L’abstention n’aura pas été le seul marqueur de ces élections régionales et départementales. La désorganisation aussi. D’ailleurs, le désintérêt qui entoure ces scrutins peut être considéré comme l’une des causes majeures de cette désorganisation puisqu’elle découle aussi du manque d’assesseurs.
Première manifestation flagrante du phénomène : le non renouvellement des panneaux d’affichages entre les deux tours. Comme en témoigne la photo ci-dessous prise ce vendredi 25 juin vers 18h30 alors que la campagne officielle terminait à minuit dans la nuit de vendredi à samedi, c'est-à-dire l’interdiction de communiquer pour les candidats. Cet électeur monistrolien s’étonnait de voir « Bruno Bonnell toujours candidat, Lutte ouvrière aussi, Mme Cukierman se présente seule, Mme Belkacem est présente sur deux panneaux… et il y a toujours 7 listes ! Seule affiche modifiée : le tandem (en fait un trio) Grébert Belkacem ! Et tout le monde se lamente du taux d'abstention », s’exclame-t-il en déplorant que les autres panneaux d’affichage de la commune soient du même acabit.
Des isoloirs "complètement optionnels"
« La moitié des communes de Haute-Loire n’ont pas joué le jeu de l’affichage, ne serait-ce qu’une croix pour barrer les listes éliminées », s’insurge Renaud Daumas, tête de liste départementale pour la liste écologiste de gauche de Fabienne Grébert. Le tout nouveau conseiller régional d’opposition estime que beaucoup d’électeurs ignoraient donc qu’il y avait eu alliance entre les deux tours entre les listes Grébert, Vallaud-Belkacem et Cukierman.
Car, encore une fois, de nombreux secteurs de la Haute-Loire n’ont pas reçu les plis électoraux confiés à la société Adrexo. D’après les informations communiquées par Adrexo (en pourcentage de plis non distribués), au premier tour, il y avait un taux global de plis non distribués de 12,96 % (contre environ 9% au plan national y compris à la Poste) et de 22 % pour le second tour, nous informe la préfecture. À l'échelle nationale, ce sont 40% des plis électoraux d'Adrexo qui n'ont pas été distribués, en raison notamment de l'arrivée trop tardive des enveloppes à distribuer.
Quant aux électeurs qui ont bien reçu ces plis électoraux, ils n’y auront pas trouvé le bulletin de vote de la liste fusionnée Grébert, Vallaud-Belkacem et Cukierman. Renaud Daumas explique pourquoi : « Il aurait fallu faire partir le fichier numérique à l’imprimeur lundi à 14h maximum mais il y avait encore des négociations entre les listes donc ce n’est parti qu’à 18h. » Les deux autres listes, elles, n’ayant pas fusionné, n’ont pas été prises par le temps.
La
future assemblée régionale d’Auvergne Rhône-Alpes sera composée de 136 élus de la majorité de Laurent Wauquiez (en hausse de 27 sièges), de 51 élus de l'union de la gauche écologiste qui perd 5 sièges et de 17 élus Rassemblement national, soit la moitié du mandat précédent. Sur les 8 élus de Haute-Loire, 7 sont issus de la liste de droite (Caroline Barre, Caroline Di Vincenzo, Elisabeth Ouillon-Pellissier, Jean-Luc Vachelard, Jean-Pierre Vigier, Laetitia Hugon-Hilaire et Laurent Wauquiez) et un de la gauche écologiste (Renaud Daumas).
Les nouveaux bulletins Grébert fusionnés ont été livrés à la préfecture à temps pour distribution dans les bureaux de vote. Mais dans plusieurs bureaux de vote, ce sont les bulletins du premier tour qui ont été mis à la disposition des électeurs. Au bureau de vote de Chadrac n°2, le délégué de liste Lionel Bouton s’en est aperçu et l’a signalé par procès verbal. « Nous avons appelé la préfecture pour savoir quoi faire, relate la maire Corinne Bringer, on nous répondu de classer ces bulletins comme nuls mais qu’ils seraient basculés en votes exprimés lundi matin par la commission de vérification en préfecture. »
Ces bulletins, effectivement repêchés lundi en préfecture, sont au nombre de 41 (sur un total de 147 au bureau de Chadrac n°2). Autant dire qu’ils ne changent pas la face de l’élection : la liste Grébert gagne 0,04 points en Haute-Loire.
