Au Puy-en-Velay, certains s’en réjouissent, comme Joseph, ancien chauffeur. « Je pense que c’est une bonne mesure, parfois on ne dépasse pas de beaucoup. J’ai roulé toute ma vie, donc je suis pour. »
Quentin salue lui aussi cette nouveauté. « Je trouve que c’est très bien parce qu’à un moment donné, il vaut mieux être attentif à la route plutôt qu’au compteur. Pour 5km/h, ce n’est pas là où on va devenir dangereux. »
Joseph se satisfait de cette règlementation.
Photo par Emma Bert
Des avis qui diffèrent
D’autres ponots ont un avis moins tranché. C’est le cas d’Yves, qui circule à vélo et en voiture. « Le retrait de points doit être proportionnel à la vitesse à laquelle on dépasse la limitation. C’est bête de se faire enlever des points pour un excès de 5 à 10km/h. »
Yves concède cependant que les automobilistes ne sont pas toujours responsables. « Il faudrait presque mettre un gendarme derrière chaque personne, parce que les gens font parfois n'importe quoi et ne comprennent qu’avec des sanctions. Même moi je ne suis pas exemplaire. »
Yves a un avis partagé sur cette mesure.
Photo par Emma Bert
D'autres comme Géraldine s'inquiètent. « C’est plus dangereux pour les piétons, mais c’est bien pour les automobilistes. Cela nécessite de faire plus attention, est-ce que les gens le feront ? Je ne sais pas. »
Pauline, plus souvent piéton, partage le même avis. « C'est peut-être plus confortable pour les automobilistes, mais je crains qu'ils fassent moins attention aux piétons, même s'il reste l'amende et que la punition rentre souvent mieux dans les esprits. »
« 5km/h, ce n’est pas grand-chose sur l'autoroute alors qu’en ville, ça fait peur de voir que les gens roulent trop vite, surtout à proximité des écoles. Aussi, ça peut changer pas mal de choses si un piéton se fait renverser. Je suis mitigée. Peut-être qu’un vieux dos d’âne est plus efficace qu’une amende… Mais, on ne peut pas en mettre partout ! » Pauline
Un message contraire à la sensibilisation selon l'association de Prévention Routière
Gaspard Michardière, directeur régional de l’association de Prévention Routière, dément cette idée selon laquelle il existerait des infractions routières « minimes ». Il souligne que faire passer ce genre de loi est contraire à la sensibilisation et à la responsabilisation des comportements sur la route.
Cela minimise le danger en faisant croire qu’il y a des « petits excès » qui causent des « petits problèmes » alors que ce sont ces dépassements qui tuent le plus.
« 47 % des accidents mortels, soit près d'un sur deux, sont causés par des excès de vitesse inférieurs à 10km/h. Ce sont des excès de vitesse appelés "petits" à tort puisqu'ils tuent significativement, surtout dans les centres villes et les villages. »
Le directeur régional de l’association indépendante de l’État explique qu'il n'est pas possible de voir une amélioration dans la lutte contre la mortalité sur les routes avec ce genre de loi.
Il déconstruit l'argument selon lequel les excès de vitesse inférieurs à 5km/h seraient responsables de la perte de permis.
« En 2021, 219 permis en France ont été retirés pour des excès de vitesse inférieurs à 5km/h, sur les 48 millions de permis. Ce n'est donc pas entendable », Gaspard Michardière
Gaspard Michardière met en lumière le fait que la Haute-Loire se caractérise par une succession de passages entre zones urbaines, périurbaines et routes départementales. Celles-ci sont dangereuses puisque piétons et véhicules doivent cohabiter. Le directeur régional salue d'ailleurs les municipalités qui ont mis en place des zones limitées à 30km/h dans leur commune.
« Ce sont ces mesures qui sauvent des vie. À 30km/h, les chances de survie d’un piéton sont de 80 %, alors qu’elles sont de 15 % à 60km/h. C’est grâce au travail sur le terrain des élus altiligériens, qui mettent en place ce label Ville Prudente, qu’on peut créer un territoire plus sûr en terme de sécurité routière. »
Rappelons qu'en 2023, 18 personnes ont perdu la vie à cause des accidents et 273 ont été blessées sur la route en Haute-Loire, dont des piétons, cyclistes et motards. Gaspard Michardière explique que ce chiffre semble faible, or, « si les personnes ne meurent pas toujours, celles qui sont accidentées de la route voient leurs vies brisées ».
Emma Bert
