Ils ne sont pas contents. Mais ils sont surtout inquiets, très inquiets. C'est, en tout cas, ce que l'on peut retenir à l'issue de la conférence. Et ces inquiétudes sont portées notamment pour les 105 employés du Casino#Hyperfrais de Vals-près-le-Puy.
La surprise de l'annonce
"On est au courant en même temps que tout le monde", s'indigne Christophe Romeuf, délégué syndical CGT de l'ancien Géant Casino de Vals (changé en Casino#Hyperfrais depuis le 21 octobre 2022). "On est au courant, mais on ne sait pas grand-chose", ironise-t-il lors de la conférence de presse.
Il explique alors que l'annonce en juin dernier, les syndicats, mais aussi les employés, l'ont vécue comme une douche froide.
En tout, cette cession de 119 magasins concerne 4.000 salariés. "Imaginez le stress, la violence, le choc que cela engendre", peut-on lire sur le communiqué. Le délégué syndical, et élu du CSE, souvent sur place, se retrouve confronté aux questions des employés soucieux. "Tous les jours, on vient me voir, on me demande si j'en sais plus. Si je sais qui va reprendre. Si les employés vont être gardés. C'est une inquiétude permanente et grandissante. Les gens sont vraiment très inquiets ».
2000 euros de perte par an par employé
Une inquiétude notamment chez les "séniors", ayant travaillé depuis 30 ou 40 ans dans le groupe, qui auront plus de mal à rebondir que des jeunes employés. De plus, la rupture conventionnelle ne serait plus envisageable pour les employés depuis l'annonce. "On leur a proposé d'y réfléchir quelques semaines avant la vente et le 13 c'était fini, on leur a dit que c'était trop tard, le magasin était vendu avec le personnel et qu'ils ne pouvaient plus partir sauf démission", explique Christophe Romeuf. "Le magasin est cédé avec le personnel comme une ferme avec ses vaches. Le 13, le troupeau était vendu !"
"La vie des gens n'est pas un jeu. Eux, ils font comme si c'était un Monopoly"
S'ils restent, là aussi, les conséquences sont mesurables. Selon la CGT un employé "perdrait en moyenne 2.000 euros par an" en avantages (mutuelle, budget social, vacances à bas prix) "La vie des gens n'est pas un jeu. Eux, ils font comme si c'était un monopoly. Pour certains, ce sera retour à la case départ", image Pierre Marsein, secrétaire général de la CGT Haute-Loire
"Quand il y a un flou, y'a forcément un loup"
Concretement que va t-il se passer ?
Casino a vendu ses magasins aux Mousquetaires, groupe d'intermarché. Un rachat facilité par le fait que les deux enseignes avaient en commun une centrale d'achat. Le nouveau groupe a désormais 15 mois pour savoir s'il décide de garder le magasin et en faire un magasin du groupe comme Intermarché, Netto, Bricomarché, RapidPabrise (...). Ou alors de revendre par la suite à une autre enseigne.
La CGT explique avoir sollicité le Groupe de nombreuses fois, sans réponses concrètes. "Nous avons posé de nombreuses questions aux opérationnels du siège Casino, ainsi qu'au niveau de notre établissement lors de différentes réunions, les réponses données sont restées très vagues. La direction se réfugie derrière des réponses toutes faites comme par exemple, les accords Casino vont perdurer pendant 15 mois (ce qui est le délai légal) mais aussi à voir avec le repreneur."
Pour Pierre Marsein, les employés ne peuvent rester dans le flou. " On aimerait savoir à quelle sauce les employés vont être mangés ! ". Car pour lui : "On est dans un flou artistique. Et quand il y a un flou, y'a forcément un loup", extériorise t-il, en reprenant la citation de Martine Aubry lors des élections du PS.
Les inquiétudes sur le futur repreneur
Double inquiétudes. En plus de ne pas savoir où les employés vont aller, l'inquiétude est aussi de savoir par qui, pourraient-ils être gérés. "La politique du groupement les mousquetaires est de donner la priorité de rachat de magasin à un adhérent local". Mais si les rênes sont donnés à la direction du magasin de Chadrac les inquiétudes là aussi sont nombreuses.
Sans parler du possible monopole que pourrait avoir Intermarché s'il s'implantait. Notamment avec le projet d'un nouvel Inter à Cussac-sur-Loire à l’emplacement de la société Nebouy (qui serait selon les informations de Zoomdici abandonné) "Cela aurait des conséquences pour la concurrence et aussi pour les consommateurs sur les prix.".
La CGT veut donc plus de transparence de la part du Groupe, ancien et nouveau. Ils devraient obtenir plus d'informations d'ici fin septembre, ou la société de transfert sera créée pour les 119 magasins.