"1 Bébé, 1 Livre" : opération pour éveiller le langage des nouveau-nés au Puy
La colère des blousons noirs
Dès demain, 15 avril, le contrôle technique pour les deux roues motorisés sera obligatoire en France. Selon le gouvernement, cette mesure devrait concerner environ quatre millions de véhicules. De quoi rallumer la mèche de la contestation, du coté de la fédération française des motards en colère (FFMC) , dont l'antenne locale a connu, ce samedi, son heure de gloire, à l'occasion du rassemblement de blousons noirs qu'elle organisait sur le Breuil, en signe de protestation.
670 selon les organisateurs. Ils étaient 670 motards, en sueur sous leur cuir et leur casque, à faire vrombir et pétarader de colère leur grosse cylindrée, place du Breuil, devant les bâtiments de l'Etat. Pour une seule et simple raison : dénoncer l'obligation faite, à partir de ce lundi 15 avril, à tous les propriétaires d'un deux roues motorisé de soumettre leur véhicule à un contrôle technique. Une mesure qui s'apparente pour beaucoup d'entre-eux à "une immense injustice" et qui ne semble pas mobiliser plus que cela, les centres de contrôle du département. Retour en arrière et état des lieux avec des blousons noirs en colère et des professionnels du contrôle technique.
Les multiples rebondissements d'une mesure "inutile et coûteuse"
Pour bien comprendre la mobilisation des motards, il faut remonter une dizaine d'années en arrière. Le 3 avril 2014, une directive européenne impose à tous les états membres, à compter du début de l'année 2022, de mettre en place un contrôle périodique pour toutes les cylindrés de 125 cm3 et plus. Une exception est prévue pour les états ayant mis en place des mesures alternatives de sécurité routière, mais ce n'est pas le cas de la France.
En Août 2021, un décret ministériel fixe l'entrée en vigueur progressive de ce contrôle pour le début de l'année 2023. Soit un an après la date prévue par la directive.Le gouvernement français fait du zèle : la mesure est élargie à tous les deux roues au-delà de 50 cm3.
" On était prêt à tout pour faire annuler ce décret " Guillaume, motard énervé
Le sang des motards français et à fortiori altiligériens, ne fait qu'un tour : "Ca nous a rendu dingues et ça nous a bien énervé, on était prêt à tout pour faire annuler ce décret " nous confesse Guillaume, un motard d'une cinquantaine d'années qui prend l'ombre sous les platanes, une canette à la main.
Au vu des premières remontées du terrain, Emmanuel Macron, à peine remis des tensions dues à la crise sanitaire, demande à son gouvernement de suspendre le décret avant de présenter aux instances européennes des mesures alternatives, en bonne intelligence avec les associations de motards.
" La fédération avait bien bossé avec le ministre des Transports" Jean-Luc Trébuchon, coordinateur de la FFMC en Haute-Loire
Pour Jean-Luc Trébuchon, coordinateur de la FFMC de Haute-Loire " à la fin de l'année 2021, un accord finit par être trouvé qui devait être effectif en 2022 après accord de l'Europe. La fédération avait bien bossé avec le ministre des Transports de l'époque pour aboutir à un ensemble de mesures alternatives au contrôle technique parmi lesquelles une prime à la conversion, un radar de contrôle des émissions sonores et un renforcement de la communication en matière de sécurité".
" On était vraiment arrivé à quelque-chose de bien "
Mais c'était sans compter sur la mobilisation de trois associations écologistes et anti-bruit : " On était vraiment arrivé à quelque chose de bien. Malheureusement, des associations parisiennes, qui ne représentent rien ni personne, ont saisi le Conseil d'Etat fin 2021. Ce dernier a fini par obliger le gouvernement, à mettre en place le contrôle technique sans prendre en compte aucune des mesures alternatives proposées et sans attendre l'avis de la Commission Européenne sur leur bien-fondé".
C'est le début de la colère pour les blousons noirs. Les membres de la FFMC 43 font entendre leurs voix et leur moteur : 250 d'entre-eux manifestent sur le bitume ponot le 26 novembre 2022 contre la décision d'une institution jugée à l'époque partiale, politisée et totalement "inopérante en matière de sécurité routière". Mais le gouvernement est lié par les décisions de la plus haute juridiction administrative : en octobre 2023, un décret d'application met en place le contrôle technique, avec effet au 15 avril 2024.
Les blousons noirs n'ont pas dit leur dernier mot
Deux mois après la parution du décret, c'est au tour de la FFMC d'en appeler au Conseil d'Etat pour faire valoir ses arguments. " On est des motards en colère, et un motard en colère, ça ne s'avoue pas vaincu à la première difficulté" confesse Jean-Luc Trébuchon, avant de poursuivre : " Nous avons déposé deux recours devant le Conseil pour obliger le gouvernement à retravailler un peu sur les mesures alternatives au contrôle technique. On a également déposé une requête pour faire suspendre le contrôle en attendant que le conseil se prononce, en partant du principe que ce sera difficile pour un motard de se faire rembourser le prix de son contrôle, si des fois le Conseil nous donnait enfin raison sur le fond et ne s'en tenait pas qu'à une question de date".
" On espère toujours que les membres du Conseil sauront reconnaître la pertinence de nos propositions "
Mais le Conseil d'Etat a rejeté cette requête la semaine dernière jugeant d'après jean-Luc, " qu'il n'y avait pas lieu de différer quoi que ce soit ". Reste l'espoir d'être entendus sur le fond : " On espère toujours que les membres du Conseil sauront reconnaître, dans les mois qui viennent, la pertinence de nos propositions en matière de solutions alternatives".
