L'environnement qui nous entoure et qui nous est cher -- celui de la Haute-Loire -- nous l'évoquons ici, de manière engagée, comme chaque dernier vendredi du mois, dans notre chronique Veine Verte. Cette tribune d'opinion n'a pas vocation à représenter l'avis de la rédaction.
Quel que soit le bout par lequel on attrape le problème, une priorité saute aux yeux : celle d'aller vers la sobriété en tout, de dégraisser tous azimuts les mammouths pétro-dépendants que nous sommes. Et l'un de nos devoirs, à nous, les "grandes personnes", est de le faire comprendre aux enfants, afin qu'ils ne reproduisent pas nos impardonnables erreurs avec leurs propres descendants…
S'informer
La première chose à faire est sans doute de s'informer, de prendre conscience de la gravité de l'enjeu planétaire en cours et d'en connaître les tenants et les aboutissants. Car tout est lié sur notre petite planète : les océans, les rivières, les forêts, le climat, les sols, la biodiversité, les déchets… De quoi pulvériser une fois pour toutes le mythe du "développement durable" et de la "croissance verte". On peut ainsi trouver des conférences passionnantes sur YouTube, qu'on pourra visionner le soir en remplacement de la série-événement du moment. Quelques noms pêle-mêle : Jean-Marc Jancovici, Philippe Bihouix, Pablo Servigne, Claude et Lydia Bourguignon, Aurélien Barrau, Edgar Morin, Gaël Giraud… Parallèlement, on pourra calculer son empreinte carbone poste par poste, par exemple au moyen de l'outil gratuit en ligne "MicMac" proposé par le site Avenir Climatique.
Boycotter le supermarché
C'est sans doute le moyen le plus implacable et le plus rapide de réduire son empreinte écologique. L'immense majorité des produits vendus par les supermarchés sont en effet des produits industriels ultratransformés (et ultraplastifiés) qui ont parcouru des centaines, voire des milliers de kilomètres en camion. Certaines familles altiligériennes boycottent les grandes surfaces depuis des années et s'en portent très bien ! Comment font-elles ? Elles font le marché (bio et local) une fois par semaine et, pour le reste, achètent en vrac en boutique bio. "Lubie de bobos !", railleront certains. Songez qu'au début du XXe siècle les Français consacraient les deux tiers de leur budget mensuel aux dépenses alimentaires… contre 12 % aujourd'hui (autant que les loisirs !). Or bien manger, c'est cher… et ça doit l'être. Car on n'achète pas un prix, on achète un produit. Notre santé – et celle de la planète – en dépend.
Passer au Zéro Déchet
Le Zéro Déchet est une arme redoutable pour soulager la planète. Certaines familles altiligériennes, refusant de croire au mirage du recyclage, ont ainsi réduit leur poubelle de… 90 % ! Comment ça marche ?
- On réduit drastiquement sa consommation. "Si je n'en ai pas un besoin impératif, je n'achète pas !" Adieu les vêtements bas de gamme, la perceuse à durée de vie ultralimitée, les objets connectés, la déco made in China, etc.
- Quand on a absolument besoin de quelque chose, on achète du solide et de l'occasion (Le Bon Coin, Emmaüs, vide-greniers, etc.)
- On fait le marché avec ses propres contenants : sacs en tissu, boîtes, bouteilles... bref on achète tout en vrac en refusant systématiquement tout emballage. Dites adieu à votre poubelle !
- On fabrique soi-même : sa lessive, ses tablettes de lave-vaisselle, son déo, son mascara, son dentifrice, son yaourt, ses pizzas, etc.
Réduire ses déplacements
L'aérien est en chute libre et c'est une des bonnes nouvelles du Covid. Mais on peut aussi faire reculer la voiture : en reconsidérant notre rapport au temps, en privilégiant les achats de proximité, en optant pour le vélo (en lui adjoignant une remorque au besoin) chaque fois que c'est possible, en apprenant aussi à découvrir notre environnement immédiat, nos volcans, nos cascades, nos vallons, nos castors, nos nids d'aigle, au lieu d'aller en vacances à l'autre bout du monde…
Bien placer son épargne
Aujourd'hui, toutes les banques se repeignent en vert fluo (pour être vues de loin), mais la plupart des livrets d'épargne qu'elles proposent continuent de financer des projets polluants. Notre épargne est donc, à notre insu souvent, une source de pollution majeure. Il existe heureusement une petite poignée d'établissements bancaires véritablement engagés dans lesquels on peut placer son épargne en quelques clics et dormir ainsi la conscience (un peu plus) tranquille…
Les actions possibles sont en réalité légion, et toutes sont passionnantes, car elles laissent deviner ce que pourrait être un avenir respectueux de l'environnement : on peut se lancer dans la permaculture pour régénérer rapidement les sols et booster la biodiversité, créer une "forêt nourricière" dans son jardin, réduire drastiquement sa consommation de viande (pour sa santé et pour l'environnement), sauver des vieilles variétés fruitières, proposer une monnaie locale, s'impliquer dans la lutte contre les grands projets destructeurs (au hasard, la déviation pharaonique de la RN88, à contre-sens total de l'histoire), acheter un vélo-cargo, monter une micro-ferme, se convertir au low-tech pour s'affranchir au moins en partie du pétrole et de l'électricité, créer ou intégrer un réseau autonomiste sur sa commune (les Altiligériens sont de plus en plus nombreux à viser l'autonomie alimentaire). La solution est dans l'action, et la bonne nouvelle, c'est qu'il y en a pour tous les goûts ! C'est vrai, la Haute-Loire est un département farouchement conservateur, mais les politiques finiront bien par suivre le mouvement. Même à leur corps défendant…
Oumpah-Pah