Lucy Abraham, épouse de Maurice Grinberg, a été accueillie à Brioude lors de la seconde guerre mondiale avec des membres de sa famille pour échapper à l’oppression et à la persécution nazie. La famille Grinberg/Abraham a déjà beaucoup honorer les habitants du brivadois et de la Haute-Loire par avec le don de plusieurs œuvres. Aujourd’hui, fruit de la rencontre entre monsieur Grinberg et Monseigneur Luc Crepy, ce mécène voit son nom attribué à la première salle du futur musée diocésain « Trésors de la bible », la salle de la Torah.
Le musée, complémentaire du Camino
Le musée prend place au sein de l’hôtel de Montlaur, qui a accueilli la Manécanterie, qui fait face au Camino, les deux bâtiments étant séparés par le jardin du Camino. L’évêque du Puy indique que ces deux lieux sont complémentaires. « Les pèlerins et les visiteurs qui seront au Camino pour découvrir le chemin de Saint-Jacques-de-Compostelle pourront, en traversant le jardin du Camino, découvrir ces trésors de la Bible », explique Monseigneur Luc Crepy.
La salle de la Torah se situe dans une cave voûtée du rez-de-jardin de cet hôtel. Elle constitue le prélude du prochain musée diocésain et permet d’ores et déjà de découvrir quelques trésors de l’histoire judéo-chrétienne. À commencer par une Torah qui siège au fond de cette salle à l’esprit médiéval.
Le fruit d’une rencontre
Marque de la fraternité judéo-chrétienne
Cette inauguration privée a également été le témoin d’un nouvel acte symbolique dans la collaboration judéo-chrétienne. En effet, Maurice Grinberg a été décoré chevalier de l’ordre de Saint-Sylvestre par le Pape François, représenté ici par Monseigneur Luc Crepy.
Dans la volonté de mettre en avant les liens qui unissent la religion hébraïque et chrétienne, cette salle est le fruit de la rencontre entre l’évêque du Puy et le mécène Maurice Grinberg. Ce dernier a notamment fourni une Torah écrite sur un parchemin manuscrit, en hébreux, réalisé par lui-même.
Deux ans de travail ont été nécessaires pour réaliser cette œuvre qui regroupe les cinq livres de la Torah. « Sur les 60 feuilles de parchemin, il m’en a fallu 120 », se rappelle Maurice Grinberg. En effet, cet ouvrage a été fait dans le strict respect des traditions qui stipulent qu’à la moindre faute, les corrections sont impossibles. Il faut recommencer entièrement la feuille.
Remettre sous la lumière le livre le plus vendu du monde
Mais cette salle recèle d’autres trésors et objets de valeurs. Deux bibles grand formats également réalisées par Maurice Grinberg, mais aussi un échantillon de bibles anciennes. Ces bibles, dont la plus ancienne date de 1511, proviennent de l’abbé Jean-Louis Picard qui a passé sa vie à dénicher le plus d’exemplaires du « livre le plus vendu du monde » pour reprendre les propos de l’évêque ponot. Au total, c’est plus de 500 bibles qui ont été ramenées par l’abbé, et sont pour le moment stockées dans les coffres de la haute-ville du Puy, sur lesquelles Michel Ramousse, président de la commission d’art sacré du diocèse, veille.
« L’objectif est, à travers notre démarche et les œuvres exposées, de faire découvrir la Bible, qui est tout de même le livre le plus vendu au monde et qui est la source de la tradition judéo-chrétienne ». Mgr Luc Crepy
Autres pépites du lieu, un Talmud du XVIIe siècle dont les douze tomes ont été réalisés à Salzbourg. Un mur entier est occupé par un vitrail traditionnel serti au plomb et soudé à l’étain, qui représente une vingtaine de scènes bibliques de l’ancien Testament, commun aux deux religions. Nous devons cette œuvre à Timothée Barbeyrac un jeune artisan vitrailliste, installé en Bourgogne, qui profite depuis plusieurs années du mécénat de Maurice Grinberg.
Un avant-goût des trois étages autour de la Bible
Comme stipulé plus haut, celle salle est une première partie de ce musée de la Bible en devenir. Ce dernier s’étendra sur les trois étages de l’hôtel Montlaur. Le premier niveau, où se trouve la salle de la Torah, est voué à la section « La Bible à travers les siècles », et présentant notamment la Bible hébraïque. À cet étage s’ajoute la salle Saint-Vincent où seront exposés les manuscrits bibliques les plus remarquables du musée, comme par exemple la Bible de Théodulphe du IXe siècle.
Le deuxième étage de 200 m2 sera dédié à l’histoire des congrégations religieuses en Haute-Loire.
Enfin, le troisième niveau de 178 m2 couvrira l’exposition des collections d’arts sacrés.
Le coût du projet total s’élève à environ 2,5 millions d’euros. À l’heure actuelle,3/5eme du budget a été atteint grâce à « des apports généreux », selon l’évêque Luc Crepy. Dimitri Croze, architecte du projet du musée diocésain, a indiqué que le musée pourrait atteindre sa forme finale d’ici 2023 minimum. Avec également la restauration de la Chapelle des Pénitents qui devrait s’effectuer dans les années à venir, la cathédrale se verra entourée par tout un ensemble culturel et religieux, dont le développement n’en est qu’à ses début, comme l’indique Dimitri Croze.
La salle de la Torah sera officiellement inaugurée le samedi 27 mars à 11 heures, et son ouverture est initialement prévue le 1er avril, si les restrictions sanitaires permettent l’ouverture des musées.