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Fabien Jolliot : ''Ce qui fait l’intérêt du métier, ce sont les soucis au quotidien''

Par . . , Mise à jour le 27/11/2020 à 16:43

Depuis le 2 novembre, les rênes du Super U d’Aiguilhe sont tenus par Bérengère et Fabien Jolliot, un couple de quadra. Si la période s’avère très particulière pour se lancer dans l'aventure, les nouveaux venus sont loin d’être à court de projets.

Beaucoup connaissent Carole et Philippe Boutreux, les anciens patrons de l’enseigne Super U d’Aiguilhe. Durant 22 ans, ils ont œuvré pour que le magasin de grande distribution, installé à proximité du Rocher Saint-Michel, se développe doucement au fil des ans. Cette année 2020, ils ont passé la barre à un jeune couple ligérien. Fabien Jolliot (40 ans) et sa femme Bérengère (38 ans) sont à présent les commandants du grand navire, un bateau où sont embarqués avec eux 140 employés. « Je les ai reçus un à un, en présence de Philippe Boutreux, afin de tous les connaître personnellement, partage Fabien Jolliot. Je souhaitais apprendre chaque histoire qui représente chacun d’entre eux. C’était très important pour moi d’agir ainsi. Sans eux, rien ne peut se faire, rien ne peut exister ».

« À la base, je voulais être prof de sport »

Avant de posséder son propre magasin Super U, le parcours de Fabien Jolliot ne le prédestinait pas vraiment à cette finalité. « À la base, je voulais être prof de sport, confie-t-il. J’ai suivi des études en fonction mais les circonstances de l’époque m’ont dirigé ailleurs. J’ai alors suivi un master II en management et sciences sociales et suis devenu directeur d’un Décathlon en Alsace en 2004. L’année d’après, j’ai intégré la direction de Coop Alsace. Là, j’ai tout de suite été piqué par l’univers de la grande distribution. J’ai été là-bas responsable de différents secteurs de 2005 à 2007 ».

L’année 2013 marque une tournant important pour lui. Il quitte le nord-est de la France pour devenir directeur d’un Super U à Savigneux dans le département de la Loire. « Durant ces années-là, j’ai rapidement compris que je voulais devenir le patron de ma propre grande surface, ajoute-t-il. Alors quand Philippe Boutreux m’a contacté pour expliquer son projet de vendre en me proposant de racheter son magasin, j’ai foncé ».

« C’était inespéré pour moi d’accéder si vite à ce que je voulais depuis longtemps »

Mais poser simplement un chèque sur la table ne suffit pas à s’accaparer des murs et les effectifs qui les font vivre. « Il faut prouver à la centrale Super U et à ses paires que l’on a les projets et la politique adéquate pour reprendre le flambeau, assure Fabien Jolliot. Il faut suivre une formation d’un niveau Master (Bac+5). Il faut aussi présenter ses idées de reprises, sa structure commerciale et humaine. C’était inespéré pour moi d’accéder si vite à ce que je voulais depuis longtemps. »
Sans y être obligé, il seconde Philippe Boutreux pendant six semaines afin de connaître toutes les ficelles du métier, tous les éléments et parfaire tous les détails avant le jour J. Et le lundi 2 novembre, le couple devient officiellement les nouveaux patrons des 2 700 m² du Super U d’Aiguilhe.

Booster les produits bio

Pour les projets, Fabien Jolliot apparaît intarissable. S’il ne souhaite pas dévoiler certains tout de suite, il en partage quelques-uns qui touchent plusieurs pôles de son magasin. « La grande distribution ne cesse d’évoluer et se met au service des clients selon leurs attentes. Aussi, même si le contexte ne s’y colle pas pour l’instant, nous envisageons de développer de la location de matériel festif comme des sonos, des tireuses à bière ou encore des mobiliers pour les rassemblements. Nous voulons aussi donner beaucoup plus de visibilité à notre rayon bio. L’idée est que le client l’identifie tout de suite en entrant dans le magasin. Pour l’instant, ce n’est pas le cas ».

« Je serais aussi désespéré qu’eux à leur place »

« Je pense que tous les commerces, petits comme grands, auraient dû rester ouverts !, livre Fabien Jolliot. Toutes les énormes sommes d’argent qui sont distribuées auraient dû, à mon sens, être allouées aux contrôles dans les magasins afin que les gestes barrières soient respectés. Cela aurait évité d’en arriver là. C’est injuste et je serais aussi désespéré qu’eux à leur place. Rien que d’avoir interdit l’accès à nos rayons textiles et à la moitié de notre rayon bazar nous impacte beaucoup. Donc je comprends aisément la détresse qu’éprouvent les magasins totalement fermés ! »

« Que les petits producteurs du coin n’hésitent pas à me contacter »

Un autre chapitre qui tient beaucoup à cœur au récent patron est ce qui entoure le rayon traditionnel. « Il s’agit de la vente directe avec les clients comme aux rayons poissonnerie ou boucherie par exemple, décrit Fabien Jolliot. Nous désirons augmenter ce contact humain entre et, en parallèle, vendre beaucoup plus de produits issus de producteurs locaux. »

À ce propos, il fait un appel sur le sujet : « Je demande à ce que les petits producteurs du coin n’hésitent pas à me contacter pour écouler leurs productions par notre biais ! Nous nous ferons un plaisir de travailler avec, d’autant plus durant cette période extrêmement compliquée pour eux ! Je comprends leurs souffrances et je serai ravi, sincèrement, de les accueillir ».

 

Quadriller le département avec le Drive

Du côté du Drive, Fabien Jolliot a également des idées pour l’améliorer. « C’est un mode de consommation qui est de plus en plus adopté par les gens, indique-t-il. Encore plus depuis les confinements successifs. Ces phénomènes l’ont boosté de plus de 60% par rapport à une année normale. Afin que les clients puissent d’avantage accéder à ce service, nous avons l’idée de créer des points de collecte à travers le département. Les gens commanderaient via internet et nous ferions des tournées sur notre zone de chalandise. » Enfin, pour les distributeurs de carburants, Fabien Jolliot envisage un lifting intégral dès le début de l’année 2021.

« C’est ce qui rend les journées exaltantes »

À la question de savoir comment il voit ce mois de décembre 2020, un mois qui, en temps normal, est une période incontournable pour la bonne santé du magasin Fabien Jolliot admet : « À ce moment-là, est-ce que les gens profiteront pour faire la fête un maximum ou, au contraire, resteront craintifs à l’idée de se regrouper ? Pour nous, il est très difficile d’anticiper quoi que ce soit. D’habitude,1 500 bûches de Noël sont constituées par nos propres pâtissiers. S’il m’en reste 300 sur les bras, que vais-je en faire ? Et si je n’en ai pas assez commandées ? Non, cette fin d’année est véritablement floue et compliquée. »

Mais il termine d’une façon optimiste : « Ce qui fait l’intérêt du métier, ce sont les soucis au quotidien. C'est le nombre de problèmes auxquels nous sommes confrontés sans arrêt. C’est ce qui rend les journées exaltantes, finalement. Alors, comme toujours, nous allons les affronter et les surmonter avec tout le respect que nous portons à notre profession et à nos employés ».

Nicolas Defay

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