En attendant les motards maintiennent la pression : question de principes et de pouvoir d'achat. Question de bon sens également.
" C'est pas le contrôle technique qui va sauver des vies " Didier
Pour Didier, motard depuis 50 ans, " c'est pas le contrôle technique qui va sauver des vies". Le septuagénaire aux épaules carrées, chargé de sécuriser la manifestation, ne voit dans cet argument avancé par le gouvernement qu'un énième élément de langage susceptible de "faire passer la pilule" auprès des plus crédules, avant de mettre sur le marché " une nouvelle pompe à fric sur le dos des citoyens ".
" La mécanique est à l'origine de moins de 1 % des accidents impliquant des motards"
D'après lui, et contrairement aux automobilistes, " un motard ça entretient et ça bichonne son engin au moins une fois par semaine. Un motard ça contrôle règulièrement ses éclairages, ses freins, son moteur, ses témoins d'usure, ses pneus ...". D'après lui, chiffres à l'appui " la mécanique est à l'origine de moins de 1 % des accidents impliquant des motards, alors que 30 % de ces accidents sont liés à l'état des routes".
" Le bruit, c'est souvent dû à des pots trafiqués qui pourront s'enlever au moment du contrôle " Sylvia, motarde en colère
Quant aux autres arguments mis en avant par le gouvernement, à savoir la lutte contre la pollution et la lutte contre le bruit, c'est autour de Sylvia, venue de Mende sur sa Triumph Rocket de les commenter : " Une moto ça pollue, aucun doute possible, mais quand il y a un bouchon en ville, moi je remonte la file et je dégage en 15 secondes, alors qu'une voiture reste plantée là une demi heure à balancer tout son diesel. Et puis le bruit, c'est souvent dû à des pots trafiqués, qui pourront s'enlever au moment du contrôle et se remettre ensuite. Pour lutter contre la pollution sonore, il suffit de verbaliser, le contrôle technique ne changera rien".
Hashtag #Balance ton centre
La colère des motards se concentre également vers les centres de contrôle susceptibles de "profiter de l'occasion pour augmenter leur chiffre d'affaire ". Pour le moment, Jean-Luc Trébuchon ignore d'ailleurs totalement combien de centres se lanceront, dès lundi ,dans ce nouveau marché : " On a fait le tour de tous les centres du département, et à la louche, je peux vous dire qu'environ un tiers d'entre-eux ont décidé de ne pas le faire ou au moins d'attendre un peu".
" Au moins un tiers d'entre-eux a décidé de ne pas le faire " Jean-Luc Trébuchon
Il faut dire que la FFMC a lancé, au niveau national une vaste campagne, #BalanceTonCentre, visant à signaler puis boycotter ceux qui se lanceraient dans l'aventure. Une grande opération de " dénonciation" sans doute critiquable sur la forme, mais que Jean-Luc assume totalement : " le seul moyen de faire réfléchir les gens, c'est de s'attaquer à leur porte-monnaie".
Alors? contrôler les deux roues ou pas? Quitte à perdre une partie de sa clientèle? Sans connaître vraiment la rentabilité ou l'avenir de ce nouveau marché? Emmanuel, contrôleur affilié Sécuritest au Puy avoue ne pas être " vraiment emballé pour le moment" : " On a fait nos calculs, ça représenterait un investissement matériel d'environ 26 000 euros, auquel il faudrait ajouter tous les frais liés à la formation du personnel".
" Toute cette affaire, c'est une formidable usine à gaz administrative" Didier
L'urgence semble donc d'attendre pour beaucoup des contrôleurs concernés, et cela, même si les centres avaient la possibilité d' effectuer une déclaration afin d'obtenir une extension provisoire de leur agrément à partir de lundi : " Toute cette affaire, c'est une formidable usine à gaz administrative qui n'a pas fini de nous mobiliser et de nous mettre en colère " conclut Didier, tout en veillant à gérer le flux des centaines de motards qui s'apprêtent à faire hurler leur moteur en remontant l'avenue de Vals.
Affaire à suivre.
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3 commentaires
Merci Dekra ! ils ont bien raison car dans ce pays on paie en fermant sa gu.... Idem pour la loi montagne, quel est l'intérêt d'avoir 4 pneus neige sur une voiture ??? Donc on engraisse les équipementiers, les réseaux de centres auto et les sociétés de contrôle technique. Rappelons que même les vieilles mobylettes sont concernées.. Mais si un contrôle du bruit faits par les bécanes des jeunes se met en place ce serait une bonne chose..
hm 14/04/2024 - 12h51: Pas de contrôle = PV + immobilisation de l'engin et le risque qu'en cas d'accident l'assurance ne prenne pas en charge les dégâts puisque le véhicule en cause ne sera pas en règle, à méditer!. Les motards peuvent faire ce qu'ils veulent, les carottes sont cuites!, après un temps de tolérance, ça va tomber, l'état a besoin de fric, de quelques milliards de plus et là c'est bonus pour lui avec le bon argument "c'est pour la sécurité". Il y a un bon ménage à faire dans les scooters et cyclomoteurs en ville, beaucoup de bruit, beaucoup de moteurs débridés électroniquement donc difficile à contrôler sur la route!.
En 2024, un lobby de loisir qui consiste à faire vrombir des moteurs en utilisant l'espace public montre les gros bras pour ne pas avoir à s'assujettir à la même loi que les autres (puisque tout véhicule circulant sur la voie publique doit normalement subir un contrôle sécuritaire). Ignorent-t-ils que c'est la collectivité qui leur prête leur terrain de jeu et que donc c'est à eux de décider des règles du jeu ? - Si nous prêtons notre maison, c'est nous qui décidons ce que l'on peut y faire et dans quelles conditions !