Le même phénomène de bulletins de premier tour disposés sur les tables au second tour s’est produit dans plusieurs communes de Haute-Loire. Mais au moment du dépouillement, ces bulletins ont été considérés comme valides d'emblée.
Reste à savoir pourquoi des bulletins du premier tour se sont retrouvés au second. À Chadrac, Corinne Bringer assure que la secrétaire de mairie avait jeté les bulletins du premier tour comme le veut le code électoral : « On suppose que la préfecture nous a envoyé les mauvais bulletins mais on est sûrs de rien », précisant que le paquet qui a été dispatché au bureau n°1, lui, contenait les bons bulletins. La pile du bureau n°2 a été modifiée en milieu de matinée dimanche.
Des assesseurs pas assez formés
Autre irrégularité, celle-ci constatée au bureau de vote de Solignac-sur-Loire, « les isoloirs étaient complètement optionnels », déplore Renaud Daumas. Un phénomène rapporté par certains électeurs dès le premier tour.
Pour expliquer ces diverses irrégularités, Chloé Alibert, candidate PCF, pointe le manque de formation des assesseurs et responsables de bureaux de vote. « Tout candidat est automatiquement délégué de liste et fait le tour des bureaux de vote pour vérifier que tout soit conforme au droit électoral », explique-t-elle. Or, « de nombreuses personnes ne connaissent pas le rôle des délégués de liste, ils manquent de formation ce qui crée des incompréhensions ». Un phénomène qui n’est pas aidé par le faible nombre de délégués de liste.
La réaction post-élection du PCF 43
"Nous avons mené campagne avec des camarades vrais, sincères et humains, on a tout donné mais en face il y a un véritable rouleau compresseur conservateur. C'est évidemment beaucoup de déception, mais tellement d'espoir aussi pour la suite, on a fait valoir nos idées, malheureusement avec cette majorité là à la Région nous aurons du mal à être écoutés.
Je souhaite beaucoup de courage aux élus dans cette nouvelle assemblée : Cécile Cukierman est une véritable élue de terrain en lien permanent avec la population.
Je remercie fraternellement Michelle Chaumet, Frederic Petiot et Xavier Bousset de m'avoir aidée dans mes premiers pas en tant que candidate aux régionales et aux départementales.
Je pense à Michel Valentin qui nous a quittés l'année dernière, et je me dis qu'aujourd'hui aurait été un cauchemar pour lui : notre Haute-Loire, notre terre de résistance, c'était une autre époque ; la droite extrême est désormais en place et en maître. Mais on est là nous ! Et on est bien. Et le combat continuera !
Puis je crois qu'il faut regarder la réalité en face 87% d'abstention des 18/25 ans sur notre département. Je crois qu'on peut dire ce qu'on veut mais si la politique ne s'intéresse pas aux jeunes, les jeunes ne s'intéressent pas à la politique. Il va falloir travailler d'acharnement pour de meilleurs lendemains et enfin être en avance sur notre temps. Pour la dignité humaine, pour le droit des travailleurs, la défense de nos services publics, pour un vrai progrès social, écologique, paritaire et égalitaire : il va encore nous falloir faire un sacré bout de chemin.
Dès demain, je souhaite que nous nous organisions et repensions collectivement à comment faire barrage à l'extrême droite dans notre département mais également à l'échelle de notre Pays.
Nous sommes là.
On ne changera jamais de bord, on ne laissera jamais la place à la compromission. J’appelle toutes les forces de gauche à se mobiliser et se lever pour avancer main dans la main à l’avenir."