Signé Christophe Laborde-Balen, le visuel du timbre de La Bête du Gévaudan a été dévoilé le mardi 30 avril à la mairie de Saugues par Joël Plantin, le maire de la commune, Franck Besseyre, directeur de secteur de Brioude Branche Grand Public et Numérique La Poste, Marie-Odile Vignal, Présidente de l’Association Philatélique Vellave. Était également présent Ludovic Leydier, maire de Thoras et par ailleurs facteur sur la commune de Saugues : c’est lui qui est à l’initiative de la demande de création d’un timbre philatélique sur le thème de « La bête du Gévaudan ». Emis par La Poste, le timbre sera vendu en avant-première nationale à Saugues les 28 et 29 juin prochains, ainsi qu’à Mende et Paris, puis sera disponible partout en France dans la plupart des bureaux de poste à compter du 1er juillet.
Une légende qui reste encore un mystère aujourd'hui...
L’histoire de cette bête qui a attaqué mortellement près de 100 personnes, anime depuis le XVIIIe siècle le Gévaudan, cette ancienne province aux confins de la Lozère et de la Haute- Loire. En l’espace de trois ans, entre juillet 1764 et juin 1767, dans le Haut-Gévaudan (Saugues, St Alban, Aumont, Le Malzieu, Langogne), mais aussi en Auvergne (Pinols, Ruynes), la centaine de victimes, uniquement des enfants et des femmes, fut tuée et plus ou moins dévorée par une mystérieuse bête « anthropophage ». Les Dragons du roi, les chasseurs expérimentés, l’arquebuse du roi, personne ne vient à bout de cette étrange Bête. La presse s’empare de ces faits-divers, donne un écho international à ces attaques mortelles et contribue à en façonner la légende. Le 19 juin 1767, c’est un paysan, Jean Chastel qui viendra à bout de la Bête.
À Saugues, commune altiligérienne, dominée par une statue gigantesque de la bête du Gévaudan du sculpteur Jean-Pierre Coniasse, le Musée Fantastique de la Bête du Gévaudan et ses 22 scénettes continuent d’alimenter la légende de ce canidé anthropophage en suscitant chaque année la curiosité de milliers de visiteurs et en resserrant les liens entre la commune et cette histoire mystérieuse.
Un ancrage territorial que confirme le dossier de candidature à la création du timbre qui a été soutenu par les trois parlementaires du département de la Haute-Loire, les députés Jean-Pierre Vigier et les sénateurs Olivier Cigoletti et Laurent Duplomb, ainsi que par le président de la région Auvergne Rhône-Alpes, Laurent Wauquiez. La Commission Philatélique de La Poste qui a répondu positivement à cette candidature a inscrit au programme philatélique de l’année 2024 dans la série Histoire ; « La bête du Gévaudan », dont c’est le premier timbre.
Entre chien et loup, la Bête gravée en taille-douce
Pour autant la bête a été maintes fois représentée dans la presse, les livres et même à trois reprises au cinéma. La dessiner de façon originale est un défi qu’a relevé Christophe Laborde-Balen, l’auteur du timbre. Certes il n’en est pas à son premier coup d’essai lui qui est déjà l’auteur du timbre de l’ours brun, « Os bru » pour la principauté d’Andorre.
« Il ne fallait pas montrer la Bête en train de croquer quelqu’un »
« Nous avons une histoire qui nous arrive du XVIIIe siècle, une histoire qui fait peur, précise-t-il. Elle fait partie de ces crimes irrésolus qui font énormément travailler l’imagination et donc la mienne aussi. Il ne fallait pas montrer la Bête en train de croquer quelqu’un, mais il fallait malgré tout exprimer son agressivité. Je l’ai donc dessinée de face, en mouvement, prête à bondir.
Après m’être documenté sur l’histoire, j'en ai retenu que la bête était sans doute un grand loup, peut-être plusieurs. J'ai néanmoins raccourci légèrement son museau pour lui donner une allure plus massive et un peu différente d'un simple loup. Afin que son aspect un peu fantastique, en reflète la dimension mythique.
J’ai choisi pour cadre une forêt d’arbres de type bouleaux, dont on ne voit que les troncs et les branches volontairement tordus renforçant l’épouvante suscitée par la Bête. »
Enfin comme tout timbre commémoratif « La bête du Gévaudan » bénéficie de la technique de la taille-douce avec un choix volontairement monochrome. « J’ai choisi une seule couleur, le gris bleuté qui est plus ou moins foncé. C’est très efficace visuellement. Et c’est bien adapté à ce qu’on appelle les beaux timbres. », explique Christophe Laborde-Balen
Un bureau de poste temporaire et une rencontre avec l’auteur du timbre
Tout un chacun pourra apprécier le travail de Christophe Laborde-Balen les 28 et 29 juin prochains : un bureau de poste temporaire sera installé au rez-de-chaussée de l’office du Tourisme. Le timbre sera vendu en avant-première nationale et pourra être oblitéré avec un timbre à date, autrement dit un cachet, créé pour l’occasion.
Il conférera au timbre une valeur particulière recherchée par les philatélistes. Un document philatélique La Poste sera également mis en vente, là encore, c'est Christophe Laborde-Balen qui a travaillé le graphisme du document en s’inspirant des journaux du XVIIIe siècle comme la Gazette de France et le Courrier d’Avignon qui avaient consacré des articles sur le sujet. Il sera possible de rencontrer l’artiste au bureau de poste temporaire le samedi 29 juin en fin de matinée et l’après-midi.
Des expositions philatéliques et une conférence sur la Bête du Gévaudan
L’Association Philatélique Vellave sera également présente à l’Office du Tourisme pendant deux jours les 28 et 29 juin 2024 avec l’exposition de collections philatéliques en résonance avec les terres saugaines et plus largement altiligériennes : une première collection aura pour thème les champignons, une deuxième sera consacrée à la dentelle et une troisième sera centrée sur une rétrospective des Premiers jours des timbres altiligériens. Des souvenirs philatéliques, cartes postales et enveloppes avec des visuels en lien avec la Bête du Gévaudan créés pour l’occasion seront mis en vente par l’Association.
Pour évoquer la Bête du Gévaudan et ses mystères qui interrogent encore aujourd’hui, Bernard Soulier, écrivain et auteurs de nombreux livres sur le sujet, donnera une conférence sur cette série d’attaques mortelles documentées par la presse et les écrits (avis de décès, témoignages recueillis) de l’époque.