En 2019 en France, 173 personnes ont perdu la vie sous les coups de leurs partenaires ou leur ex-partenaires. Parmi ces 173 morts, 146 sont des femmes, soit 84 %. Chaque fois que se passe deux jours et demi, c’est le cœur d’une femme qui s’arrête, le corps brisé et le visage défoncé par les poings. Une étude issue du ministère de l’Intérieur démontre en outre une aggravation du phénomène. En 2018, 121 femmes sont décédées de cette façon. Une hausse de 17 % par rapport à 2019. Sous ces chiffres froids, ce sont des quotidiens d’angoisse, des menaces, des insultes, des tonnes de maquillage mis à la va-vite pour dissimuler l’horreur qui s’anime à chaque fois que la porte du domicile se referme.
La genèse de cette journée
Le 25 novembre 1960, Patria, Minerva et María Tereza Mirabal, toutes trois féministes assumées, quittèrent Puerto Plata (République Dominicaine) à bord d'une jeep, en direction de leur maison. Sur le chemin, elles sont arrêtées par un autre véhicule à coups de rafales de balles. Amenées loin de la route, dans un endroit discret, elles furent assassinées à la machette sur ordre du dictateur Rafael Trujillo. Pour leur rendre hommage et rappeler cette violence inouïe, l’Assemblée générale des Nations Unies a décrété en 1999 que le 25 novembre serait Journée Internationale pour l’élimination de la violence à l’égard des femmes.
Un constat accablant
L’étude indique également que les trois quart des meurtres se passent dans la maison du couple. Un tiers des décès a été causé par une dispute, 20 % suite à une séparation mal vécue. 36 % des victimes ont été trucidées à l’aide d’une arme blanche, 24 % par une arme à feu. Les mots sont durs, certes, mais tout autant que cette réalité. Allez, encore quelques pourcentages pour montrer dans quel monde nous vivons. Les victimes sont âgées de 30 à 50 ans pour 42 % et de 60 ans et plus pour 28 %. Les assassins ? 42 % sont des hommes de 30 à 50 ans. Un tiers des bourreaux était sous l’emprise de l’alcool, de la drogue ou des deux en même temps.
Les grandes surfaces comme une arche protectrice
Le préfet de la Haute-Loire, Eric Etienne, en compagnie de Véronique Ortet, sous-préfète de Brioude et référente lutte contre les violences intrafamiliales dans le département, se sont rendus mercredi 25 novembre 2020 à la gendarmerie de Bas/Monistrol. Ils ont rencontré Sabine Jallat, intervenante sociale en commissariat et en gendarmerie (ISCG), recrutée en septembre. Ils sont ensuite allés à la permanence éphémère tenue par le CIDFF et l’association Justice et Partage pour les victimes de violences conjugales... dans une grande surface.
Pourquoi dans un supermarché ?
À l’échelle du pays, ce sont 41 points d’accueil qui se sont constitués dans les centres commerciaux. Pourquoi deviennent-ils de plus en plus un lieu de refuge et de signalement ? Car les victimes de violences se trouvent généralement enfermées à domicile avec l’auteur des violences. Encore plus durant les périodes de confinement sanitaire. C’est une situation qui peut les empêcher de s’adresser aux dispositifs de prise en charge existants. L’implantation de ces points d’accueil permet alors des points de contacts de proximité extérieurs, permettant aux femmes victimes de violences de se signaler ou de s’informer.
Infos et contacts
Toutes les informations, tous les contacts et toutes les adresses sont condensées de façon lisible sur ces deux liens. Celui-ci récapitule principalement les coordonnées téléphoniques et numériques de toutes les structures de la Haute-Loire. Celui-là invite a rapidement signaler un viol ou une agression sexuelle. Pour rappel, le numéro 39 19 pour toutes violences conjugales. Le 17 pour la police et la gendarmerie. Le 115 pour la mise à l’abri d’urgence.
L’Appart, un nouvel outil pour tenter d’éviter les drames
Eric Etienne et Véronique Ortet ont découvert le nouvel accueil du CIDFF au Puy-en-Velay, baptisé l’Appart. Ce dernier sera ouvert dès le début de l’année 2021, ouvrant les bras à toute personne et ses enfants qui en éprouverait le besoin. En raison de la crise sanitaire, les actions collectives sont annulées. Malgré tout, les structures locales concernées par la problématique restent mobilisées et joignables un peu partout dans le département.
Des chiffres qui donnent le tournis
Au niveau du département, les structures de la lutte contre les violences faites aux femmes ont constaté une hausse de 15 % des signalements sur la plateforme en ligne « Arrêtons les violences » depuis le 30 octobre. En France, les appels reçus par la plateforme 39 19, numéro dédié aux victimes de violences conjugales, ont triplé pendant la période de mars à juin 2020 : 79 228 appels reçus contre 23 140 appels reçus sur ce même intervalle en 2019. 158 situations de violences conjugales ont été prises en charge via la plateforme téléphonique du 116 006. 140 dossiers par jour ont été reçus au plus fort du premier confinement à travers le dispositif par SMS 114.
Entre janvier et septembre 2020, les policiers de la plateforme www.arretonslesviolences.gouv.fr ont engagé 10 195 conversations, soit 4 500 de plus qu’en 2019 sur la même période. Toujours de mars à juin 2020, les interventions à domicile dans la sphère familiale ont augmenté de 42 %. Pour terminer, 350 auteurs de violences ont été déférés et jugés durant le premier confinement. Au 4 mai 2020, 1 392 téléphones Graves dangers étaient déployés sur l’ensemble du territoire.
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