Aujourd’hui, jeudi 1er février, rares sont les petites et grandes surfaces alimentaires en Haute-Loire qui n’ont pas passé leur temps à ôter les pneus, le lisier et les bottes de foin déposés devant leurs entrées respectives. Cette technique de communication et de protestation des agriculteurs a pour objectif de sensibiliser le gouvernement sur les conditions de vie de plus en plus difficiles des professionnels de la terre.
Une colère partagée
Dans un article précédent, les clients interrogés devant l’enseigne Auchan de Brives-Charensac s’étaient, d’ailleurs, tous positionnés comme favorables à cette mobilisation d’ampleur.
Des salaires qui baissent, des coûts de production qui augmentent, des cadences de plus en plus effrénées, une concurrence totalement déloyale entre des produits étrangers exempts de restrictions et des produits français soumis à des normes aussi précises que sévères… La colère est là. Et les actions contre les grandes surfaces comprises par beaucoup.
« Je pense réellement que les agriculteurs coupables de ces méfaits n’ont rien compris à leur propre mouvement. »
Sauf que...des pneus semblent avoir pris des sentiers différents pour terminer leur route à des endroits improbables. « Je ne conteste absolument pas ce que font les agriculteurs dans leur combat national aujourd’hui, partage Patrice Chapat, président de l’association Bien Vivre à Chaspuzac. Mais pourquoi ont-ils fait ça devant notre porte ? Pourquoi ? Quel en est le sens à part se venger de nos propres actions ? »
Il déplore : « Si c’est le cas, alors je pense réellement que ces agriculteurs coupables de ces méfaits n’ont rien compris à leur propre mouvement. Ils se trompent de cible. Et nous allons malheureusement devoir porter plainte pour ça ».
« Une véritable agression contre la propriétaire et contre l’association »
Devant la propriété en question, siège de l’association Bien vivre à Chaspuzac, une vingtaine de pneus sont étalés entre les murs de l’enceinte, empêchant l’entrée dans la maison. À proximité, les empreintes de l’engin qui a servi à transporter les pneus restent bien visibles sur la terre humide. « Nous considérons cette action comme une véritable agression contre la propriétaire et contre l’association ».
La personne à l'initiative du cadeau caoutchouté n'a pas cherché à effacer ses traces.
Photo par Patrice Chapat
« Avec cette action, ils décrédibilisent les efforts de tous ces agriculteurs qui se battent pour des causes justes »
Bien vivre à Chaspuzac s’affaire à protéger l’environnement selon ses convictions et sa vision des choses. Dernièrement, les membres se sont dressés contre l’élaboration d’une retenue collinaire prévue dans la commune de Chaspuzac, un important réceptacle d’eau qui devrait alimenter des champs de maïs plantés autour.
« Oui, nous nous battons contre ce qui nous apparaît mauvais pour l’environnement, admet Patrice Chapat. Mais notre mouvement n’est pas anti-agriculteurs ! Il est justement contre les agro-industriels qui détruisent les petits paysans, les produits sains et français. Ceux qui ont fait ça chez nous ont tout mélangé. Là, c’est une attaque personnelle, une attaque idéologique contre notre association, une attaque contre les défenseurs de l’environnement ».
Il termine ainsi : « Ceux qui ont fait ça ne sont pas cohérents avec le mouvement engagé partout en France. Avec cette action, ils décrédibilisent les efforts de tous ces agriculteurs qui se battent pour des causes justes, louables et nécessaires pour eux et les consommateurs français ».
Les pneus usés, véritable fléau pour l'écologie et vrai casse-tête pour les recycler.
Photo par Patrice Chapat
