Ils sont isolés socialement ou en voie de réinsertion, en situation de handicap ou en perte d'autonomie, réfugiés ou déplacés de guerre. Ils sont tous confrontés, de manière plus ou moins durable, indépendamment de leur volonté, aux aléas de la vie et au hasard du destin.
Tous les ans, depuis neuf ans maintenant, c'est pour eux, et au profit d' Habitat et Humanisme , l'association qui les prend en charge, à court, moyen ou long terme , que plus d'une trentaine de restaurateurs mijotent plus de mille litres de potages à l'occasion du Potage des Chefs. Cette année encore la générosité des ponots semble avoir été au rendez-vous, puisque d'après les organisateurs, ce sont pas moins de 1100 litres de potage qui auront été écoulés à midi, soit un bénéfice d'environ 8000 euros pour l'association.
Accueillir des personnes en situation de fragilité
Habitat et Humanisme a été crée en 1999 pour proposer à des personnes en situation de fragilité des solutions d'habitat adapté ainsi qu'un accompagnement personnalisé. Elle dispose de nombreuses solutions d'hébergement sur le bassin ponot réparties entre " La Résidence Sainte-Croix" à destination des personnes isolées socialement, la résidence "Sainte-Colombe" pour des personnes âgées ou en situation de handicap et des appartements pour accueillir des réfugiés statutaires. Depuis le mois de février, la "Maison du Phare" a également ouvert ses portes et accueille des personnes de plusieurs générations et de milieux sociaux hétérogènes afin de favoriser l'insertion et la mixité sociales.
Dams Et Cricri, âgés respectivement de 46 ans et de 64 ans, sont tous les deux résidents de la pension de " Sainte-Croix", située avenue Foch.
" A ma sortie de Sainte-Marie, on m'a aiguillé vers Habitat et Humanisme, depuis je revis " Dams, résident de Sainte-Croix
Dams, est un ancien chauffeur routier qui a perdu son travail suite à " des douleurs dans le dos ". C'est à ce moment-là que " la galère " a commencé pour lui. Il témoigne : " Suite à mes douleurs, j'ai été mis en invalidité, alors que moi, je voulais continuer à travailler. J'ai pas demandé à être placé en invalidité, on l'a fait pour moi".
Le sort s'acharne alors contre lui. Dams est vite dépassé par la situation et finit par perdre l'équilibre. Il décompense : " J'ai commencé par avoir des hallucinations. On m'a hospitalisé à Sainte-Marie pendant quelques temps et à la sortie, j'avais plus rien. Plus de logement. Sans solution. C'est là qu'on m'a aiguillé vers Habitat et Humanisme. Depuis je revis".
"Je pouvais plus travailler et c'est comme ça qu'on perd pied " Cricri, résident de Sainte-Croix
Appel à bénévoles
Les projets de l'association Habitat et Humanisme sont nombreux et ses besoins très importants sur le département. Pour soutenir son développement, l'association recherche des bénévoles. Toute bonne volonté sera la bienvenue.
Cricri lui, c'est l'ancien. C'est comme ça qu'il se présente en tout cas. Originaire de Clermont, il est fier d'avoir travaillé toute sa vie et d'avoir exercé de nombreux métiers. Dans tous les coins de France : " J'ai tourné partout, partout où il y avait du boulot. Dans la plonge, la cuisine ou le maraîchage. Du Nord, au Sud. De retour en Haute-Loire, j'ai travaillé à l'ESAT de Meymac, aux palettes".
Mais arrive un âge ou les douleurs physiques prennent parfois le dessus sur la volonté. Appuyé sur sa canne, Cricri poursuit : " A un moment, j'avais trop mal, je pouvais plus travailler , et c'est comme ça qu'on perd pied" conclut-il. Lui aussi a finalement été aiguillé vers l'association. Lui aussi revit. Depuis onze maintenant. Et pas qu'un peu.
"Sans eux, on aurait jamais sorti la tête de l'eau" Dams et Cricri
L'association leur a permis de remettre un pied dans la société, de retrouver un peu d'estime de soi et finalement de reprendre confiance en l'avenir. De concert, ils l'avouent : " On leur doit énormément aux bénévoles et aux salariés d'Habitat et Humanisme. Sans eux, on y serait pas arrivés, on aurait jamais sorti la tête de l'eau".
L'association a mis à leur disposition des logements bien en dessous des prix du marché. Mais ce n'est pas tout : " Ils nous ont surtout permis de nous socialiser à nouveau, de reprendre goût à la vie et de nous aider dans notre démarche de réinsertion ". Tous les deux évoquent, à l'unisson, " l'espace commun de Sainte-Croix, dans lequel on nous aide à nous en sortir lorsqu'il s'agit de faire des démarches en ligne, et dans lequel on nous propose plein d'activités collectives".
Leurs yeux s'illuminent lorsqu'ils évoquent les sorties proposées par les animateurs, le samedi après-midi. CriCri les note toutes, sur un petit papier, qu'il sort de sa poche, fièrement : " Hier soir, on était au théâtre , pour la surprise du chef, et bientôt on ira visiter le château du Maréchal Fayolle".
La réinsertion du plus grand nombre en ligne de mire
D'après Marie-Thérèse Duboeuf, responsable de l'accompagnement et des bénévoles, " l'objectif de l'association est de réinsérer socialement un maximum de gens en mettant en place une vraie dynamique collective qui favorise les échanges et crée du lien". Et l'association atteint souvent son but.
Murielle, s'affaire à tourner la soupe aux cèpes qui mijote dans un chaudron, sous les conseils avisés mais bienveillants de Jérome Fourcade, parrain de l'édition 2023. Elle est désormais bénévole au sein de l'association après y avoir été elle même prise en charge.
" Aujourd'hui, j'ai retrouvé un boulot, une voiture, un logement et une vie normale" Murielle, ancienne résidente aujourd'hui bénévole
Elle avoue tout lui devoir : " A un moment de ma vie, j'ai connu une sale période sur laquelle j'ai pas forcément envie de revenir. D'un seul coup j'ai perdu mon travail et mon logement. C'est le CIDFF qui m'a orientée vers Habitat et Humanisme. J'ai été prise en charge temporairement, dans une de leurs structures et grâce à eux, aujourd'hui, j'ai retrouvé un boulot, une voiture, un logement et une vie normale".
Elle est dorénavant bénévole au sein de l'association " pour aider les autres à s'en sortir".
Une solidarité qui parfois, peut dépasser les frontières
Aider les autres justement, c'est ce qui pousse tous les ans, Cécile et ses amis, à quitter pour un week-end, Les Diablerets, une station de montagne du canton de Vaud en Suisse, pour participer au Potage des Chefs. Une manière de faire connaître dans la cité de la lentille, les spécialités helvètes. Les vaudois ont cuisiné une soupe à base de grison et d'orge, un plat typique, bien de chez eux.
Mais s'ils sont venus c'est surtout parce que certains d'entre-eux ont des attaches au Puy et que " la cause est des plus honorables". S'occuper des marges de la société, des déclassés, des personnes en situation de handicap ou des réfugiés est une nécessité pour Cécile qui se félicite que cette année encore, les ponots y ont participé. Avec un petit bol de soupe. mais avec un grand coeur.