Mohamed Abdou, l'Iman de la Grande mosquée du Puy-en-Velay à Guitard, aux côtés de Mohamed Boussikli, gérant de l’édifice, ont accueilli Dominique Roux, délégué diocésain au dialogue interreligieux et le Père Vincent Féroldi, directeur du Service national pour les relations avec les musulmans (SNRM). Ensemble, ils mettent en exergue l’importance du respect entre tous et notamment entre les fidèles des religions qui composent un grande partie de la société humaine.
« Quand je rencontre quelqu’un, je ne vais pas lui demander si c’est un chrétien, un musulman, un juif ou tout autre. Car c’est d’abord et avant tout un frère ou une sœur en humanité ». Père Vincent Féroldi
Pour la première fois, Vincent Féroldi est venu poser quelques jours ses valises dans la cité ponote afin de rencontrer celles et ceux qui se battent pour que les différences de couleur de peau, de sexe et de croyance n’interfèrent pas sur le « bien vivre ensemble ». « Cette rencontre avec les musulmans au Puy me permet de découvrir profondément la communauté ponote, livre-t-il. La première chose qui m’a interpellé est la mosquée en elle-même. Je la cherchais sans la voir. J’apercevais bien au loin un grand bâtiment typique d’ici comme une grande ferme mais je n’ai su qu’en arrivant aux pieds de ses murs que c’était la mosquée en question. J’ai beaucoup voyagé en France et dans le Monde et c’est la première fois que je découvre une mosquée ainsi construite ».
« Nous sommes malheureusement dans un monde de peur. Où les gens ont peur de l’autre »
Les yeux constamment rieurs, le Père Vincent Féroldi insiste sur la notion de fraternité, une notion mise à mal selon lui par le contexte de peur imposé par la pandémie. « Nous éprouvons tous une période difficile, déplore-t-il. Nous sommes malheureusement dans un monde de peur. Où les gens ont peur de l’autre. Ce qui se traduit par un rejet de l’autre. On peut penser même que certaines tensions sont dues aux différentes grandes religions à travers le Monde. Il nous est donc nécessaire de casser cette perception. »
Il ajoute : « Si une diversité culturelle et religieuse est importante pour chacun, il n’empêche que nous habitons tous sur la même terre. Quand je rencontre quelqu’un, je ne vais pas lui demander si c’est un chrétien, un musulman, un juif ou tout autre. Car c’est d’abord et avant-tout un frère ou une sœur en humanité ».
« Nous entrons en France dans toute une série d’élection politique. Il ne faut pas se battre dans une compétition de slogan sans substance. Il faut au contraire que les candidats travaillent à un projet commun pour nous rapprocher et non nous diviser ». Père Vincent Féroldi
Des petits gestes pour un très grand respect
« Le contexte pousse certains à des postures identitaires, s’inquiète Vincent Féroldi. Ces postures-là se traduisent par des positions contre l’autre. L’inquiétude exacerbe la peur qui se traduit par des divisions entre les communautés ». Positif, il nuance tout de même : « Heureusement, je pense que nous nous dirigeons dans le bon sens pour mettre un coup final à cette pandémie très anxiogène. Les données deviennent plus réjouissantes de jour en jour. Débarrassée de toutes ces craintes, la fraternité entre les peuples et les confessions religieuses va se renforcer et s’étendre tout autant ».
À titre d’exemple, il raconte les marques de respect reçues récemment. « Lors des jours de Pâques, de l’Ascension et de la Pentecôte, mes amis musulmans m’ont envoyé des messages pour me souhaiter de bonnes fêtes. J’ai fait de même avec le Ramadan et le l’Aïd. Ces petits détails, ces petites attentions ne sont pas grand-chose en soi, pas grand-chose à faire. Et pourtant, elles comportent en leur cœur un très grand symbole de respect entre nous et nos religions respectives ».