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« Ce n'est pas un choc des savoirs, c'est une apocalypse »

, Mise à jour le 02/04/2024 à 16:00

Au sein de l'éducation nationale, les grèves se suivent...mais ne se ressemblent pas. Après les suppressions de postes et les rémunérations, voilà que le « choc des savoirs » voulu par le gouvernement fait débat. 

Une « catastrophe », un « désastre », voire une « apocalypse », les mots des enseignants pour décrire ce que leur inspire le "choc des savoirs" annoncé par Gabriel Attal ne manquent pas de dramatisme. Et c'est représentatif des craintes qu'ils énoncent les unes après les autres ce 2 avril devant l'inspection académique du Puy-en-Velay.

Pour rappel, en bref, ce "choc des savoirs", c'est une division des classes de collège en fonction de leur niveau pour les cours de français et de mathématiques. 

« Le gouvernement s'appuie sur des arguments totalement irrecevables. Ce système est discriminatoire, et inefficace. »

Première crainte des syndicats, soutenus par les enseignants et quelques parents d'élèves, la discrimination des élèves. En effet, Agnès Chichereau, membre du bureau de l'Union départementale FO souligne « Pour défendre son idée, le gouvernement s'appuie sur des arguments totalement irrecevables. Ce système est discriminatoire et inefficace. »

En effet, la militante FO ainsi que Louise Pommeret, co-secrétaire départementale FSU mettent en avant les études scientifiques réalisées sur le sujet : « On nous dit que grâce à ce fonctionnement, les meilleurs pourront s'envoler et progresser encore plus vite, et que les élèves en difficulté pourront être mieux accompagnés, et mieux progresser. Or toutes les études sur le sujet montrent le contraire, c'est-à-dire que les élèves les moins bons ont besoin d'être tirés vers le haut par ceux qui vont plus vite. »

Et Laurent Berne, secrétaire départemental du FNEC-FO (Fédération nationale de l’enseignement de la culture et de la formation professionnelle Force ouvrière), de s'indigner : « Cela va d'ailleurs à l'encontre du comportement que l'on nous demande d'adopter au quotidien. En tant que professeur, on ne doit pas traiter différemment les élèves, on ne doit pas différencier les exercices selon les niveaux, on ne doit pas créer de groupes, etc. »

Photo par Clara Serrano

Une réforme irréaliste

De son côté, Marie, enseignante de français au collège d'Aurec-sur-Loire déplore que « l'impact sur la psychologie des élèves est très important. Pour eux, ce ne sont pas des groupes de besoin, mais le groupe des nuls et celui des forts. Alors, ils craignent cette réforme. »

Elle souligne d'autant plus que, selon les premières pistes évoquées par le gouvernement, ces groupes, établis en fonction des notes des élèves, seront les mêmes dans les deux matières, or « c'est irréaliste de penser que les élèves en difficulté en maths sont les mêmes que ceux qui en ont en français. »

« Nous n'avons ni les moyens humains ni les moyens matériels pour mettre en place la réforme »

Outre la discrimination que cette réforme implique aux yeux des enseignants, c'est la mise en œuvre effective qui les interroge. 

Selon eux, l'école ne dispose ni d'assez de professeurs, ni d'assez de classes. En effet, la division des classes par groupes de niveau sous-entend une répartition auprès de professeurs différents, dans des salles de classes différentes.

À quelques mois des élections, une réforme plus politique qu'éducative

Pour Louise Pommeret, représentante du syndicat FSU, cette réforme s'inscrit dans le cadre d'une campagne politique, à quelques semaines des élections européennes. 

En effet, elle dénonce des mesures qui « se rapprochent des revendications de l'extrême droite », et qui sont « davantage politiques qu'éducatives ». En effet, elle s'étonne de voir que « les préoccupations du gouvernement sont très éloignées de celles de l'éducation », précisant « ce dont nous avons besoin, ce sont des moyens humains. Aujourd'hui, y compris en Haute-Loire, des élèves n'ont pas de cours de musique ou de sciences depuis des mois. »

Et de spécifier que ce manque de moyens concerne les enseignants, mais aussi l'ensemble des professions de l'éducation, parmi lesquelles les accompagnants des élèves en situation de handicap (AESH), les psychologues scolaires, etc. 

Photo par Clara Serrano

De nouvelles mobilisations à venir... et pourquoi pas une opération "collèges morts"

Pour toutes ces raisons, les syndicats appellent à la mobilisation des enseignants, mais aussi des parents. Notamment avec le lancement d'une vaste campagne d'information, portée par les syndicats SNES-FSU, SNEP-FSU, FNEC FP FO, CGT Educ'action et Sud Éducation. 

Et la volonté de créer un comité inter-établissements de Haute-Loire pour « s'opposer à la casse du service public, aux suppressions de poste et aux réformes Macron. »

Un comité qui permettrait de soumettre l'idée d'une opération "collèges morts" qui consiste clairement à ne pas faire de rentrée au retour des vacances de printemps.

 

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