C'est en pied de nez à la désertification des commerces ruraux que ce duo père-fils que nous avons rencontré œuvre à la (re)naissance heureuse d'un commerce au sein d'une commune peuplée d'une centaine d'âmes.
Moudeyres, une évidence
Qu'est-ce qui pu pousser les protagonistes de l'histoire à prendre leur quartiers professionnels à Moudeyres ? Les détracteurs relèveront l'éloignement d'avec les grands pôles d'attractivité (Le Puy-en-Velay est à vingt-cinq kilomètres), ainsi que le dynamisme aléatoire soumis à l'affluence touristique saisonnière…D'autant plus que le village, perché à 1200 mètres d'altitude, est confronté à rudesse climatique de la montagne.
Et pourtant, pas de quoi faire déchanter Richard Marcchetti :
« On a eu un véritable coup de cœur pour le village et l'établissement. »
L'authenticité du bourg, vêtu de toits de chaume et de lauze, a su conquérir le cœur du restaurateur. Et que dire de la bâtisse accueillant son activité : il est vrai qu'elle a de quoi laisser sans voix. Intégralement réhabilitée, la chaumière combine le charme des pierres apparentes et de la charpente dévoilée dans son époustouflante forme de coque de bateau renversée, à la modernité des aménagements mobiliers, des jeux de lumière et des poutres métalliques. Un cadre de travail qui ne saurait laisser indifférent, dans un village au caractère architectural déjà bien trempé.
Pour ce qui est du climat : « Je ne suis pas originaire de Moudeyres, mais j'ai une maison à Présailles. Ce qui me met en connaissance de cause des conditions climatiques à prendre en compte aussi quand on lance une activité sur un tel territoire. »
« Les mains toujours dans les gamelles ! »
Restaurateur de formation, c'est suite à une annonce publiée par la commune auprès de TF1 dans le cadre de l'opération SOS Villages que Richard Marcchetti a pris connaissance de la vacance de l'établissement.
« Nous sommes des passionnés, qui avons déjà tenu un restaurant il y a longtemps, confie-t-il. Les mains toujours dans les gamelles ! Alors quand l'occasion s'est présentée à Moudeyres, on n'a pas hésité et on a soumis notre candidature à la mairie. L'entretien s'est extrêmement bien passé et nous avons été retenus. »
La mairie comme partenaire numéro un
Après avoir initié l'installation du restaurateur dans les locaux, la municipalité moudeyroise n'a pas cessé d'encourager son nouveau commerce. « Depuis début novembre que nous avons débuté l'activité, la municipalité joue pleinement le jeu, assure Richard Marcchetti. Elle nous a sollicité pour le repas des anciens, pour le goûter de Noël des enfants… »
Richard Marcchetti ressent la volonté très marquée de faire du restaurant un véritable lieu de vie, de rencontres et d'échanges.
La population locale comme clé de voûte
Le nerf de la guerre se trouve dans la fidélisation d'une clientèle, ne pouvant pas compter exclusivement sur la partie touristique qui ne permet pas de vivre à l'année.
« Le bassin local mérite une attention particulière »
Pour ce faire, le restaurateur prend soin de proposer une ardoise qui change chaque weekend, comprenant deux choix d'entrée, plat et dessert. Il n'y a pas de menu fixe, les propositions sont donc réinventées, ne laissant pas de place à la monotonie.
Ouvert uniquement le weekend en cette période hivernale, le restaurant n'hésite cependant pas à répondre à la demande lorsque des groupes souhaitent réserver en semaine. Et ça marche : repas de famille, repas professionnels… En s'adaptant au plus près des besoins et des demandes, les clients sont au rendez-vous et l'activité décolle.
« Les gens n'hésitent pas à se déplacer d'un village à l'autre. On a été agréablement surpris du démarrage. »
Côté cuisine, les producteurs locaux ne sont pas en reste, puisque le restaurateur travaille avec des denrées provenant d'un secteur géographique très retreint, en respectant la saisonnalité. Il y a aussi une volonté de mise en valeur de ces productions locales avec le développement à venir d'un espace boutique proposant confitures, crèmes de marron et miels produits à proximité.
Une pétanque gourmande
Le restaurant prévoit d'accroître ses amplitudes horaires, une fois passée la période test de l'hiver. Dans un premier temps, cela se tiendra sur les périodes de vacances scolaires. « Le temps joue pour beaucoup dans l'affluence, on en a bien conscience, partage Richard Marcchetti. Mais c'est un paramètre que nous avions pris en compte en nous installant à Moudeyres. »
Pour les beaux jours, de nouvelles propositions sont en projet. « Nous avons fait l'acquisition d'une sorbetière, pour faire nos glaces maison. » De quoi régaler les futurs visiteurs de l'écomusée de la Ferme des Frères Perrel, situé à quelques pas seulement.
« Nous pensons aussi à organiser des concours de pétanque en semi-nocturne, avec une proposition d'assiette gourmande à déguster le temps d'une pause entre deux parties. »
Les idées ne manquent pas. La volonté et la motivation non plus. Voici là un bel exemple de coopération réussie entre les différents acteurs de la vie locale : quand les commerçants, la municipalité et la population locale s'engagent ensemble, c'est toute la vitalité du cœur d'un bourg qui bat à l'unisson.