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Grève des pharmacies : « Nous nous dirigeons vers une catastrophe »

Par nicolas@zoomdici.com , Mise à jour le 29/05/2024 à 04:00

Jeudi 30 mai, les officines entament une grève en Haute-Loire et dans tout le pays. Zoomdici a rencontré une professionnelle, à la Pharmacie Centrale du Puy-en-Velay, pour nous expliquer le pourquoi de l’opération.

Les organisations syndicales représentatives des pharmacies ont annoncé une journée de grève ce jeudi 30 mai 2024 qui se traduira par la fermeture de la plupart des pharmacies.

Sur le bassin ponot, toutes les pharmacies devraient suivre le mouvement en fermant leur porte. Néanmoins, « si une pharmacie est, certes, un commerce, nous sommes bien conscients de l’importance de nos services auprès de la population », souligne Lucie Verdun, pharmacienne adjointe à la Pharmacie Centrale du Puy.

Elle informe alors : « Ce jeudi 30 mai, l’officine de la Renaissance à Chadrac assurera en ce sens la délivrance des médicaments ».

« Le mot vital n’est pas un euphémisme »

Nous avons demandé à cette professionnelle de la santé les raisons d’une grève dans un secteur dans lequel rares sont les actions de ce type. « Parce que nous déplorons, en premier lieu, un grave problème d’approvisionnement de médicaments, partage-t-elle. Clairement, nous n’arrivons plus à fournir certains traitements qui s’avèrent vitaux à des malades ».

Elle ajoute : « Le mot vital n’est pas un euphémisme. Si ces pénuries continuent et s’intensifient, alors oui, nous nous dirigeons vers une catastrophe ».

« C’est de plus en plus difficile pour nous de délivrer ce qu’il y a de marqué sur l’ordonnance »

Lucie Verdun liste en premier l’insuline et les médicaments liés aux diabétiques. « On ne peut demander à ces gens d’attendre un mois avant d’avoir leur traitement, déplore-t-elle. C’est impossible. Et pourtant, c’est de plus en plus difficile pour nous de délivrer ce qu’il y a de marqué sur l’ordonnance ».

L’amoxicilline, des antibiotiques spécifiques, des pommades cicatrisantes pour les yeux… Nombreux sont les médicaments touchés par une carence généralisée à l’échelle du pays.

« La réaction des gens ? Beaucoup comprennent. Certains s’énervent. Mais comment leur en vouloir ? Leur réaction est normale. Cette pénurie les impacte directement ». Lucie Verdun

Un parcours du combattant pour trouver le médicament à temps

Quels sont alors les outils disponibles pour fournir les clients ? « Premièrement, je vais regarder si mes collaborateurs, mes collègues et les autres pharmacies à proximité possèdent le médicament qu’il manquerait chez nous, confie Lucie Verdun. Ensuite, on téléphone aux grossistes pour savoir s’ils peuvent nous dépanner urgemment. Si ce n’est pas possible, nous allons carrément nous adresser aux laboratoires ».

Elle poursuit : « Si, après avoir creusé toutes ces strates, le médicament n’est pas disponible, nous allons téléphoner au médecin du patient. Et il va essayer de trouver une traitement alternatif qui pourrait être dans les officines ».

Elle soulève alors : « Le problème dans ce cas-là, c’est que ce traitement de substitution ne sera pas forcément adapté parfaitement à la pathologie du malade ».

La culture de l’argent par les laboratoires

D’après Lucie Verdun, cette pénurie prendrait ses racines dans le terreau du business. « Des médicaments fabriqués en France sont vendus plus cher dans les pays étrangers que chez nous, indique-t-elle. Du coup, les pharmacies françaises et, par ricochet, la population française sont lésées ».

À la question de savoir ce que réclament les pharmaciens à travers cette grève, six chapitres ont été détaillés dans un communiqué. Outre l’assurance d’avoir des médicaments dans leurs rayons, les officines demandent une  « revalorisation significative de leur rémunération dès 2025 ». Elles demandent « une reconnaissance officielle et une valorisation de leurs compétences », la « régulation de la vente en ligne des médicaments », la « réforme des études de pharmacie » et le « maintien des officines ».

Sur ce dernier sujet, les professionnels du secteur précisent qu’en 10 ans, la France a perdu près de 2 000 pharmacies, soit 10 %.

 

 

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