Alexandre Heuzey, diplômé en droit et en sciences politiques de l'IEP Paris et lauréat du Concours général des facultés de droit, est le candidat du Rassemblement National (RN) pour la 1ʳᵉ circonscription de Haute-Loire. Sa suppléante est Paule Rochette.
Ces dernières années, Alexandre Heuzey a occupé divers postes, notamment en tant que collaborateur d’élus au Conseil régional d’Ile-de-France, au Sénat et à l’Assemblée nationale. Depuis 2014, il travaille au Parlement européen en tant qu'administrateur, actuellement au sein du groupe Identité et Démocratie (ID), où il est chargé du suivi des affaires économiques, monétaires et fiscales ainsi que des politiques régionales.
Zoomdici : Pourquoi faire le choix de se présenter à ces élections législatives ?
Alexandre Heuzey : « C’est une occasion assez unique. Cela fait longtemps que je suis de l’autre côté de la barrière et il y a un moment où ça vous démange un peu d’aller donner votre avis, d’être celui qui prend la parole et qui agit. Il y a un côté un peu frustrant à rester en retrait dans une période de recomposition de la vie politique comme celle que nous connaissons aujourd’hui, qui est assez intense.
Je n’ai jamais sollicité de mandat auparavant. Je suis un technicien plus qu’autre chose, mais je connais bien la vie politique puisque je travaille tous les jours avec des élus. Je crois qu’il y a pas mal de personnes dans mon cas, qui se disent que c’est maintenant qu’il faut tenter le coup et participer à cette campagne.
« Demain, si je suis à l’Assemblée nationale, il n’y aura pas de temps de latence. »
L’avantage d’un profil comme le mien, c’est que cela apporte, j’espère, un soutien opérationnel rapide. Demain, si je suis à l’Assemblée nationale, il n’y aura pas de temps de latence. Le problème, par exemple, avec la vague macroniste de 2017, c’est que beaucoup de gens qui ont mis du temps à se lancer et à être actifs.
Aujourd’hui, nous avons des sujets brûlants sur la table et nous ne pouvons plus nous permettre d’attendre pour nous mettre en ordre de marche. »
Zoomdici : Quelles sont vos propositions pour la France, en cas d’élection ?
Alexandre Heuzey : « L’urgence sera d’abord de donner quelques premiers symboles que l’on est capable d’agir. Cela passera par tout ce qui concerne le pouvoir d’achat. Il faudra faire en sorte que les gens paient moins cher certaines factures comme le gaz et l’électricité. Sur l’immigration également, avec des reconduites à la frontière notamment, sur le droit du sol, la réforme des retraites et les réformes de l’assurance chômage dans un second temps.
« Faire venir de la viande depuis l’autre bout du monde, c'est une aberration. »
À plus long terme, l’application du programme du Rassemblement National avec le rétablissement de l’autorité de l’État, à la fois en matière de justice, police, proximité, etc., et en matière sociale aussi. Il faut revaloriser le travail, mieux répartir les valeurs ajoutées en faveur des salariés et puis, bien sûr, tout ce qui concerne les circuits courts, l’accès aux services publics et aux soins.
Tout ce qui est accord de libre-échange, qui consiste à faire venir de la viande depuis l’autre bout du monde ou des produits agricoles qui vont venir concurrencer nos produits locaux, sont des aberrations, et font partie des choses que l’on remettra sur la table certainement. »
Zoomdici : Pour la Haute-Loire ?
Alexandre Heuzey : « En Haute-Loire, on n’est pas en Seine-Saint-Denis. La thématique centrale du RN, l’immigration, n’est pas réellement un problème. Il peut y avoir des actes d’incivilité, mais ce n’est pas la question majeure. Je pense qu’ici, c’est plus la proximité avec le service public et la santé, ou encore les circuits courts dans le monde agricole, et la sécurité évidemment. Mon travail sera de faire en sorte que ce qui est décidé au niveau national ait une répercussion positive au niveau local sur ces thématiques-là.
Je reste à l’écoute de ce que les habitants me diront. Je suis le porte-voix de ce que l’on va me dire. »
Zoomdici : Quelles raisons expliquent la progression continue du RN selon vous ?
Alexandre Heuzey : « C’est une stratégie de long terme. Ça fait tout de même longtemps que ça monte doucement. Marine Le Pen a mis en place une stratégie sur une dizaine, voire une quinzaine d’années qui porte aujourd’hui ses fruits. Il y a aussi l’incarnation en politique : il faut des têtes d’affiche. On a Jordan Bardella qui est un véritable leader. C’est quelqu’un qui, au-delà des gens qui s’intéressent à la politique, arrive à fédérer, à intéresser et à rassembler.
« Ça fait plus rêver d’avoir Jordan Bardella comme Premier ministre que Jean Castex ou Élisabeth Borne à la tête du pays. »
La politique a parfois un côté irrationnel avec beaucoup d’importance accordée à l'image, on le sait, mais c’est tout cela à la fois.
La montée en puissance du parti est la conjonction d’un destin, d’un homme et d’une stratégie de long terme, d’un mouvement qui a su rester fidèle à ses grands thèmes. Les gens aujourd’hui ne peuvent plus ignorer que tout ce qu'on leur dit depuis 15 ans est faux. Le problème est là.
Il y a également la notion de rejet d’Emmanuel Macron et du parti présidentiel, l’usure du pouvoir. C’est un alignement des planètes, il y a aussi un phénomène de crédibilisation par le fait qu’à l’international, comme en Italie par exemple, c’est un parti d’extrême droite qui gouverne et que cela tient. »
Zoomdici : Bien qu'elle n'ait pas eu lieu, une alliance entre votre parti et celui des Républicains aurait-elle pu être envisagée en Haute-Loire ?
« Quand on regarde les déclarations de Laurent Wauquiez depuis assez longtemps déjà, il évoque mots pour mots les mêmes thématiques que le Rassemblement National. Il y a donc une recomposition en cours. Monsieur Ciotti a sauté le pas, tandis que Laurent Wauquiez a eu lui l'occasion de clarifier sa propre position.
En déclinant des thématiques extrêmement proches de celles du Rassemblement National, logiquement, il aurait dû se prononcer en faveur d'un rapprochement, ce qu'il n'a pas fait.
« Les législatives pour Laurent Wauquiez […], c’est un peu un marche pied pour un destin personnel. Ça ne l’intéresse pas d’aller à l’Assemblée. »
Tout le monde sait en fait que sa candidature vise à évaluer sa popularité et ses capacités à tirer profit de la recomposition de son parti Les Républicains, qui est divisé entre ceux qui veulent rejoindre Macron, ceux qui veulent nous rejoindre, et ceux qui ne savent pas. Il cherche à sonder son potentiel pour une éventuelle candidature présidentielle en 2027.
C'est ce qui me gêne dans sa candidature... Il ne semble pas vraiment intéressé à siéger à l'Assemblée pour débattre des textes et changer les choses. Si je suis élu député, je vais m'investir pleinement H24, ce sera un accomplissement. Pour M. Wauquiez, il s'agit d'un sondage grandeur nature, de stratégie politicienne. »
