre 2024.